Les géants Shell et Eni relaxés dans une affaire de corruption au Nigeria

Les géants pétroliers Eni et Shell, mis en cause dans une vaste affaire de corruption au Nigeria, ont été relaxés mercredi 17 mars en première instance par un tribunal de Milan, un jugement qui a provoqué la déception des ONG à l'origine de l'enquête judiciaire.

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Logo de Shell et Eni.

Dans ce procès retentissant, le parquet italien soupçonnait les deux groupes d'avoir versé 1,092 milliard de dollars de pots-de-vin, sur un total de 1,3 milliard déboursés en 2011, pour l'acquisition au Nigeria d'une licence d'exploration du bloc pétrolier offshore OPL-245. Le patron d'Eni, Claudio Descalzi, "est réhabilité dans sa réputation professionnelle et Eni en tant que grande entreprise", a commenté l'avocate du dirigeant italien, Paola Severino, après la décision de la 7e chambre du tribunal de Milan.

Le parquet de Milan avait requis en juillet des peines de huit ans de prison pour corruption contre Claudio Descalzi et son prédécesseur Paolo Scaroni, patron d'Eni au moment des faits incriminés. À la tête d'Eni depuis mai 2014, M. Descalzi, 66 ans, était à l'époque directeur général opérationnel du groupe pétrolier, qui est contrôlé à 30,33% par l'État italien.

Shell s'est félicité de son côté dans un communiqué de la décision du tribunal : "nous avons toujours maintenu que l'accord de 2011 était légal, conçu pour résoudre un différend juridique de dix ans et débloquer le développement du bloc OPL-245". Le parquet avait notamment demandé une peine de sept ans et quatre mois de prison pour Malcolm Brinded, ex-directeur général de la division Exploration et Production de Shell, et de dix ans pour l'ancien ministre nigérian du Pétrole Dan Etete.

M. Etete, qui fait également l'objet d'un mandat d'arrêt nigérian, est toujours recherché dans le cadre de cette affaire. "Ce jugement n'est pas le dernier mot dans ce scandale", a réagi Barnaby Pace, de l’ONG britannique Global Witness, une des associations à l'origine des révélations qui en 2013 ont abouti à l'ouverture d’une enquête judiciaire. Il a demandé au parquet de Milan "d'envisager toutes les options pour un appel". Eni et Shell ont toujours contesté fermement toute corruption.

Litige de longue date

L'accord passé avec le gouvernement nigérian à l'époque visait à mettre fin à des années de contentieux autour du bloc OPL-245 entre Shell et la compagnie Malabu, appartenant à Dan Etete. Ancien ministre du Pétrole sous le régime du dictateur Sani Abacha, M. Etete s'était attribué ce bloc en 1998, en le vendant à Malabu, une société qu'il détenait secrètement. La licence avait été ensuite révoquée par le gouvernement puis cédée à Shell, puis de nouveau à Malabu, donnant lieu à un important litige.

Selon l'ONG Global Witness, l'accord s'est traduit par le versement de 1,1 milliard d’USD sur un compte à Londres ouvert par les responsables gouvernementaux - et allant directement à Dan Etete - et de 210 millions d’USD au gouvernement. D'après Global Witness, Shell, contrairement à ses affirmations, savait parfaitement que l'argent n'irait pas dans les caisses de l'État.

Deux intermédiaires dans l'affaire, le Nigérian Emeka Obi et l'Italien Gianluca Di Nardo, s'étaient vu infliger des peines de quatre ans de prison en 2018, dans un procès distinct qui s'est tenu également à Milan. "Nous poursuivrons notre action pour que ces entreprises rendent des comptes", a prévenu l'ONG italienne anti-corruption Re:Common.

Si les deux groupes sont pour l'instant gagnants dans cette affaire sur un plan judiciaire, il n'en est apparemment pas de même quant à l'aspect financier. Selon Eni, le gouvernement nigérian ne leur a jamais donné de permis pour commencer à extraire du pétrole, alors que le bloc pétrolier OPL-245 a une capacité de production d'environ 9 milliards de barils.

"Les bénéfices ne se sont jamais concrétisés, Eni et Shell ont investi 2,5 milliards d’USD et leur licence expirera en mai. La vérité est donc que les deux compagnies sont lésées dans cette affaire", a déclaré un porte-parole d'Eni.


AFP/CVN/CVN

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