>>Regain d'énergie face à l'espoir de voir bientôt un pic de l'épidémie en Europe
>>Plus de 8.000 morts et un confinement globalement bien respecté
Des agents municipaux à Toulouse désinfectent les rues, le 6 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Alors que les beaux jours et les vacances de printemps de la zone C (Île-de-France et Occitanie) laissent craindre un relâchement, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a demandé aux préfets "d'examiner au cas par cas" et en lien avec les maires la "nécessité de durcir les mesures", par exemple de limiter la pratique sportive, "là où des signes de laisser-aller se feraient jour".
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a quant à lui de nouveau exhorté les Français à faire preuve de "patience" face au confinement qui entre mardi dans sa quatrième semaine, et à rester chez eux. "Ce n'est pas terminé, loin de là: nous ne sommes pas au bout de l'ascension épidémique", a-t-il assuré.
Au total, depuis le 1er mars, 8.911 personnes sont mortes en France. 6.494 d'entre elles sont décédées dans les hôpitaux dont 605 en 24 heures, nouveau pire bilan quotidien depuis le début de l'épidémie. L'amélioration notée dimanche sur ce plan n'aura donc pas duré.
Donnée encourageante toutefois, le rythme des hospitalisations en réanimation semble poursuivre son ralentissement, avec 94 patients de plus en un jour, solde net le plus bas depuis le début des mesures de confinement le 17 mars.
"L'impact du confinement est visible dans les territoires où le virus circule beaucoup", mais "la pression est encore très forte, énorme, sur les hôpitaux", a constaté le ministre de la Santé.
"C'est justement parce qu'on a les premiers signes qui montrent que le confinement commence à agir qu'il faut le poursuivre", a insisté auprès de l'AFP le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, regrettant des signes de "relâchement".
Dépistage dans les Ehpad touchés
Face à la dangerosité de l'épidémie dans les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), avec 2.417 décès enregistrés depuis le début de l'épidémie dans les maisons de retraite médicalisées et autres établissements médico-sociaux, Olivier Véran a par ailleurs annoncé le lancement d'une "vaste opération de dépistage" du coronavirus dans ces institutions.
Il s'agit de "tester tous les résidents et tous les personnels à compter de l'apparition du premier cas confirmé (...) au sein de l'établissement", ce qui "permettra de regrouper les cas positifs au sein de secteurs dédiés au sein des Ehpad pour éviter la contaminations des autres résidents", a précisé le ministre.
L'épidémie, qui a fait plus de 70.000 morts dans le monde, n'en finit plus de noircir les perspectives économiques.
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a brossé le scénario d'une économie frappée de plein fouet, avec une récession "vraisemblablement très au-delà des -2,2%", soit le "plus mauvais" chiffre depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, avec un pays en ruines. "C'est dire l'ampleur du choc économique auquel nous sommes confrontés", a-t-il insisté.
La période de confinement, prolongée déjà une fois, est prévue pour s'achever le 15 avril. Mais une nouvelle extension semble probable. Selon la DGS, plus de 600 patients dans un état critique ont été évacués depuis le 18 mars du Grand Est et d'Île-de-France, les deux régions les plus touchées.
La version numérique de la nouvelle attestation de déplacement dérogatoire visible sur un smartphone, le 6 avril à Paris. |
"La notion de pic, vous pouvez d'emblée l'enlever de votre vocabulaire", a prévenu sur BFMTV, Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital Georges Pompidou, également président de la fédération LR des Hauts-de-Seine. "Un pic ça monte vite et ça descend vite. Là, ça monte vite et ça descendra (...) lentement", a insisté de son côté sur France Inter le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch.
"Le terme de plateau est probablement meilleur", a-t-il noté, espérant "qu'il n'y ait pas la deuxième montagne qui arrive ou qui arrive trop vite".
"Je ne comprends même pas qu'on parle du déconfinement, ça continue d'arriver constamment", déplore Nathalie (prénom modifié), infirmière au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), racontant des services submergés de malades.
Depuis lundi 6 avril, une attestation de déplacement numérique est disponible pour justifier les sorties autorisées, alternative à la version papier jusqu'ici en vigueur. Près de 1,4 million de contrôles ont été effectués sur les trois derniers jours. Au total, depuis le début, il y a eu "près 480.000 contraventions dressées, sur 8,2 millions de contrôles", selon le ministre de l'Intérieur.
Plasma sanguin
Alors que le gouvernement a infléchi sa position en annonçant la fabrication de masques "alternatifs", autres que médicaux, et encourage désormais le grand public à les porter pour limiter la propagation du virus, le maire de Sceaux (Hauts-de-Seine), Philippe Laurent, a décidé d'obliger ses habitants à sortir nez et bouche couverts à partir de mercredi 8 avril.
Concernant ces masques, "nous saisissons les autorités scientifiques de ce pays pour leur demander si la doctrine doit évoluer", a assuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, promettant une réponse "dans les meilleurs délais". Pour autant, "il n'y a pas de changement radical de doctrine", a-t-il assuré.
Dans le monde entier, des scientifiques et des industriels s'activent pour tenter de trouver un remède. Un essai clinique doit notamment commencer mardi 7 avril en France. Il s'agit de transfuser du plasma sanguin de personnes guéries du COVID-19 -contenant des anticorps contre le virus- vers des malades en phase aiguë.
Beaucoup est également attendu de l'essai européen "Discovery" qui teste quatre traitements, dont l'hydroxycholoroquine, dont l'usage contre le coronavirus provoque de vifs débats.
Une pétition baptisée "#NePerdonsPlusDeTemps", lancée par l'ex-ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, et demandant d'assouplir les possibilités de prescription de la chloroquine dépassait lundi soir 6 avril les 316.000 signatures.