Les lichens, trésor scientifique et sentinelles de l'environnement

Discrets, insignifiants, presque invisibles, les lichens constituent un réservoir méconnu de molécules à potentiel médical. Fragiles ou très résistants aux milieux les plus hostiles, ce sont des sentinelles de la qualité de l'air et des révélateurs du changement climatique.

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Joël Boustie, enseignant-chercheur à la faculté de pharmacie de Rennes, montre un lichen, le 26 mars à Rennes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Lichénologue professionnel, Joël Esnault explore le massif armoricain loupe collée à l'œil, pour mieux percer les mystères des innombrables mosaïques colorées formées par les lichens.

Association d'un champignon et le plus souvent d'une algue, sur lesquels se greffent des milliers de micro-organismes, les lichens sont les formes de vie prédominantes dans 8% de la surface terrestre, et concentrent de nombreux polluants atmosphériques, ce qui en fait des sentinelles de l'environnement.

"En milieu urbain, si vous vous promenez au bord d'un axe très fréquenté, la population lichénique se cantonne à la face des arbres opposée à la rue", observe Joël Esnault. En cause : les émissions polluantes de particules fines, oxydes d'azote... qui chassent les lichens.

"Plus vous avez de lichens sur un arbre et plus il y a d'espèces différentes, plus c'est bon signe pour la qualité de l'air", poursuit ce passionné, qui réalise des inventaires pour les collectivités.

Depuis six ans, Grégory Agnello, chef de projet chez Evinerude, est mandaté pour évaluer la qualité de l'air près d'un incinérateur de déchets ménagers à Rennes. Ce qu'il fait grâce aux lichens des arbres.

"Je récolte une espèce précise, je trie mes échantillons à la pince à épiler pour retirer les morceaux d'écorce et mousse, un laboratoire dose ensuite une douzaine de métaux (mercure, arsenic, plomb...) ainsi que des composés cancérigènes, puis je représente les résultats en cartes, que j’interprète", explique M. Agnello, rappelant que le premier article scientifique en la matière date de ...1866.

Contrairement à un capteur électronique qui sélectionne des polluants dans un lieu et pendant un temps déterminés, les lichens sont présents partout, ne coûtent rien, et accumulent presque tous types de polluants.

Au moins 20.000 espèces

Un lichen sur un arbre vu à travers une loupe, le 26 mars à Rennes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Lors de la catastrophe de Fukushima, il y a dix ans au Japon, certains lichens ont été utilisés pour mesurer l'imprégnation de l'environnement par le césium atmosphérique.

Les lichens sont aussi un marqueur du réchauffement climatique. Certaines espèces, auparavant localisées sur le pourtour méditerranéen, s'observent aujourd'hui dans le Nord de la France. "Les aires de répartition des lichens changent parce que le climat évolue, c'est observable partout", confirme Damien Cuny, professeur à la faculté de pharmacie de Lille.

On recense environ 5.000 espèces de lichens en France et près de 20.000 dans le monde. "Le lichen est un bel exemple d'association entre des organismes très différents. Ce sont souvent des microalgues, qui fabriquent leur nourriture grâce à la photosynthèse.

Elles la partagent avec un champignon, qui récupère pour elles l'eau et les sels minéraux tout en les protégeant des rayonnements solaires", raconte Joël Boustie, enseignant-chercheur à la faculté de pharmacie de Rennes, dont les locaux abritent les 11.000 spécimens de l'herbier d'Henry des Abbayes, de "renommée internationale".

AFP/VNA/CVN

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