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Carlos Catarlo Gomez, un demandeur d'asile hondurien qui était arrivé aux États-Unis en novembre, est reconduit au Mexique, à Tijuana (Mexique), le 29 janvier. |
Un premier migrant hondurien, Carlos Gomez, 55 ans, a été reconduit en milieu de journée du côté mexicain de la frontière, à Tijuana, une ville du Nord-Ouest qui jouxte San Diego, en Californie.
Coiffé d'une casquette et portant un sac à dos, il a été pris en charge par les autorités migratoires mexicaines qui l'ont conduit dans un refuge. "Je suis très fatigué (...) Je vais dans un endroit à l'extérieur de Tijuana" a-t-il dit à l'AFP.
Ce migrant était arrivé à la frontière américaine avec la grande caravane venue du Honduras qui avait rassemblé plus de 7.000 personnes fin octobre. Il était entré aux États-Unis en novembre.
"À partir d'aujourd'hui, les États-Unis ont commencé à appliquer les Protocoles de protection des migrants. (...) Cette action est une réponse à la crise de migration illégale à laquelle les États-Unis sont confrontés à leur frontière Sud", a expliqué l'ambassade américaine au Mexique dans un communiqué. Elle rappelle qu'en vertu de ces protocoles des migrants entrés illégalement "pourront être renvoyés au Mexique pendant la durée de leur procédure migratoire".
Le gouvernement mexicain avait déclaré la semaine dernière qu'il "désapprouvait" cette mesure unilatérale des États-Unis, mais qu'il accueillerait ces migrants pour des raisons "humanitaires".
Au cours des cinq dernières années, les demandes d'asile ont augmenté de 2.000%, "car beaucoup de migrants savent qu'en faisant une demande d'asile ils ont l'opportunité de rester aux États-Unis, même si leur demande d'asile n'est pas justifiée", explique l'ambassade américaine.
Environ 90% des demandes d'asile sont rejetées par les juges et concernent en majorité des Centraméricains fuyant la pauvreté et la violence dans leur pays. Le système accumule de plus des retards énormes, avec 800.000 demandes d'asile en attente, selon les autorités américaines.
''Idée horrible''
Annoncé en décembre, le plan "Rester au Mexique" du président Donald Trump a été vivement critiqué des deux côtés de la frontière. "C'est une idée horrible", s'insurge Melissa Crow, de l'ONG Southern Poverty Law Center, qui a déjà contesté en justice plusieurs décisions de Donald Trump en matière migratoire.
Des demandeurs d'asile attendent de gagner les États-Unis, à Tijuana (Mexique), le 29 janvier. |
"Ce n'es pas sûr pour beaucoup, voire pour la majorité, des demandeurs d'asile, d'attendre au Mexique. Beaucoup fuient la violence des cartels et les violences domestiques", explique-t-elle à l'AFP. "Il y a des cas de gens qui ont été poursuivis pendant qu'ils se trouvaient au Mexique", selon Mme Crow.
La nouvelle politique "est non seulement illégale, mais pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour ceux qui souhaitent accéder à la procédure d'asile aux États-Unis, un droit inscrit dans le droit national et international", souligne de son côté Katie Shepherd, une avocate au sein de l'association d'aide juridique aux immigrés, American immigration council.
Selon les autorités mexicaines, les États-Unis ramèneront chaque jour 20 demandeurs d'asile au poste-frontière de Tijuana et étendront éventuellement cette politique à d'autres points de passage le long des quelque 3.100 km de frontière qui séparent les deux pays.
Cette mesure ne s'appliquera pas aux demandeurs d'asile mexicains, ni aux mineurs non accompagnés. Le président américain a provisoirement renoncé la semaine dernière au financement de son mur à la frontière mexicaine, censé stopper l'immigration illégale provenant du sud, pour pouvoir sortir du "shutdown", la plus longue paralysie de l'administration fédérale de l'histoire des États-Unis.