Brésil
Les recherches s'intensifient, l'espoir s'amenuise

Les secouristes brésiliens, aidés de 130 militaires israéliens, ont redoublé d'efforts lundi 28 janvier pour tenter de trouver près de 300 disparus de la catastrophe minière de Brumadinho, même si les chances de retrouver des survivants s'amenuisent trois jours après la tragédie.

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Des secouristes cherchent des victimes dans la coulée de boue près de Brumadinho, dans le Sud-Est du Brésil, le 28 janvier.

Propriétaire de la mine dont un des barrages a cédé vendredi dernier 25 janvier Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, a essuyé un coup de torchon à la Bourse de Sao Paulo, ses actions plongeant de 24,5% en clôture, au premier jour de cotation après le drame. Les corps de 60 personnes avaient été retrouvés, selon un dernier bilan publié en matinée. Mais le nombre de disparus restait très élevé, à 292.

Même si elles semblent minimes, "il y a encore des chances de retrouver des survivants", a assuré lundi matin 28 janvier Flavio Godinho, lieutenant-colonel de la Défense civile du Minas Gerais qui organise et coordonne les secours. Beaucoup d'espoirs reposaient sur l'équipe de 130 hommes de l'armée israélienne, arrivée dimanche soir à Belo Horizonte, capitale de l'État, à la faveur de l'embellie des relations entre le Brésil du nouveau président Jair Bolsonaro et Israël. Avec ses 16 tonnes de matériel, dont des sonars permettant de localiser des corps en grande profondeur, l'équipe israélienne est entrée en opération lundi 28 janvier.

"Sur la liste des disparus"

Mais les opérations étaient compliquées par un terrain particulièrement difficile: de vastes zones de boue qui peuvent s'étendre sur plusieurs centaines de mètres de large et d'une profondeur allant jusqu'à 15 mètres, dans lesquelles on s'enfonce en marchant. Au centre d'accueil des familles mis en place par Vale, le silence était interrompu de temps en temps par les sanglots d'un proche de disparu, les yeux bouffis par les larmes et le manque de sommeil. Jose Ferreira da Silva, un ouvrier de 55 ans, ne perdait pas l'espoir que soit retrouvé vivant son fils Josué, qui venait de fêter ses 27 ans. "Il reste sur la liste des disparus. On espère toujours qu'il puisse avoir perdu connaissance quelque part", dit-il.

Mais l'ouvrier en veut aux secouristes et à Vale. "C'est très dur d'avoir des informations, elles n'arrivent pas jusqu'à nous et quand on en reçoit, elles sont contradictoires", se plaint-il, ajoutant qu'il aurait voulu aller lui-même à la recherche de son fils. "On a essayé d'y aller en se cachant. Les voisins nous avaient dit que la terre avait beaucoup séché. Mais on ne nous a pas laissé y aller". "Nous sommes désespérés," dit-il.

Un hélicoptère apporte de l'aide aux secouristes dans la coulée de boue près de Brumadinho, dans le Sud-Est du Brésil, le 28 janvier.

Nathanael de Jésus Bispo, 21 ans, attendait pour sa part des nouvelles de son père, de son cousin et de nombreux amis. "Ce sont sept personnes au total et Vale ne donne pas la moindre nouvelle. Le pire, c'est cette impression qu'ils n'en ont rien à faire de nous", déplore-t-il.

Les indigènes affectés

Vale a annoncé lundi soir 28 janvier lors d'une conférence de presse qu'une somme de 100.000 réais (environ 23.000 euros) serait versée à chaque famille de victime. Ce paiement n'entre pas dans le cadre des indemnisations pour lesquelles la justice brésilienne a déjà bloqué 11 milliards de réais sur les comptes de l'entreprise, qui ne versera pas de dividende à ses actionnaires en raison de la catastrophe.

La rupture du barrage a également affecté la communauté indigène du village Nao Xoha ("Esprit guerrier"), où vivent 27 familles qui se trouvent privées d'eau potable en raison de la contamination de la rivière Paraopeba par les résidus miniers. Un véritable élan de solidarité a poussé de nombreux Brésiliens à faire des dons, mais les autorités ont tenu à lancer des mises en garde contre des escrocs faisant des appels aux versements sur des comptes en banque en ligne. On ignorait toujours lundi 28 janvier les causes de la rupture du barrage.

L'État du Minas Gerais avait déjà été endeuillé en 2015 par la rupture d'un autre barrage minier près de Mariana, à 120 kilomètres de Brumadinho, qui avait fait 19 morts et causé un désastre environnemental sans précédent au Brésil. Ce barrage appartenait aussi à Vale, en copropriété avec l'anglo-américain BHP.


AFP/VNA/CVN

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