Des véhicules de l’armée en patrouille dans une rue de Bamako, le 1er avril. |
Photo : AFP/VNAC/VN |
Pendant ce temps, impuissante à endiguer cette progression fulgurante, soumise aux pressions de l'Afrique de l'Ouest, la junte militaire en place depuis moins de deux semaines à Bamako a promis le retour au pouvoir civil et la mise en place d'un gouvernement de transition, sans pour autant fixer de calendrier.
"Les rebelles sont dans Tombouctou. Au moment où je parle, je les vois (se diriger) vers une banque de la ville", a déclaré un habitant, dont le témoignage a été confirmé par plusieurs autres sources.
Dans l'après-midi, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), principale composante, a revendiqué la prise de la ville et de sa région.
Selon des sources concordantes, les rebelles ont négocié leur entrée avec une milice arabe loyaliste qui avait pris position après la défection de la plupart des soldats réguliers.
Des témoins ont fait état de scènes de pillages, en particulier des bâtiments publics, dans plusieurs quartiers. Un civil, un jeune homme, a été tué par un éclat d'obus près de la grande mosquée, selon un habitant.
Avec Tombouctou, les rebelles contrôlent désormais la quasi-totalité du Nord du Mali, coupant de fait le pays en deux. C'était justement pour éviter ce scénario que des militaires ont renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré qu'ils accusent d'avoir été incapable d'endiguer l'offensive des touareg déclenchée en janvier dans le Nord du pays.
À Tombouctou, des tirs d'armes lourdes ont visé dans la matinée le camp militaire, déjà abandonné, alors que plusieurs groupes rebelles encerclaient la ville, le MNLA par l'Est, et des islamistes par le Nord. Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, cette ville historique et touristique est à environ 800 km au nord-est de Bamako.
Promesses de transition et d'élections
À Bamako les autorités de l’armée a promis le 1er avril le retour à un pouvoir civil et une transition vers des élections à une date non précisée. "Nous prenons l'engagement solennel de rétablir à compter de ce jour la Constitution (...) ainsi que les institutions républicaines", a déclaré le chef des putschistes, le capitaine Amadou Sanogo.
Il a annoncé "des consultations avec toutes les forces vives du pays dans le cadre d'une convention nationale" sous les auspices des pays de l'Afrique de l'Ouest pour permettre "la mise en place d'organes de transition en vue de l'organisation d'élections apaisées, libres, ouvertes et démocratiques".
Il a confirmé que l’armée n'y participerait pas, mais sans préciser la durée ni les termes de cette transition. Il n'a pas évoqué le sort du président Touré. Il s'exprimait au côté du médiateur ouest-africain, le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé, venu négocier les modalités d'un retour à l'ordre constitutionnel exigé par les pays de la région et la communauté internationale.
AFP/VNA/CVN