>>L'impasse menace au Congrès pour éviter un défaut de paiement des États-Unis
>>Biden affronte des jours difficiles au Congrès américain
Nancy Pelosi signe un document évitant la paralysie de l'État fédéral au Capitole, le 30 septembre à Washington. |
Nancy Pelosi signe un document évitant la paralysie de l'État fédéral au Capitole, le 30 septembre à Washington. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le président démocrate a signé une loi de finances qui prolonge le budget actuel jusqu'au 3 décembre, adoptée plus tôt par la Chambre des représentants et le Sénat avec des majorités confortables.
S'ils ont finalement écarté assez facilement la menace d'une paralysie budgétaire, surnommée "shutdown", les parlementaires sont engagés dans des discussions autrement plus ardues pour éviter que les États-Unis ne puissent plus honorer leurs paiements à partir du 18 octobre, ce qui implique pour le Congrès de relever la limite d'endettement du pays.
Un défaut de la première puissance mondiale jetterait la finance internationale en terre inconnue.
Bien conscients du danger, républicains et démocrates ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la façon de l'éviter.
Dans un Congrès profondément divisé, le sujet est devenu hautement politique, car l'opposition a sciemment lié la question de la dette à un plan historique de Joe Biden.
Le président prévoit 3.500 milliards d'USD pour réformer en profondeur le tissu social des États-Unis et investir massivement dans la lutte contre le changement climatique.
Une folie exorbitante, dénoncent les républicains, qui refusent donc absolument de participer de près ou de loin à toute mesure visant à relever le plafond de la dette.
Or, ils disposent d'une minorité de blocage au Sénat.
Ils exhortent les démocrates à employer une manœuvre parlementaire qui leur permettrait de l'approuver avec leur seule courte majorité.
Bien trop "risqué", jugent les chefs démocrates, car elle requiert trop de temps alors que les parlementaires ont moins de trois semaines pour éviter un défaut.
Évolution du plafond de la dette des États-Unis depuis 2006. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ils martèlent que seule une infime partie de cette dette a été accumulée sous le mandat de Joe Biden, arrivé à la Maison Blanche en janvier. Il s'agit en fait de payer les "cartes de crédit" de Donald Trump, assènent les démocrates, et des précédents présidents.
Ils appellent donc les républicains à coopérer. Aucune issue n'apparaît pour l'instant évidente.
Doutes sur les infrastructures
En parallèle, une guerre intestine entre l'aile gauche des démocrates et les plus centristes menace le cœur du programme de Joe Biden.
Fier de sa longue expérience de sénateur, le président multiplie cette semaine les réunions à la Maison Blanche pour tenter de rassembler ses troupes autour de ses deux plans colossaux d'investissements.
D'un côté, le projet historique d'investir 1.200 milliards d'USD dans les infrastructures américaines, soutenu aussi par des républicains.
De l'autre, le volet titanesque sur les réformes sociales voulu par les seuls démocrates.
Le Sénat avait approuvé dès août le plan d'infrastructures, qui devait être soumis à un vote final à la Chambre ce jeudi 30 septembre.
Mais des dizaines d'élus de l'aile gauche démocrate menacent de faire échouer ce vote, furieux de ne pas avoir reçu plus de garanties que le vaste plan de réformes sociales sera aussi adopté.
Ils se méfient de deux sénateurs centristes, Joe Manchin et Kyrsten Sinema, qui affirment que son montant est trop élevé. Les majorités démocrates sont si étroites que toute défection pourrait tuer ce plan.
La Maison Blanche s'est pourtant montrée relativement confiante jeudi 30 septembre.
"Nous travaillons pour pouvoir remporter un vote ce soir. Il reste encore plusieurs heures à cette journée", a déclaré sa porte-parole Jen Psaki.
Mais la fronde est si forte qu'il semblait difficile en début de soirée que le plan soit approuvé définitivement, et ce vote pourrait donc bien finir par être déprogrammé.
L'adoption des deux gigantesques projets serait alors remise à plus tard. Et l'administration Biden tentait déjà jeudi 30 septembre de préparer l'opinion publique à cette éventualité.
"Il ne s'agit pas d'un cataclysme majeur s'il n'y a pas de vote aujourd'hui", a déclaré sur CNN la ministre de l'Énergie Jennifer Granholm.
Mais là aussi le temps presse : les démocrates risquent de perdre leurs majorités lors des élections parlementaires de novembre 2022.
AFP/VNA/CVN