Les jeunes américains dans la rue contre les armes à feu

Exaspérés par la répétition des fusillades dans leurs écoles, des centaines de milliers d'Américains descendent samedi 24 mars dans la rue pour une manifestation historique contre les armes à feu.

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Des lycéens participent le 14 mars 2018 à Washington à un rassemblement en hommage aux victimes de la fusillade de Parkland.
Des lycéens participent le 14 mars 2018 à Washington à un rassemblement en hommage aux victimes de la fusillade de Parkland.
Photo : AFP/VNA/CVN

Jusqu'à un demi-million d'adolescents et d'adultes sont ainsi attendus à Washington, avec comme mot d'ordre : "Plus jamais ça !". Plus de 800 marches sont prévues dans d'autres villes des États-Unis avec, partout, la jeunesse en fer de lance.

L'événement national, baptisé "March for Our Lives" ("Marchons pour nos vies"), est une réaction spontanée au massacre le 14 février de 17 personnes dans un lycée de Floride.

Cet énième drame a pour beaucoup d'Américains fait déborder le vase. Leur frustration est alimentée par l'inaction des législateurs et des pouvoirs publics, réticents à agir contre la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes.

La possibilité de détenir une arme à feu est considérée par des millions d'Américains comme un droit constitutionnel aussi fondamental que la liberté d'expression.

Cependant, cette fois, la tuerie commise par un ancien élève perturbé psychiquement dans la ville de Parkland a soudé des lycéens s'identifiant comme "survivants" : depuis cinq semaines, ils sont omniprésents dans les médias.

Cinq d'entre ont fait la une du magazine Time cette semaine. Leur énergie leur a gagné l'appui de nombreuses célébrités. George Clooney, Oprah Winfrey et Steven Spielberg ont chacun offert 500.000 dollars pour soutenir la "March for Our Lives".

"Cette marche n'aurait pas lieu sans la fusillade dans mon école, donc cela va être un moment difficile", a confié à l'AFP Carlos Rodriguez, l'un des rescapés du lycée de Parkland.

Mot d'ordre : "Agir"

"Mais je me sens fier d'être l'un des élèves qui ont lancé ce mouvement". Aalayah Eastmond a aussi fait le voyage jusqu'à Washington en hommage à ses copains tués et blessés. "J'ai perdu deux amis dans ma classe et six autres ont été touchés", a-t-elle relaté. La jeune fille de 17 ans a eu la vie sauve en se protégeant derrière le corps de l'un de ses camarades décédé.

"Il faut agir. Cela ne peut plus se reproduire. Cela fait déjà 36 jours et rien ne se passe. On se battra jusqu'à ce que cela change", affirme la lycéenne.

Une détermination partagée sur les réseaux sociaux, avec un raz-de-marée de messages appelant à interdire les fusils d'assaut et à limiter l'accès aux armes, sous le hashtag #Enough ("Assez").

"Je suis avec vous", a tweeté Justin Bieber. L'ancien président Barack Obama a également jeté son poids derrière les lycéens de Parkland. "Vous avez favorisé le réveil de la nation", a-t-il écrit.

"Génération Columbine"

Deux survivants de la fusillade du lycée Marjory Stoneman Douglas, ici au Congrès à Washington le 22 mars 2018.
Deux survivants de la fusillade du lycée Marjory Stoneman Douglas, ici au Congrès à Washington le 22 mars 2018.
Photo : AFP/VA/CVN

Les armes font plus de 30.000 morts par an aux États-Unis, où la jeunesse scolarisée est parfois présentée comme la "génération mass shooting" ou la "génération Columbine", du nom d'une école secondaire du Colorado où deux élèves ont tué 12 de leurs camarades de classe et un professeur en 1999.

Ces élèves ont vécu la totalité de leur scolarité avec cette menace permanente, spécifique aux États-Unis. Année après année, ils ont vu leurs élus faire la sourde oreille ou, récemment, Donald Trump proposer d'armer leurs enseignants.

Dans un tweet vendredi 23 mars, le président a redit sa volonté d'interdire les bump stocks, des dispositifs permettant de tirer en rafale, une mesure de portée marginale alors que son administration a officiellement lancé une procédure dans ce sens.

À Washington, le rassemblement géant s'étalera entre la Maison-Blanche et le Capitole, tout un symbole. Interrogé par l'AFP, le sénateur démocrate Chris Murphy, partisan de mesures contre les armes depuis la tuerie perpétrée en 2012 à l'école Sandy Hook dans son État du Connecticut, a estimé que les jeunes ne devaient pas se faire d'illusions sur les chances d'une réforme législative majeure.

"J'espère qu'ils ont bien à l'esprit qu'ils s'inscrivent dans un mouvement social sur le long terme. Ils n'obtiendront pas justice dans un Congrès contrôlé par les républicains", a-t-il averti.

AFP/VNA/CVN

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