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Un travail pénible pour les paysans. |
Photo: TN/CVN |
La nuit tombe. Sur les champs de ciboules de Tân Thoi, des groupes de paysans, dotés chacun d’une lampe frontale, s’attèlent au travail. C’est la période de récolte. Tân Thoi, un village riverain du fleuve Hâu (le bras postérieur du Mékong), dans la commune de Tân Binh, district de Binh Tân, province de Vinh Long, est spécialisé dans la culture de ciboules. Il compte 131 ha de terre cultivable, tous destinés à cette plante servant de condiment. C’est la seule qui se cultive exclusivement de nuit.
"Ce travail champêtre s’effectue toujours la nuit, depuis la plantation jusqu’à la récolte, et cela en dépit de la pluie. Étant employés par les propriétaires des champs de ciboules, nous avons l’habitude des piqûres de moustiques et d’insectes, de la boue… Évidemment, après des nuits sans dormir, nous sommes constamment fatigués", confie Truong Hông Phuc, 50 ans.
Tân Thoi, village aux ciboules
Riche en terres fertiles pour la culture de ciboules, depuis des dizaines d’années, le village de Tân Thoi pratique quatre récoltes par an. C’est une culture lucrative qui permet d’obtenir des dizaines de millions de dôngs par hectare à chaque récolte. "J’ai un hectare de ciboules. Pour la culture et la récolte, je dois engager des paysans locaux. Moi, je m’occupe de l’entretien régulier comme la pulvérisation d’insecticides. Il faut travailler la nuit, car c’est le moment où les insectes apparaissent et ravagent les cultures", raconte Ly Van Hoàng, 51 ans.
Dans cette région, nombreux sont les groupes de paysans embauchés pour la culture et la récolte de ciboules. "Quand la plupart des gens se couchent, nous partons vers le champs et ne rentrons qu’à l’aube", dit Huynh Van Huong, 45 ans, chef d’un groupe de 14 travailleurs - quatre hommes et dix femmes.
Le champ où il travaille se situe à 3 km du village. Dans l’obscurité, les membres du groupe marchent les uns après les autres sur des sentiers cahoteux et sinueux à travers le champs jusqu’à leur lieu de travail. "Hier, on a beaucoup arrosé, ce qui rend le sol moins rigide. Plus il est imbibé d’eau, plus la récolte est facile", explique Huong.
Les pieds dans la boue, le dos courbé, les paysans se mettent rapidement au travail. Progressant en rang, les hommes arrachent prestement les ciboules. Derrière eux, les femmes les ramassent. Les feux de leurs lampes brillent dans la nuit noire. En travaillant, on devise gaiement et on plaisante sur tout. "Il gèle souvent dans la nuit. On travaille activement, sans arrêt. Il faut achever la récolte avant l’aube, afin que les ciboules soient fraîches aux marchés le matin", raconte Huong.
Un travail physique et épuisant
Après deux heures de travail, le groupe de Huong a fini sa parcelle, et a récolté 2.000 kilos. Vient ensuite le bottelage des ciboules. Il faut former des bottes de 80 kg, et le ficelage nécessite la dextérité de deux personnes en même temps. Les bottes géantes sont ensuite transportées, sur les épaules des travailleurs, sur la rive d’un canal, où des marchands les attendent sur leurs barques.
"Il nous faut faire un km traversant les champs avec une grande botte de 80 kilos sur les épaules. Ce travail n’est pas facile pour moi qui ne pèse que 55 kilos. Parfois, je tombe sur le chemin glissant. Qu’à cela ne tienne. Je m’y habitue déjà", confie Nguyên Thanh, un membre du groupe.
Pour former une botte de ciboules de 80 kg, le ficelage nécessite la dextérité de deux personnes en même temps. |
À minuit. Les bottes de ciboules sont toutes entassées sur la rive du canal. Les femmes s’affairent alors à diviser les bottes géantes en paquets d’un kilo, puis les mettent dans des sacs, à raison de 10 kg par sac, avant de les livrer aux marchands. Cela fait, le groupe part, se dirigeant cette fois-ci vers un autre champ de ciboules. Le même travail recommence. Et ainsi de suite, ils travaillent jusqu’à 04h00 du matin.
C’est vraiment un travail qui "fatigue les paysans, souvent pauvres", selon le chef du groupe, Huong. Un métier pénible dont la rémunération s’avère très modeste. "Mais, l’important, c’est que les rétributions sont régulières", se console-t-il.
Depuis dix ans, Huong et son épouse travaillent dans les champs de ciboules. Ils ont des enfants à nourrir. "Notre fils aîné est maintenant étudiant à l’université. Pour lui, nous redoublons d’efforts. J’espère qu’il aura un bon travail, meilleur que le nôtre", assure-t-il, un sourire aux lèvres.
Nghia Dàn/CVN