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Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire (gauche), en compagnie du secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, le 31 mai, au ministère des Finances à Paris. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Washington a également annoncé à partir de vendredi 1er juin l'application de taxes douanières sur ces importations de métaux en provenance du Mexique et du Canada, les deux partenaires de l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna) dont la renégociation, entamée il y a dix mois, peine à aboutir. Cette annonce, faite par le secrétaire au Commerce de Donald Trump, Wilbur Ross, a été immédiatement suivie d'une volée de réactions des Européens notamment, la Commission européenne en tête, affirmant que des "contre-mesures" allaient être annoncées "dans les prochaines heures".
Le président français Emmanuel Macron comme la chancelière allemande Angela Merkel ont dénoncé une décision "illégale". M. Macron a fustigé ce qu'il appelle "du nationalisme économique". "Et le nationalisme économique, c'est la guerre", a-t-il affirmé. Angela Merkel s'est pour sa part alarmée d'"une escalade qui nuira à tout le monde". À Berlin, le gouvernement allemand a immédiatement promis que la réponse à "l'Amérique d'abord" sera "l'Europe unie" avertissant que "les guerres commerciales ne connaissent aucun vainqueur".
Pour le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, "l'Union européenne ne peut pas rester sans réagir (...) Ce qu'ils peuvent faire, nous sommes capables de faire exactement la même chose". "Les États-Unis ne nous laissent pas d'autre choix que de porter ce conflit devant l'OMC (Organisation mondiale du Commerce) et d'imposer des droits de douane supplémentaires à un nombre de produits en provenance des USA", a expliqué M. Juncker.
Carte mondiale des principaux fournisseurs d'acier des États-Unis, les plus gros importateurs au monde. |
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Les États-Unis ont donc décidé de ne pas prolonger l'exemption temporaire accordée à l'Union européenne jusqu'à jeudi minuit 31 mai et vont mettre en place des taxes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Wilbur Ross, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse téléphonique alors qu'il était à Paris pour une réunion de l'OCDE, a précisé que les États-Unis ne voulaient pas accorder aux 28 pays membres de l'Union européenne (UE) "une exemption permanente et inconditionnelle sur les taxes". "Nous avons eu des discussions avec la Commission européenne et même si nous avons fait des progrès, ils ne sont pas allés jusqu'au point où il aurait été justifié soit de prolonger l'exemption temporaire, soit d'accorder une exemption permanente", a justifié le ministre de Donald Trump.
Représailles
M. Ross a minimisé les risques de représailles de la part des pays visés estimant que les importations venant de l'Union européenne représentaient "peu de chose" par rapport au déficit commercial américain (moins de 3 milliards de dollars).
Il a ajouté qu'il y avait "un potentiel de discussion" avec l'Union européenne. Frappés également, parce qu'ils ne plient pas assez vite face aux revendications américaines dans la renégociation de l'Aléna, le Mexique et le Canada, principaux partenaires commerciaux des États-Unis après la Chine, ont dès jeudi 31 mai annoncé des représailles commerciales.
Ottawa a été un des premiers partenaires à riposter concrètement en annonçant des taxes sur 16,6 milliards de dollars canadiens (12,8 mds USD) de produits américains. Qualifiant les tarifs américains d'"inacceptables", le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré: "ces tarifs sont un affront au partenariat de sécurité existant de longue date entre le Canada et les États-Unis, et en particulier, un affront aux milliers de Canadiens qui ont combattu et ont péri aux côtés de leurs frères d'armes canadiens".
Le gouvernement mexicain a quant à lui condamné "catégoriquement" les mesures américaines et annoncé des représailles. "Le Mexique imposera des mesures équivalentes sur divers produits" dont certains aciers, des fruits et des fromages, a annoncé dans un communiqué le ministère de l'Économie. L'administration américaine a indiqué aussi que la Corée du Sud avait négocié un quota d'acier tandis que l'Argentine, l'Australie et le Brésil ont pris des dispositions pour "limiter le volume qu'ils peuvent expédier aux États-Unis au lieu des droits de douane".
Participant à un G7 Finances qui débutait jeudi 31 mai à Whistler, au Canada la patronne du FMI Christine Lagarde a dénoncé une forme "de remise en cause de la manière dont le monde fonctionne" depuis des décennies, basée sur "le principe de la confiance et de la coopération". À Paris, le secrétaire général de l'OCDE a appelé à "sauver le multilatéralisme".