Les chapeaux coniques : charme iconique de Huê

Les chapeaux coniques de Huê sont semblables à ceux fabriqués dans d’autres régions du pays. Mais les innovations des artisans locaux ont permis d’ajouter une touche de charme et d’originalité contribuant à la célébrité de ces couvre-chefs.

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Le chapeau conique est l’accessoire indispensable à ajouter au port de l’ao dài.
Photo : DL/CVN

Le non bài tho (chapeau conique à poème) et l’ao dài (tunique traditionnelle des Vietnamiennes) sont des symboles de l’ancienne capitale impériale de Huê, province de Thua Thiên-Huê (Centre).

Cet artisanat y existe depuis des centaines d’années avec de nombreux villages de métiers traditionnels. Les artisans suggèrent que le soleil de plomb du Centre pendant l’été et les fortes pluies de la mousson sont les premiers facteurs de cette popularité, en particulier chez les femmes. «J’ai vu des Huéennes de tous les horizons porter des chapeaux coniques, partout et en tout temps. Cela m’a intéressé et j’ai essayé de capturer des images de femmes portant ces chapeaux», explique la photographe Vo Huong Lan.

Une image typique de l’ancienne capitale

Sa popularité entraîne une production importante de ce type de chapeau dans l’ancienne capitale. Dans le passé, presque tous les villages de Huê possédaient des confectionneurs qui pouvaient fabriquer des chapeaux coniques pour leur usage, ainsi que pour la vente.

Aujourd’hui, il y existe encore 15 villages de métiers traditionnels, dont Phu Cam, My Lam et Dôc So qui sont les plus grands producteurs de chapeaux de l’ancienne cité impériale. Ils étaient les principaux fournisseurs de couvre-chefs de qualité sous la dynastie des Nguyên (1802-1945).

Hoàng Thi Khanh Nhât, du village de Dôc So, est la propriétaire d’un atelier de traitement des feuilles de palmier. La femme explique que les feuilles fraîches sont transportées de zones montagneuses vers son atelier, avant d’être séparées en pétales individuelles et ensuite séchées au soleil ou par fumage.

Les tiges de bambou et les feuilles de latanier (le latanier est une variété de palmier) constituent les matières premières nécessaires à la fabrication des chapeaux coniques. Ces tiges sont coupées en 16 brins et sont soigneusement polies avec un couteau tranchant, avant d’être courbées en cerceaux bien ronds qui sont ensuite lacés pour constituer l’armature du chapeau.

Le non bài tho, un trait culturel emblématique de Huê.

Les feuilles de latanier sont soigneusement sélectionnées, car elles doivent être jeunes, afin d’être repassées pour devenir lisses. Elles sont ensuite cousues sur la structure de bambou. Lorsque la confection du chapeau est achevée, il est enduit de plusieurs couches de résine qui l’imperméabilise et lui permet de conserver ses couleurs.

«Je confectionne des chapeaux coniques depuis l’âge de 13 ans et je continuerai d’en faire tant que ma santé me le permettra, confie Vo Thi Toàn, une artisane de 75 ans, domiciliée dans le village d’An Luu. Ce n’est pas un travail difficile mais il faut beaucoup de patience. De mon temps, presque toutes les jeunes filles et les femmes savaient réaliser un couvre-chef», ajoute-t-elle.

Huê possède quatre types de chapeau conique dont le plus réputé est le non bài tho. Celui-ci est une sorte de chapeaux coniques utilisant les mêmes matériaux que le chapeau classique à la différence que, entre les feuilles de latanier, sont insérés des poèmes et des inscriptions que l’on peut lire par transparence. On dit de ce type de chapeau qu’il vient du village de Tây Hô, célèbre dans la confection de chapeaux dans les années 1960. À cette époque-là, il y avait un artisan du village qui était aussi poète. L’idée a ainsi germé d’écrire des poèmes sur lesdits couvre-chefs. Une idée qui s’est révélée populaire et rapidement adoptée par d’autres fabricants.

Un autre style de chapeau également populaire aujourd’hui est le chapeau conique brodé. En effet, au cours des dernières étapes de la réalisation du chapeau, le confectionneur brode, à la surface des feuilles, des images typique de Huê telles que la pagode Thiên Mu, le pont Truong Tiên ou encore les filles portant l’ao dài.

Ajouter ainsi une couche de feuille de lotus sur les chapeaux les rend plus originaux.

Une diversité dans la créativité

Le chapeau conique truc chi est apparu pour la première fois en 2013, lorsque des artisans ont remplacé les feuilles de palmier par du papier confectionné à partir de lattes de bambou. Ce papier est réalisé avec des motifs artistiques, ce qui peut être vu pendant les étapes finales de la production. Semblables aux non bai tho, les images sur les truc chi sont mieux vues sous le soleil. Malgré un engouement certain de la communauté artistique pour les chapeaux truc chi, ces derniers ne conviennent cependant pas aux fortes pluies. Il s’agit plutôt de couvre-chefs d’ornements.

Également originaire du village de Dôc So, Nguyên Thanh Thao, diplômé de l’Université des beaux-arts de Huê, a commencé, quant à lui, à utiliser des feuilles de lotus, pour former une couche de revêtement de couleur olivacée sur les chapeaux coniques traditionnels. «Ajouter ainsi une couche de feuille de lotus sur les chapeaux les rend plus originaux et leur donne un charme fou», indique-t-il. Le succès de ce modèle a été quasiment immédiat. Son originalité et sa couleur atypique séduisent et attirent une clientèle de plus en plus nombreuse.

En conclusion, ces différents modèles sont autant de confections innovantes ayant contribué à la popularité des chapeaux coniques de la ville de Huê. La beauté typique de Huê et l’image des étudiantes à vélo le long des rues ensoleillées, vêtues de l’ao dài blancs et de chapeaux coniques, vont certainement perdurer pendant de nombreuses années.


Thuy Hà/CVN

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