Les courses virtuelles, pari gagnant des sports mécaniques

Les sports mécaniques, qui ont fait voilà quelques années le pari d'investir dans l'esport, en touchent les dividendes grâce aux multiples courses virtuelles qui leur permettent de continuer d'exister au temps du coronavirus.

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Des membres de l'équipe esport Vitality, les Allemands Simon Weigang (gauche) and Cedric Thome, s'exercent sur un jeu vidéo de F1 au sein d'un site de l'écurie Renault à Enstone, en Angleterre, le 25 novembre 2019.
Photo : AFP/VNA/CVN

Formule 1, Championnat du monde des rallyes, MotoGP... chacun y va de son affrontement sur son jeu vidéo officiel entre ses têtes d'affiche du monde réel, en parallèle des championnats pour spécialistes du sim racing (simulation de course).

Une nécessité pour conserver une présence dans les médias et sur les réseaux sociaux, alors que le sport est à l'arrêt et ses acteurs confinés.

"L'un des objectifs de ce type d'activité est de soutenir nos partenaires commerciaux", dont les noms apparaissent aussi au bord des pistes virtuelles, ajoute le PDG de la Formule E Jamie Reigle.

Mais si d'autres disciplines ne le découvrent qu'aujourd'hui, "historiquement, il y a un vrai lien" entre les sports mécaniques et l'esport, pointe Nicolas Besombes, sociologue et vice-président de l'association France Esports.

"La Fédération internationale de l'automobile (FIA) a été une des premières à investir le monde de l'esport, pas seulement comme un outil marketing mais aussi de formation et de détection, parce que la simulation fait partie des sports mécaniques", explique-t-il.

Aubaine

Le pilote monégasque de Ferrari Charles lors du grand prix de F1 d'Abou Dhabi le 1er décembre 2019.

Habitués à mettre au point leurs bolides dans les simulateurs grandeur nature de leurs écuries, nombre de pilotes disposent aussi d'un matériel de pointe pour s'exercer virtuellement à la maison.

"C'est une excellente manière de garder ses réflexes et un esprit de compétition", remarque le Portugais Antonio Félix Da Costa, leader du Championnat de Formule E, converti pendant son confinement.

Vainqueur de deux Grands Prix virtuels organisés par la F1, Charles Leclerc apprécie pour sa part de pouvoir "être lui-même" lorsqu'il diffuse ses courses en direct sur la plateforme Twitch, bien plus que lors d'un GP "réel".

Le Monégasque de Ferrari et ses comparses Lando Norris, Alex Albon et George Russell ou encore les pilotes MotoGP Fabio Quartararo, Maverick Vinales ou Alex Marquez... les étoiles montantes des sports auto et moto, opposés parfois à des invités surprise comme le footballeur Thibaut Courtois et le golfeur Ian Poulter, offrent à leurs disciplines une visibilité nouvelle dans le monde virtuel.

Pour ne citer que la F1, le deuxième GP "à la maison" de 2020, remporté par Leclerc, a été "l'un des événements les plus populaires que nous ayons jamais montés", assure son responsable esports Julian Tan.

Une aubaine sachant que "l'enjeu pour les fédérations sportives qui investissent dans l'esport est de rajeunir et d'élargir leur +fan base+ et de toucher de nouveaux marchés, notamment en Asie, où le jeu vidéo est un super canal de diffusion de la marque", rappelle Besombes.

"Pour la première fois, on a le sentiment qu'ils arrivent à aller chercher des gens qui suivent du jeu vidéo et commencent à s'intéresser à la F1 grâce à ces compétitions virtuelles", constate le spécialiste.

"Nouveaux fans"

Le pilote français de Formule E Jean-Eric Vergne le 8 septembre 2019 lors du Festival international du film de Toronto (TIFF) où le documentaire sur la Formule E "And We Go Green" avait été présenté.

En l'absence de concurrence dans le monde réel, le sim racing bénéficie également d'une exposition inédite, à la fois en ligne et grâce à la retransmission de ces courses par les chaînes qui diffusent la F1, le MotoGP ou la Formule E en temps normal.

"La situation fait naître de nouveaux fans d'esport qui débarquent pour suivre leurs héros", affirme Jamie MacLaurin, co-fondateur et directeur sportif de l'équipe Veloce Esports, dont le pilote de Formule E français Jean-Eric Vergne est partenaire.

Veloce et Vergne ont été parmi les premiers à flairer l'opportunité et ont mis sur pied, "en une douzaine d'heures seulement" après l'annulation in extremis du Grand Prix d'Australie mi-mars, la première d'une série de courses avec Norris en tête de gondole.

"C'est très excitant cette opportunité de trouver de nouveaux publics, mais il faudra voir combien restent quand le vrai sport reprendra", s'interroge déjà MacLaurin, qui anticipe une "petite baisse des audiences".

"Si je devais jouer le devin, mais c'est une réponse de Normand, je pense qu'il y en a que ça va fidéliser et qu'une grande majorité, dès que la vie reprendra son cours, n'aura plus le temps et préfèrera toujours la pratique réelle", avance Besombes.

AFP/VNA/CVN

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