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Une trottinette en libre-service dans la rue parisienne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette "votation citoyenne" - forme de scrutin inédite à Paris - pour trancher le vif débat sur la place de ces deux-roues électriques sur les trottoirs et le bitume de la capitale française a été marquée par une très faible participation, inférieure à 8% des électeurs inscrits, a indiqué à l'AFP le cabinet de la maire de Paris.
La maire socialiste Anne Hidalgo s'est engagée à "respecter purement et simplement le résultat du vote", quel qu'il soit. Elle-même a fait campagne pour le vote "contre", en soulignant que l'éviction de ces trottinettes en réduirait "les nuisances" dans la capitale.
Après les avoir accueillies en 2018, Paris va donc devenir la seule capitale européenne à interdire totalement ces trottinettes à la fin des contrats des trois opérateurs privés (Lime, Tier et Dott), le 31 août prochain.
Les trottinettes sont accusées par leurs détracteurs d'être abandonnées n'importe où dans l'espace public, de frôler à toute vitesse les piétons sur les trottoirs, et d'avoir un piètre bilan écologique car elle sont mises au rebut au bout de quelques mois.
Après la mort d'une Italienne de 32 ans en juin 2021, percutée par une trottinette électrique sur laquelle se trouvaient deux personnes, Paris avait obligé les opérateurs à brider la vitesse à 10km/h dans 700 zones denses.
Paris précurseur en 2018
Les partisans des trottinettes mettent en avant un mode de déplacement "doux", au même titre que les vélos en libre-service, particulièrement utile en cette période de grèves récurrentes dans les transports en commun parisiens, dans le cadre de la mobilisation contre la réforme du système de retraites.
A Barcelone (Espagne) ou à Montréal (Canada), ces deux-roues légers en libre-service ont été totalement interdits. A Lisbonne, leur nombre va bientôt être divisé par deux.
Les trois opérateurs de trottinettes à Paris, avec leur flotte de 15.000 engins, ont tout tenté pour éviter leur éviction, qui enverrait un signal négatif aux villes moyennes hésitant à autoriser ce service. Y compris avec des méthodes controversées, comme en proposant une course gratuite le jour du vote, ou en recourant à des influenceurs sur les réseaux sociaux pour mobiliser leur jeune clientèle.
Ils ont réclamé, en vain, le vote électronique pour ce scrutin.
Introduites en 2018 à Paris, qui était alors précurseur en la matière, les trottinettes en libre-service ont progressivement perdu leur côté ludique et utile pour devenir "un sujet de crispation" chez les Parisiens, selon Anne Hidalgo, qui a multiplié les mesures pour les réguler avant de plaider pour leur interdiction pure et simple.
Ces deux-roues - en libre-service ou non - ont été impliqués dans 408 accidents à Paris en 2022, dans lesquels trois personnes sont mortes et 459 ont été blessées, selon les autorités.
Les partenaires politiques de la maire ont montré peu d'entrain à faire campagne. L'opposition de droite n'a pas appelé à participer, déplorant que la mairie ne consulte les citoyens que sur un sujet "mineur".
Anarchie
Ces deux-roues électriques seront mises au rebut après quelques mois d'utilisation. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les électeurs interrogés par l'AFP ont pour beaucoup voté "contre".
Les trottinettes en libre-service, "c'est dangereux, à la fois pour ceux qui les utilisent et pour les piétons", pense Françoise Granier. "On ne verbalise jamais!", s'indigne cette médecin de 68 ans, déplorant pêle-mêle les incivilités des trottinettistes, cyclistes et motards.
"C'est anarchique, les utilisateurs ne respectent pas le code de la route, ils sont souvent à deux et vont très vite", a aussi critiqué Emmanuel Gabriot, acheteur dans la distribution. Mais son compagnon, favorable aux trottinettes, lui a "dit qu'il ne fallait pas voter comme un vieux con et penser aux jeunes", s'esclaffe-t-il.
Utilisatrice de trottinettes en libre-service, Servane Gaxotte, une styliste de 57 ans, apprécie ce moyen de transport "vachement plus mobile" que le vélo, elle qui n'a pas la place chez elle pour avoir sa propre trottinette.
"Si c'était mieux encadré, je ne serais pas contre... mais on voit que les comportements sont fous", estime Michaël Dahan, 50 ans, analyste fonctionnel dans l'informatique.
AFP/VNA/CVN