Les Slovaques élisent leur président, l'assassinat d'un journaliste en toile de fond

Les Slovaques votent samedi 16 mars au premier tour de l'élection présidentielle dont la favorite est une avocate libérale environnementaliste, critique d'un gouvernement mis à mal par l'affaire du meurtre d'un journaliste d'investigation.

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Le candidat à la présidentielle Maros Sefcovic et sa femme votent, le 16 mars à Bratislava, en Slovaquie.

Zuzana Caputova, 45 ans, a elle-même participé à des manifestations de rue après l'assassinat du journaliste Jan Kuciak l'an dernier, crime qui a provoqué une profonde crise politique dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne.

Les sondages donnent à cette cheffe adjointe du parti Slovaquie progressiste, non représenté au Parlement, une avance à deux chiffres sur Maros Sefcovic, 52 ans, vice-président de la Commission européenne soutenu par le parti au pouvoir Smer-SD.

Appuyée par le président sortant Andrej Kiska, la candidate libérale appelle à "lutter contre le mal" et veut rétablir la confiance dans l'État.

"J'ai choisi la personne qui, je le crois, continuera la lutte pour une Slovaquie honnête et juste", a déclaré samedi 16 mars sur sa page Facebook M. Kiska.

Nora Bajnokova, une gestionnaire de projet de 33 ans, a soutenu Mme Caputova parce qu'elle est "une femme, une mère, une avocate et n'est pas impliquée dans la politique", a-t-elle déclaré.

Pour Katarina, une économiste de 42 ans, "Caputova essaye d'unir les gens, elle va assurer l'égalité, la justice, elle est honnête et sympathique".

Toujours pour la Slovaquie

Zuzana Caputova (gauche) et Maros Sefcovic, candidats à la présidentielle, lors d'un débat, le 11 mars à Brastislava, en Slovaquie.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Caputova attire ceux qui ont horreur de la corruption et qui sont mécontents de ce qu'ils considèrent comme un gouvernement qui pense plus à lui-même qu'aux intérêts des citoyens", a déclaré Kevin Deegan-Krause, expert de l'Europe centrale à la Wayne State University à Detroit.

"Sefcovic lance un appel à ceux qui sont satisfaits des progrès réalisés par un pays qui, selon de nombreux indices, s'est porté pas mal du tout au cours de la dernière décennie", a-t-il ajouté.

Se présentant sous le slogan "Toujours pour la Slovaquie", M. Sefcovic promet de renforcer les avantages sociaux pour les personnes âgées et les jeunes familles.

"Nous avons besoin de quelqu'un qui prenne soin des personnes âgées (...) Je ne reçois que 299 euros par mois", explique Emilia Golejova.

Membre de la Commission européenne depuis 2009, M. Sefcovic en est un vice-président depuis 2014.

"J'ai choisi Sefcovic. Il est un homme politique expérimenté (...) Nous n'allons pas avoir honte de lui à l'étranger en tant que président", a déclaré Oto, 41 ans, un employé dans une société de sécurité.

Bien qu'indépendant, M. Sefcovic bénéficie du soutien du parti social-démocrate Smer-SD (populiste de gauche) au pouvoir, ce qui risque de le disqualifier aux yeux d'une partie des électeurs choqués par le meurtre du journaliste d'investigation.

Multi-millionaire inculpé

Des bougies devant le portrait du journaliste assassiné Jan Kuciak, le 26 février 2018 à Bratislava, en Slovaquie.

Jeudi 14 mars, à deux jours du scrutin, le parquet a relancé l'affaire Kuciak en inculpant le multi-millionnaire Marian Kocner, accusé d'avoir ordonné le meurtre du journaliste.

Avant sa mort, Jan Kuciak s'apprêtait à rendre public un rapport sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne ainsi que sur des fraudes autour de fonds européens. Il évoquait également dans ses précédents articles Marian Kocner.

Selon des médias, M. Kocner a entretenu des liens avec des membres de Smer-SD.

La vague d'indignation qui a déferlé sur le pays à la suite de cette affaire a entraîné la démission du Premier ministre Robert Fico qui reste cependant chef de Smer-SD et proche allié de l'actuel Premier ministre Peter Pellegrini.

L'an dernier, quatre personnes ont été inculpées pour ce meurtre.

Avec l'inculpation de Marian Kocner, "les autorités ont peut-être voulu montrer à quel point l'État fonctionnait efficacement, afin d'aider Sefcovic à gagner des points", a estimé avant le scrutin Grigorij Meseznikov, analyste de Bratislava.

Mais "cela pourrait aussi être considéré comme une légitimation de Mme Caputova qui symbolise le changement", a-t-il ajouté.

Aucun des candidats ne semble en mesure de l'emporter au premier tour. Le deuxième tour est prévu le 30 mars.

Le président slovaque ne gouverne pas, mais il ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées et dispose du droit de veto.

Parmi les treize candidats figurent également le juge de la Cour suprême Stefan Harabin, le député d'extrême droite Marian Kotleba ainsi qu'un vétéran de la politique représentant la minorité hongroise, Bela Bugar.

Les bureaux de vote ont fermé à 21h00 GMT.

AFP/VNA/CVN

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