>>Le tourisme spatial peut-il être utile ?
>>La première mission spatiale entièrement privée est arrivée à l'ISS
>>La première mission privée vers la Station spatiale internationale a décollé
Trois hommes d'affaires, accompagnés par un ancien astronaute de la NASA, amerrissent au large de la Floride à bord d'un vaisseau de SpaceX, le 25 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La capsule a touché l'océan Atlantique à 13h06 locales (17h06 GMT). Sa vertigineuse descente a été freinée par son entrée dans l'atmosphère, puis par d'immenses parachutes.
"À tous ceux nous ayant soutenus à travers le monde, vous avez fait un travail incroyable, c'était une mission incroyable", a déclaré l'Américain Larry Connor, l'un des passagers, depuis la capsule encore ballottée par la mer.
Le vaisseau a ensuite été hissé à bord d'un navire de SpaceX. Les quatre passagers en sont sortis un par un, le pas peu assuré à cause du délai nécessaire pour se ré-acclimater à la pesanteur.
Nommée Ax-1, cette mission était la première entièrement privée à se rendre dans la Station spatiale internationale (ISS). L'entreprise américaine Axiom Space a acheté à SpaceX le moyen de transport, et rétribué la NASA pour l'utilisation de sa station.
"Beaucoup scrutaient cette mission juste pour voir si c'était pratique", a déclaré lors d'une conférence de presse Derek Hassmann, directeur des opérations pour Axiom Space. "Pouvez-vous les entraîner en un temps réduit? Les préparer pour une mission qui ait un impact minimal sur l'équipage de l'ISS? Je pense que nous avons prouvé que c'était possible".
Les quatre hommes - trois clients ayant payé des dizaines de millions d’USD chacun, et l'ancien astronaute hispano-américain Michael Lopez-Alegria - avaient décollé le 8 avril depuis la Floride. Ils étaient arrivés dans l'ISS le lendemain, où ils ne devaient initialement passer que huit jours.
Mais leur retour a dû être plusieurs fois repoussé pour cause de mauvaises conditions météo. Ils ont ainsi finalement passé 15 jours dans l'ISS, et 17 en orbite. Aucun coût supplémentaire n'a été facturé.
Larry Connor, à la tête d'une société immobilière, le Canadien Mark Pathy, patron d'une société d'investissement, et l'ex-pilote israélien Eytan Stibbe, cofondateur d'un fonds d'investissement, refusent d'être considérés comme des "touristes spatiaux".
Ils ont en effet réalisé, argumentent-ils, toute une série d'expériences à bord de l'ISS, en partenariat avec des centres de recherche. Ces travaux ont porté sur le vieillissement ou encore la santé cardiaque.
La capsule Dragon de SpaceX récupérée après son amerrissage dans l'Océan Atlantique, au large des côtes de Floride, au terme de la mission privée Ax-1, le 25 avril. |
Ils passeront en outre les prochains jours à Orlando, où des données sur leur état de santé seront récoltées. Le but est d'étudier l'effet des séjours spatiaux sur le corps humain, en les comparant aux données réunies avant leur voyage.
Nouvelles missions à venir
Il s'agissait lundi 25 avril du cinquième amerrissage d'une capsule Dragon habitée. SpaceX achemine désormais régulièrement des astronautes de la NASA vers l'ISS.
Sept personnes restent actuellement à bord de la Station : trois Américains et un Allemand venus grâce à un vaisseau SpaceX (un équipage baptisé Crew-3), ainsi que trois Russes ayant voyagé à bord d'une fusée Soyouz.
Tous doivent être rejoints dans les prochains jours par quatre autres astronautes (trois Américains et une Italienne), Crew-4. Une fois la passation effectuée, Crew-3 redescendra à son tour sur Terre.
L'entreprise d'Elon Musk avait également mené l'année dernière une autre mission entièrement privée (Inspiration4), mais celle-ci ne s'était pas rendue dans la Station spatiale, les quatre passagers étant simplement restés dans la capsule durant trois jours.
Des novices s'étaient déjà rendus dans l'ISS, notamment dans les années 2000. Mais ceux-ci volaient à bord des Soyouz, accompagnés de cosmonautes en exercice. L'année dernière, la Russie a repris ce type de voyages, en envoyant une équipe de tournage de film, puis un milliardaire japonais.
La NASA encourage de son côté clairement ce mouvement de privatisation de l'orbite basse. Elle souhaite d'une part générer des revenus grâce à ces missions privées - une deuxième, Ax-2, a d'ores et déjà été approuvée, et devrait avoir lieu dans environ un an.
Vue de la Station spatiale internationale (ISS) en novembre 2018 depuis une fusée Soyouz. |
Mais surtout, après la mise à la retraite de l'ISS vers 2030, la NASA souhaite ne plus devoir gérer elle-même l'exploitation d'une station spatiale, et passer le flambeau à des entreprises privées. L'agence américaine en louerait alors simplement les services pour y envoyer ses astronautes, et pourrait ainsi se concentrer sur l'exploration lointaine.
Axiom Space est l'une des compagnies les plus avancées pour se positionner sur ce créneau : elle veut faire décoller le premier module de sa propre station en 2024.
La structure sera d'abord rattachée à l'ISS, avant de prendre son autonomie pour assurer le relais.
L'expérience accumulée grâce à Ax-1 représentait ainsi une première étape cruciale, selon les dirigeants d'Axiom Space, destinée à poser les jalons des multiples missions à venir.