Les cours de soutien à l’école interdits à Hô Chi Minh-Ville

Le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville vient de demander de mettre fin à l’organisation des cours additionnels au sein des établissements scolaires, à partir de cette rentrée. Une décision qui appelle à une refonte totale et indispensable du système éducatif.

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Des élèves à l’étude à Hô Chi Minh-Ville.

Le couperet est tombé récemment : les écoles de Hô Chi Minh-Ville ne pourront plus organiser des cours supplémentaires au sein même de leurs murs. La décision, qui a été maintes fois discutée et débattue ces dernières années, satisfait une partie du corps éducatif dans le but de d’alléger l’agenda des élèves. Mais pour d’autres, elle laisse place à une certaine inquiétude sur la qualité de l’enseignement, mais aussi sur les moyens pour appliquer la directive et adapter les programmes en conséquence. Et ce, dès la rentrée de septembre.

Un programme déjà surchargé

«Avec seulement quelques heures par semaine pour une discipline, l’enseignant ne peut transmettre suffisamment bien le programme aux élèves. Ces cours supplémentaires sont nécessaires et répondent tant aux besoins des élèves que de leurs parents», plaide un enseignant d’un lycée pour jeunes précoces de Hô Chi Minh-Ville.

Un besoin qui se traduit dans les chiffres. Une récente étude menée par l’Institut d’études de l’éducation (École normale supérieure de Hô Chi Minh-Ville) montre que 82,5% d’élèves de la mégapole du Sud suivent des cours de soutien scolaire. Pour 86,2% d’entre eux, c’est par volonté d’améliorer leur niveau, et seulement 4,2% souhaitent obtenir de bonnes notes. Et 6,2% disent les suivre par obligation.

Mais les conséquences sont pourtant là. Pour 75,7% des élèves, ils n’ont plus le temps pour étudier par eux-mêmes, un élève sur deux estime que ces cours en extra influent négativement sur leurs santé et état d’esprit, et pour 16,1% des sondés, cela représente un poids conséquent dans le budget familial. C’est sur ces arguments que le Comité populaire de la mégapole du Sud a demandé aux écoles de la ville de mettre fin à ces cours, et ce à partir de la prochaine rentrée. Le soutien scolaire ne se fera dorénavant que dans les établissements privés en dehors des écoles elles-mêmes, comme des centres de langues ou de perfectionnement.

Pour l’heure, c’est une toute nouvelle organisation qui se met en place. Selon Trân Khac Huy, chef du Bureau de l’éducation et de la formation de l’arrondissement de Tân Binh, écoles primaires et les collèges de son secteur viennent de mettre fin à ces cours, mais doivent en revanche organiser des activités extrascolaires.

Cao Xuân Hùng, directeur du lycée Thanh Da situé dans l’arrondissement de Binh Thanh, souligne que son école avait élaboré tout un plan d’organisation pour ces vacances d’été, et sur une participation volontaire des élèves. Les cours une fois annulés, la priorité est au remaniement de l’emploi du temps. «Pour la prochaine année scolaire, on va demander d’organiser deux séances d’études par jour au lieu d’une seule, et ce afin de satisfaire les exigences du programme d’enseignement», commente M. Hùng.

Autre conséquence, les écoles se doivent de rembourser les parents ayant payé pour ces cours supplémentaires organisés pendant les vacances estivales.

Valoriser le statut des enseignants

Il faut absolument trouver une alternative aux cours supplémentaires.
Photo : Quy Trung/VNA/CVN

Mais la décision du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville semble loin de faire l’unanimité générale. Des voix s’élèvent pour rappeler que ces cours additionnels représentent des revenus non négligeables pour les enseignants, dont les salaires restent encore bien bas.

Pour ces derniers, les cours interdits dans les écoles mais autorisés dans des centres extérieurs créent une situation des plus préjudiciables. D’une part, les enseignants dans ces établissements privés seront moins bien payés, avec une qualité des cours qui laissera plus qu’à désirer. Et, d’autre part, les professeurs dans les écoles passeront moins de temps avec leurs élèves pour arriver à mieux identifier leurs difficultés et lacunes et les épauler.

Pour Nguyên Van Hiêu, directeur adjoint du Service de l’éducation et de la formation de Hô Chi Minh-Ville, les bases matérielles ne répondent plus aux besoins d’aujourd’hui. Les classes sont surchargées, et le programme est bien trop conséquent, avec autant de disciplines inscrites dans l’emploi du temps. De son point de vue, la refonte du secteur éducatif doit être réalisée de manière synchronique. Elle doit concerner autant les programmes, les manuels que les recommandations pour l’évaluation des examens.

De l’avis d’un autre directeur d’une école de Hô Chi Minh-Ville, il faut avant tout améliorer à la base les conditions de vie des enseignants pour créer un cercle éducatif vertueux. «Avec un revenu suffisant et stable, les enseignants seront plus dévoués et enthousiastes, et les leçons seront plus efficaces. De fait, les cours supplémentaires cesseront d’exister par eux-mêmes», analyse-t-il.

L’Institut d’études de l’éducation semble abonder en ce sens. Selon ses représentants, il va devenir impératif de renouveler toute la stratégie pédagogique, de manière cohérente et coordonnée, tout en tenant compte des impératifs d’intégration dans le tissu mondial. Ils soutiennent enfin que l’augmentation des revenus des enseignants serait une solution efficace pour améliorer la situation.

Huong Linh/CVN

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