Les ethnies minoritaires des hauts plateaux du Centre

Les hauts plateaux du Centre ou Tây Nguyên comprennent cinq provinces : Kon Tum, Gia Lai, Dak Lak, Dak Nông et Lâm Dông. Cette région est connue pour la cohabitation de nombreuses minorités ethniques telles que Gia Rai, Bahnar et Ê dê.

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Rite d’abandon de la tombe.
Photo : MEV/CVN

D’abord, le plus grand groupe minoritaire dans les hauts plateaux du Centre est les Gia Rai, avec une population d’environ 400.000 personnes. Ils habitent principalement dans la province de Gia Lai.

Maison funéraire des Gia Rai

Ce qui m’impressionne le plus, c’est leur maison funéraire. Celle-ci représente leur culture traditionnelle, inhérente au rite d’abandon de la tombe. On enterre tous les membres de la famille dans le même tombeau, capable d’en accueillir au total 20. Le peuple Gia Rai ne conçoit pas que les défunts n’existent plus. Ils continuent de vivre dans un autre monde nommé "le village des morts", ou "le village des ancêtres". Les personnes du même sang et de la même parenté, après leur mort, continuent à s’entraider comme si elles étaient encore vivantes. Alors, quand ces gens meurent, ils doivent être enterrés ensemble, sinon ils vont devenir de "mauvais fantômes", être seuls sans famille dans le village des morts.

Traditionnellement, quand les funérailles du dernier défunt remontent à un ou deux ans, la maison funéraire est construite. Puis, les vivants érigent la clôture et sculptent des statues autour de la tombe afin d’exprimer leurs pensées et sentiments pour les morts, certaines en situations sexuelles explicites montrant le culte de la fécondité. Les quatre coins de la tombe sont des statues assises avec les mains qui touchent le visage. Elles montrant la tristesse des vivants.

Aujourd’hui, le rite d’abandon de la tombe est raccourci à deux ou trois jours, alors qu’il durait jadis jusqu’à une semaine. La cérémonie se manifeste avec des sacrifices de buffles et de bœufs, le son de gongs accompagné de danses et de consommation de l’alcool de jarre ainsi que de nourriture. C’est un événement culturel spécial chez les Gia Rai. En outre, c’est aussi un rite de libération : les vivants ne sont plus responsables des morts. Après cette cérémonie, la famille ne doit plus apporter du riz aux défunts, elle les abandonne complètement.

Maison communale des Bahnar

Les Bahnar font partie des minorités ethniques les plus peuplées des hauts plateaux du Centre, essentiellement dans les provinces de Gia Lai et de Kon Tum. En parlant des Bahnar, on pense aussitôt à leur fameuse maison communale (la nhà rông) qui est édifiée au cœur du village. C’est la plus grande maison du village au toit de chaume en forme de fer de hache. Ce toit dont la hauteur atteint une vingtaine de mètres exprime la force des hommes face à la nature. Le plancher est bâti sur pilotis, à environ 2 m du sol. La maison communale ayant une superficie de plus de 90 m2 peut accueillir 100 personnes.

Elle est le lieu où le village accueille les invités, se réunit et organise des activités communautaires. La nhà rông est non seulement le logement des garçons célibataires mais aussi l’endroit où le patriarche du village enseigne connaissances et expériences de vie aux habitants, raconte les épopées, parle de l’histoire, des gens et de la terre des hauts plateaux du Centre aux jeunes. Il est également le lieu pour cacher des armes. Quand il y a des bêtes féroces ou des envahisseurs, les garçons sont toujours prêts à protéger le village. La maison communale est toujours la plus haute, la plus majestueuse et la plus belle de chaque village, montrant ainsi la richesse et la puissance des villageois.

Maison longue des Ê dê

Au sud du Tây Nguyên, environ 300.000 personnes de l’ethnie Ê dê vivent dans la province de Dak Lak. C’est leur maison longue qui m’intéresse beaucoup. Elle est la résidence traditionnelle des grandes familles de l’ethnie Ê dê. Dans la société matrilinéaire des Ê dê, les hommes mariés vivent dans la maison de leur femme. C’est pourquoi la maison se rallonge chaque fois qu’un membre féminin de la famille est marié.

L’escalier de la maison longue des Ê dê.
Photo : Vy An/CVN

La maison longue des Ê dê est une maison sur pilotis construite en bambou et en bois. Le toit est recouvert de paille. La maison est construite dans le sens nord-sud. Vue de loin, elle ressemble à un bateau. Plus la propriétaire est riche, plus sa maison est longue. L’escalier est l’âme de la maison longue des Ê dê. Il montre le matriarcat : la femme joue le rôle le plus important dans la famille et les enfants portent le nom de famille de la mère. On peut voir l’escalier masculin et l’escalier féminin en visitant cette maison. Dans l’escalier féminin, il y a toujours une image des seins maternels, du croissant de lune et l’escalier masculin n’a pas beaucoup de motifs sculptés.

Dans cette maison, chaque nuit, toute la grande famille se réunit autour du foyer. Les femmes font du tissage ou de la broderie, les hommes réparent leurs charrues ou leurs pioches, les vieux racontent des épopées aux enfants… Dans cet espace, les rites, les mœurs et coutumes des Ê dê sont préservées et valorisées.

Le Tây Nguyên est la terre de cultures uniques comprenant la maison communale, la maison longue, le rite d’abandon de la tombe et le sacrifice de buffles... Les minorités ethniques des hauts plateaux du Centre conservent leurs propres caractéristiques, contribuant ainsi à la diversité de la culture vietnamienne. Il faut préserver et promouvoir ces beautés.


Phuong Thao/CVN
(Finaliste du Concours "Jeunes Reporters Francophones Vietnam - 2019")

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