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Combo de photos de Sandrine Rousseau et Yannick Jadot réalisées les 9 et 10 décembre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'eurodéputé de 54 ans, à la ligne plus pragmatique, a obtenu au second tour 51,03% des quelque 104.000 voix exprimées parmi les 122.670 inscrits à ce scrutin en ligne, contre 48,97% pour sa concurrente "éco-féministe". Ce résultat est sans aucun doute un soulagement pour de nombreux cadres et élus d'EELV, qui se sont ralliés à M. Jadot dans l'entre-deux-tours, estimant qu'il avait le plus de chances de faire briller l'écologie en avril 2022.
Le résultat, annoncé dans un bar-restaurant de Pantin (Seine-Saint-Denis), a été accueilli par des hurlements de joie sur la péniche-bar réservée non loin par l'équipe de Yannick Jadot. Tout sourire, celui-ci a savouré les quelques minutes précédant son discours à la tribune, retardé par les clameurs des dizaines de militants et les bousculades des journalistes.
Disant son "immense joie" après une "primaire serrée", il a estimé qu'il lui faudra pour la campagne présidentielle "être à la hauteur du dérèglement climatique et du chaos social". Yannick Jadot, qui s'était effacé lors de la dernière présidentielle derrière le socialiste Benoît Hamon, a promis qu'il défendrait "une société apaisée", "une planète vivante (...) en harmonie, quels que soient nos milieux sociaux, nos aspirations". Il a placé sa confiance dans ceux qui "innovent, inventent, agissent, dans les fermes, dans les entreprises, associations, collectivités".
"Bravo, Yannick Jadot", a de son côté déclaré, avec un sourire timide, la finaliste Sandrine Rousseau, arrivée à pied depuis le restaurant solidaire dont elle avait fait son QG. "Vous pouvez compter sur moi pour soutenir la suite", a-t-elle rassuré. La tenante de la "radicalité" a toutefois mis une forme de pression sur le vainqueur : "Le dérèglement climatique appelle une réponse radicale" et "le temps des demi-mesures et des renoncements est révolu". "C'est serré mais c'est net", s'est félicité le chef d'EELV Julien Bayou. "Il y a eu des débats jusqu'au bout, on pouvait s'attendre à ce que ça s'échauffe et les candidats se sont tenus", a-t-il estimé.
Fin de la "malédiction"
"On disait que c'était incertain, et ça l'était vu les scores", a constaté Sophie Taillé-Polian, sénatrice et coordinatrice de Générations, membre du pôle écologiste. Dans les équipes du candidat éliminé au premier tour Eric Piolle, "tout le monde hésitait" sur le candidat à soutenir, a témoigné sa directrice de campagne Marine Tondelier.
Avec cette victoire, Yannick Jadot a vaincu la "malédiction" d'un parti adepte des retournements de situation, où le favori arrive rarement vainqueur (Cécile Duflot battue en 2016, Nicolas Hulot en 2011,...). Il a désormais pour défi de rassembler des écologistes que le premier tour avait divisés en quatre blocs quasi égaux.
Mais aussi d'imposer sa candidature, créditée d'environ 6% des voix dans les sondages, au sein d'une gauche déjà bien pourvue en aspirants présidents, de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon à la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo en passant par l'ancien ministre Arnaud Montebourg et le communiste Fabien Roussel.
Au premier tour de la primaire des Verts, avec 27,7% des voix, Yannick Jadot avait devancé de peu Sandrine Rousseau (25,14% des voix), qui s'était qualifiée au détriment de l'ex-ministre Delphine Batho (22,32%), chantre de "la décroissance", et du maire de Grenoble Eric Piolle (22,29%), qui défendait un "arc humaniste" pouvant rassembler toutes les forces de gauche.
Les deux finalistes divergeaient notamment sur la manière de porter l'écologie au pouvoir. Yannick Jadot met en avant une écologie "de gouvernement". En face, Sandrine Rousseau défendait une écologie "qui transforme les modèles de production, sort du productivisme, de la société de consommation".
Sur le papier, Yannick Jadot disposait de plus de soutiens de cadres EELV : les ex-candidates à la présidentielle, Eva Joly et Dominique Voynet, la députée européenne Karima Delli ou encore le maire de Bordeaux Pierre Hurmic.
La candidate avait reçu de son côté le soutien de figures féministes, telles la conseillère de Paris Alice Coffin et la cinéaste Céline Sciamma. Le résultat aura une grande incidence sur la gauche. Notamment au sein du Parti socialiste et de la France Insoumise qui espèrent, chacun, attirer les déçus de la primaire.
AFP/VNA/CVN