Le Japon, grand importateur de produits aquatiques du Vietnam, fait partie des deux plus grands fournisseurs de produits aquatiques bruts au pays. Selon l'Association des transformateurs et des exportateurs des produits aquatiques (VASEP), en raison du manque de produits aquatiques bruts importés, la valeur des exportations des produits aquatiques transformés est estimée à 4 milliards de dollars en 2011, contre près de 5 milliards en 2010. Si l'on veut porter ce chiffre à 7,5-8 milliards de dollars à l'horizon 2020, le pays devra dépenser 2 milliards de dollars pour importer les matières premières destinées à la transformation.
La pénurie de matières premières est observée pour l'essentiel dans les usines de transformation des crevettes et des poissons tra (pangasius). Dans le delta du Mékong, l'élevage des crevettes est pratiqué essentiellement dans les provinces de Cà Mau, Bac Liêu et Kiên Giang. Même lorsque la récolte bat son plein, les usines ne peuvent fonctionner qu'à 70% de leur capacité. Et actuellement, la production est ralentie de moitié. Les 26 usines de la province de Cà Mau totalisent une puissance de transformation des crevettes de 150.000 tonnes par an. Cependant, la production ne dépasse jamais les 100.000 tonnes.
Baisse éventuelle des exportations de poissons tra
Pour 2011, les exportations de poissons tra vont baisser de 280.000 tonnes par rapport à 2010, les prévisions tablant sur un volume de 360.000 tonnes. La valeur des exportations sera inférieure au milliard de dollars, contre 1,4 milliard de dollars en 2010, prévoit la VASEP. À noter que les besoins en poissons tra dans le monde restent toujours élevés. Dans ce contexte, comment peut-on affirmer qu'il y aura une telle baisse des exportations ? La raison revient au manque de matières premières. Les stocks des entreprises sont épuisés. "Plusieurs usines de transformation sont même contraintes de mettre la clef sous la porte", déplore le vice-ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Luong Lê Phuong. Dans la province d'An Giang, 23 usines de transformation de poissons tra ne développent que la moitié de leur puissance. "Les étangs d'élevage sont laissés vacants à 60%. Les agriculteurs hésitent à investir dans l'élevage, parce que le prix des aliments a fortement augmenté. Par ailleurs, l'accès aux prêts bancaires est difficile à cause du taux d'intérêt élevé", explique Duong Ngoc Minh, président du Comité des poissons d'eau douce. Selon les prévisions, la production totale des poissons tra atteindra environ 850.000 tonnes cette année.
Pour sa part, Nguyên Huu Dung, vice-président de la VASEP n'est pas trop pessimiste. Selon lui, la valeur des exportations des poissons tra pourrait atteindre 1,2 milliard de dollars, soit le chiffre de 2008. En 2011, la restructuration est ciblée sur tous les plans : élevage, transformation, exportations des poissons tra. "Les importateurs exigent une bonne qualité. Les exportateurs vietnamiens sont totalement capables d'y répondre, mais avec un prix en conséquence", remarque Nguyên Huu Dung. En 2010, plusieurs entreprises vietnamiennes ont en effet obtenu le certificat de qualité GlobalGap. La liste des entreprises satisfaisant aux normes de GlobalGap s'allongera encore cette année.
Les entreprises et la VASEP ont avancé quatre mesures pour doper les exportations des poissons tra : hausse du prix à l'exportation, stabilisation de la production des poissons faisant office de matières premières, renforcement du contrôle de la qualité, élargissement de la promotion commerciale et des campagnes de publicité.
Thê Linh/CVN