Huawei
Les États-Unis accordent trois mois de délai avant d'imposer les sanctions

Devant l'inquiétude des usagers et des entreprises américaines, les États-Unis ont finalement donné lundi 20 mai un sursis à Huawei, qui pourra encore pendant trois mois utiliser des composants et logiciels américains avant la mise en œuvre effective des sanctions contre le groupe chinois.

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Les logos des géants américain Google et chinois Huawei.
Photo: AFP/VNA/CVN

Dans un contexte de guerre commerciale entre Pékin et Washington, Donald Trump a décidé la semaine dernière d'interdire les exportations de produits technologiques américains vers certaines entreprises jugées "à risque" pour la sécurité nationale. Avec dans le collimateur sa bête noire, le géant chinois des télécoms Huawei, qui s'est retrouvé nommément sur une liste noire de Washington. Le géant Google, dont le système Android équipe l'immense majorité des smartphones dans le monde, a annoncé dimanche qu'il allait devoir couper les ponts avec Huawei, ce qui aurait pour résultat d'empêcher le groupe chinois d'accéder à certains services d'Android et ses célèbres applications Gmail ou Google Maps.

Cette décision touche aussi toute une série d'entreprises américaines, des vendeurs de logiciels aux fabricants de semi-conducteurs qui fournissent Huawei. Lundi 20 mai, les autorités américaines ont semblé vouloir calmer le jeu en décrétant un délai de 90 jours avant d'imposer les sanctions, le temps que Huawei et ses partenaires commerciaux s'adaptent.

"Cette licence générale temporaire donne au (secteur) le temps de s'organiser autrement et au ministère (du Commerce) la possibilité de déterminer les mesures appropriées à long terme pour les entreprises de télécommunications américaines et étrangères qui aujourd'hui se servent des équipements d'Huawei pour certains services essentiels", a indiqué le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, cité dans un communiqué. En résumé, cela va permettre aux usagers des équipements Huawei de continuer à s'en servir pour le moment, a-t-ajouté.

Huawei est non seulement le numéro deux actuel des smartphones mais aussi un des leaders des équipements (antennes etc) des réseaux de télécommunications. Présent dans 170 pays, il est soupçonné par les États-Unis d'espionnage au profit de Pékin, qui aurait largement contribué à son irrésistible expansion internationale. Washington a déjà interdit par exemple à ses militaires de se servir d'équipements Huawei, qui dément fermement tout espionnage.

Conséquences

Dimanche 19 mai, Google avait indiqué "se plier" à la décision américaine d'interdire les relations commerciales avec Huawei et être en train d'examiner ses conséquences. "Pour les utilisateurs de nos services, Google Play (le magasin d'applications d'Android, ndlr) et le système de sécurité Google Play Protect continueront de fonctionner sur les appareils Huawei existants", avait-il tempéré.

Mais comme le décret présidentiel interdit spécifiquement le partage de technologies, Google va toutefois logiquement devoir cesser de collaborer avec Huawei pour les futurs appareils. Huawei ne pourra plus proposer dans ses appareils que la version libre de droits (en "open source") d'Android, a expliqué une source proche du dossier. Ces conséquences concerneraient les propriétaires d'appareils Huawei en dehors de Chine, puisque la plupart des services Google y sont de toute façon interdits.

Dans un communiqué lundi 20 mai, Huawei a afformé qu'il "continuerait à fournir des mises à jour de sécurité et des services après-vente" sur tous ses téléphones multifonctions et tablettes existantes, y compris ceux qui ne sont pas encore vendus. Le ministère chinois des Affaires étrangères a, quant à lui, indiqué qu'il suivait activement la situation et que la Chine "soutenait les entreprises chinoises pour prendre des mesures légales afin de défendre leurs droits légitimes".

Huawei, dont le siège est à Shenzhen, dans le sud de la Chine, est par ailleurs très dépendant de fournisseurs étrangers de semi-conducteurs: chaque année, il achète pour 11 milliards de dollars de composants à des fournisseurs américains, sur 67 milliards de dollars de dépenses. Selon Bloomberg, plusieurs fournisseurs américains comme le géant des micro-processeurs Intel ou le fabricant de puces Qualcomm ont informé leurs employés qu'ils cesseraient, eux aussi, de fournir Huawei jusqu'à nouvel ordre.

Compte tenu de la "dépendance" du leader chinois à l'égard du marché américain des semi-conducteurs, une telle suspension des livraisons pourrait "obliger la Chine à retarder la construction du réseau de la 5G jusqu'à ce que l'interdiction soit levée", estime Ryan Koontz, analyste chez Rosenblatt Securities. Or les États-Unis ont justement accru la pression sur leurs alliés pour qu'ils n'achètent pas la 5G à Huawei, pionnier de cette nouvelle génération d'internet mobile.

Washington redoute que le groupe ne soit un cheval de Troie de la Chine, en raison notamment du passé militaire de son patron. Surtout, une loi votée en 2017 oblige les grandes entreprises chinoises à collaborer avec les services de renseignement du pays. Au premier trimestre, Huawei a vendu 59,1 millions de smartphones, ce qui lui assure 19% de parts du marché, devant l'américain Apple mais toujours derrière le leader mondial, le sud-coréen Samsung.


AFP/VNA/CVN

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