Biden affronte des jours difficiles au Congrès américain

Gigantesques investissements dans les infrastructures et réformes sociales "historiques" : les grands projets de Joe Biden affrontent une semaine de haute voltige au Congrès américain, où les démocrates doivent impérativement s'accorder s'ils veulent approuver le cœur du programme du président américain.

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Joe Biden à la Maison Blanche le 27 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

En parallèle de leurs frénétiques discussions internes sur les plans Biden, les démocrates n'ont que jusqu'à jeudi 30 septembre, minuit, pour trouver un terrain d'entente avec les républicains afin d'éviter la paralysie soudaine du gouvernement fédéral, surnommée "shutdown".

Et derrière ces multiples fronts se profile la menace d'un cataclysme financier si le Congrès ne parvient pas, dans les prochaines semaines, à adopter un texte pour suspendre le plafond de la dette américaine.

Arrivé au pouvoir sur la promesse d'un retour à l'apaisement à Washington après Donald Trump et de transformer en profondeur la société américaine, Joe Biden ne peut se permettre d'échouer sur aucun de ces fronts.

"Vous me connaissez : je suis né optimiste", a tempéré lundi 27 septembre le septuagénaire.

Mais un succès apparaît encore lointain. Alors le président, ex-sénateur, met tout son poids dans les négociations entre démocrates du Congrès. Et admet qu'un accord sur son grand volet social pourrait prendre plus de temps que prévu. "Cela n'arrivera peut-être pas d'ici la fin de la semaine" même s'il "l'espère", a-t-il déclaré aux journalistes à la Maison Blanche. Son programme s'articule autour de deux volets.

D'un côté, un plan de 1.200 milliards d'USD d'investissements pour redresser les infrastructures, soutenu par une partie des républicains. De l'autre, des dépenses sociales et des investissements massifs pour la lutte contre le changement climatique regroupés dans un plan au montant colossal de 3.500 milliards d'USD surnommé "Build Back Better".

"Destruction mutuelle assurée"

Criant aux dépenses "irresponsables", les républicains y sont farouchement opposés. Les démocrates ont donc opté pour une manoeuvre qui leur permettra de contourner leur pouvoir de blocage au Sénat, et d'adopter le volet social avec leurs seules voix.

Mais ils ne disposent que de majorités très fragiles et pour l'instant, l'aile gauche et les plus centristes ne sont pas d'accord sur le montant même du plan de réformes sociales.

Pour s'assurer du soutien sans faille de leurs troupes, la Maison Blanche et les chefs démocrates du Congrès ont opté pour une stratégie aux airs de "destruction mutuelle assurée" : les deux plans Biden doivent avancer de concert.

Le Sénat avait approuvé dès début août le plan d'infrastructures avec le soutien de tous les démocrates et d'un tiers des républicains. Le vote final à la Chambre est prévu jeudi 30 septembre.

Mais certains dans l'aile gauche menacent de faire échouer ce vote s'ils n'obtiennent pas un engagement ferme que les centristes soutiendront aussi les réformes sociales, voire de voter d'abord sur ce volet.

Plafond de la dette

Le Capitole de Washington, le 27 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce compte à rebours tendu s'accompagne d'une autre échéance : la menace de voir les services du gouvernement fédéral soudainement à court d'argent si le Congrès ne prolonge pas le budget au-delà du 30 septembre à minuit. Les deux partis veulent éviter cette issue mais ils ne sont pas encore parvenus à s'entendre.

Un premier texte budgétaire a échoué au Sénat lundi soir 27 septembre faute de soutien républicain, car les démocrates y avaient associé la suspension du plafond de la dette des États-Unis jusqu'à fin 2022. Une mesure que les républicains refusent catégoriquement de soutenir.

Le scénario le plus probable est désormais que les démocrates revoient leur copie en enlevant la suspension de la dette, ce qui permettra de réunir assez de voix pour approuver une extension du budget avant vendredi 1er octobre, et d'éviter un "shutdown".

Resterait alors la grande question du plafond de la dette. S'il n'est pas suspendu ou relevé rapidement, les États-Unis ne pourront plus honorer leurs paiements à partir de mi ou fin octobre. Du jamais-vu.

Les républicains exhortent les démocrates à l'approuver avec leurs seules voix, grâce à la même manoeuvre parlementaire que pour le plan de réforme sociale. Ces derniers s'y refusent pour l'instant mais pourraient rapidement se raviser. Cela pourrait prendre plusieurs jours... ou semaines. De quoi inquiéter les marchés.

AFP/VNA/CVN

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