>>L'ONU prône le dialogue pour résoudre la crise
>>Venezuela: le Parlement appelle à la mobilisation pour un "gouvernement de transition"
Le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, s'adresse à la presse après avoir assisté à une messe en l'honneur des prisonniers politiques et des exilés à l'église San Jose de Caracas, le 27 janvier. |
Le pape François a lui dit redouter un "bain de sang" dans ce pays où les manifestations d'opposants se sont soldées par au moins 35 décès, selon plusieurs ONG. Cinq jours après avoir reconnu le chef du Parlement comme président par intérim de ce pays d'Amérique du Sud, désormais plongé dans une grave crise faisant redouter une spirale de violence, la Maison Blanche s'est attaquée à la compagnie pétrolière PDVSA, accusée d'être "un véhicule de corruption".
Selon le Trésor américain, ces sanctions qui interdisent à PDVSA de faire du commerce avec des entités américaines et gèlent ses avoirs à l'étranger ont pour objectif d'empêcher "le détournement de davantage de ressources" par Nicolas Maduro. Les raffineries de Citgo, filiale de PDVSA aux États-Unis, pourront continuer à fonctionner, les transactions financières passant par un compte bloqué, a précisé le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin. Parallèlement, Juan Guaido a annoncé qu'il prenait le contrôle des actifs du Venezuela à l'étranger, pour éviter que Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, ne les dilapide au cas où il quitterait la présidence.
Transfert "pacifique" du pouvoir
De son côté, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a exhorté l'armée vénézuélienne et les forces de sécurité à accepter la transition "pacifique, démocratique et constitutionnelle" du pouvoir. Interrogé sur une possible intervention militaire américaine, il a réaffirmé, comme l'avait fait Donald Trump, que "toutes les options" étaient sur la table.
Le Canada accueillera lundi prochain 4 février à Ottawa une réunion d'urgence du Groupe de Lima, qu'il forme avec une dizaine de pays d'Amérique latine. "Il y a de lourds défis en matière de sécurité, d'aide humanitaire et d'immigration", a souligné sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland. Parallèlement, les ministres des Affaires étrangères de l'UE se pencheront sur cette crise lors d'une réunion informelle jeudi et vendredi à Bucarest. Enfin, des représentants du Mexique et de l'Uruguay remettront lundi au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, leurs offres de dialogue, a annoncé le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza.
Le pays pétrolier, ruiné après avoir été le plus riche d'Amérique latine, est au centre de l'échiquier diplomatique international: du côté de Guaido se rangent notamment les États-Unis, une grande partie de l'Europe et de l'Amérique latine, tandis que Maduro est soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba. M. Bolton a une nouvelle fois appelé lundi 28 janvier "tous les pays responsables" à reconnaître immédiatement M. Guaido comme président par intérim.
Dans cet équilibre de forces, Juan Guaido a fait un pas de plus lundi 28 janvier en annonçant prendre le contrôle des actifs du Venezuela à l'étranger. "Nous commençons la prise de contrôle progressive et ordonnée des actifs de notre République à l'étranger, pour empêcher qu'au moment de sa sortie (...) l'usurpateur et sa bande cherchent à +gratter les fonds de tiroir+", a-t-il affirmé. L'opposant appelle à défiler à nouveau mercredi, "pour exiger des forces armées qu'elles se mettent du côté du peuple", puis samedi, "pour accompagner le soutien de l'Union européenne et l'ultimatum".
Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné à Nicolas Maduro jusqu'à dimanche pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président.