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Des membres présumés du groupe État islamique fuient le dernier réduit de l'EI à Baghouz dans l'Est de la Syrie, le 14 mars. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Ce qui reste du "califat" autoproclamé en 2014 sur les vastes territoires conquis à cheval entre l'Irak et la Syrie par l'organisation ultraradicale responsable d'atrocités n'est plus qu'un campement de tentes au bord de l'Euphrate, à Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie, non loin de la frontière irakienne.
Fuyant la poche jihadiste bombardée depuis des semaines par les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par une coalition internationale menée par les États-Unis, femmes en niqab, estropiés et enfants pouilleux gravissent dans la douleur une falaise ocre les menant vers le reste du monde.
La sombre procession avance dans un silence seulement rompu par les pleurs des enfants et le crépitement intermittent des mitrailleuses, a constaté un correspondant de l'AFP. Des femmes toutes de noir vêtues ploient sous le poids de sacs à dos bourrés d'affaires. Parmi les hommes, les blessés sont nombreux. Il y a beaucoup d'étrangers.
À leur arrivée en haut de la falaise, ils seront interrogés et fouillés par les FDS qui détiendront les hommes soupçonnés d'appartenance à l'EI alors que les femmes et les enfants iront s'entasser dans des camps de déplacés surpeuplés plus au nord après de longs trajets en camions.
Selon un communiqué des FDS, "1.300 terroristes (combattants de l'EI) et leurs familles se sont rendus jeudi 14 mars".
Bombardement de la coalition internationale emmenée par les États-Unis sur le dernier réduit à Baghouz (Syrie) du groupe État islamique, le 11 mars. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Après la reprise de leur assaut dimanche 10 mars contre la poche de l'EI dans un des méandres du fleuve Euphrate, les combattants kurdes et arabes ont ralenti leurs opérations jeudi 14 mars pour permettre à ceux qui veulent se rendre de le faire, selon un commandant sur le front.
D'autres combattants ont affirmé que les conditions météorologiques n'aidaient pas alors qu'une tempête de sable frappe le secteur depuis mercredi 13 mars. "Nous consolidons nos positions", a affirmé l'un d'eux. En soirée, des tirs intermittents sont entendus.
Tunnels, tranchées
Des jusqu'au-boutistes de l'EI opposent encore une résistance aux FDS, a expliqué Jiaker Amed, porte-parole des Unités de protection du peuple (YPG) à Baghouz, la milice kurde qui domine les FDS.
"Ceux qui sont restés à l'intérieur sont surtout des kamikazes, et cela entrave notre avancée", a-t-il dit. "Ils utilisent des tactiques d'opération souterraines", se cachant dans des tunnels et des tranchées.
Entre lundi 11 et mercredi 13 mars, quelque 3.000 jihadistes se sont rendus, selon un porte-parole des FDS Mustefa Bali.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 60.000 personnes sont sorties de la poche jihadiste depuis décembre. Une personne sur dix serait un jihadiste.
L'exode a provoqué une crise humanitaire dans les camps de déplacés plus au nord, tenus par les FDS, où femmes et enfants arrivent exténués après des semaines de siège.
Plus de 3.500 enfants étrangers originaires d'une trentaine de pays vivraient dans les camps de déplacés et plus de 2.000 ont moins de 5 ans, selon l'ONG Save The Children.
D'après l'ONG Comité international de secours (IRC), 120 personnes -principalement des enfants en bas âge- sont mortes en route ou peu après leur arrivée au camp d'Al-Hol, où la majorité des familles de jihadistes ont été transférées.
Ce camp est "surpeuplé, inhabitable et menace la vie et la dignité humaine, les gens sont forcés de dormir à même le sol alors qu'il pleut et que les températures sont basses", dénonce le Fond de l'ONU pour la population.
À Bruxelles, une conférence des donateurs pour la Syrie a permis d'engranger près de 7 milliards de dollars (6,1 milliards d'euros) pour venir en aide aux réfugiés, mais le déblocage des fonds pour la reconstruction a été conditionné à un processus de paix crédible sous les auspices de l'ONU.