Les Bourses dans le rouge en Asie-Pacifique,
Tokyo au plus bas depuis octobre 2014

La journée du 10 février a mal débuté sur les places financières, dans le rouge en Asie-Pacifique, Tokyo en tête, les inquiétudes n'en finissant plus de tourmenter les marchés qui redoutent désormais une récession mondiale.

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Un panneau montrant l'évolution du Nikkei à Tokyo, le 10 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

À Tokyo, le Nikkei a cédé 2,31% après avoir déjà chuté de 5,40% le 9 février, sur fond de remontée du yen, valeur refuge par excellence. Les marchés japonais seront fermés jeudi pour cause de jour férié.

L'indice phare n'était pas tombé sous la barre des 16.000 points depuis octobre 2014, juste avant que la Banque du Japon (BoJ) n'étende son programme de rachat d'actifs pour revigorer l'économie. Elle a depuis tenté d'endiguer la panique en annonçant l'adoption de taux d'intérêt négatifs fin janvier mais la magie n'agit plus sur des marchés complètement angoissés.

De son côté, Sydney a perdu 1,17% tandis que Singapour, qui rouvrait après deux jours de pause, lâchait plus de 2%. Les marchés chinois et Hong Kong étaient de leur côté au repos pour le Nouvel an lunaire.

"Il y a cette peur qui grandit sur la solidité de la reprise dans le monde, la situation économique en Chine et la croissance aux États-Unis", a commenté pour Bloomberg TV Russ Koesterich, analyste chez BlackRock. "Ces craintes affectent le marché du pétrole, des actions et tous les actifs risqués", a-t-il estimé.

Après un début d'année calamiteux, les places financières ont particulièrement souffert cette semaine. Mardi, Paris a encore perdu 1,69%, Francfort 1,11%, Madrid 2,39%, Milan 3,21% et Londres 0,88%.

De son côté, la Bourse de New York, où les observateurs semblent désireux de trouver un plancher, n'a observé qu'une baisse minime, le Dow Jones perdant 0,08% et le Nasdaq 0,35%. "La volatilité l'emporte sur la logique", note John Plassard, chez Mirabaud Securities.

"Si les investisseurs espéraient une semaine calme", notamment en raison de la fermeture des marchés chinois, "le réveil a été très brutal", remarque Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

En attendant Yellen

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a battu en brèche le 9 février les espoirs d'une remontée des prix du pétrole à court terme, confirmant que le monde devrait rester submergé d'or noir face à une demande fragile. Et si le baril a rebondi le 10 février en Asie après son plongeon de la veille, ce répit ne devrait pas durer selon les analystes en raison de l'excès d'offre. Il a perdu 70% de sa valeur depuis juillet 2014.

Les investisseurs attendent en outre avec nervosité les chiffres hebdomadaires des réserves américaines de brut, publiés le 10 février. Au-delà du pétrole, "le stress sur le secteur bancaire prend de plus en plus d'ampleur et le risque de propagation est bien présent", prévient John Plassard, chez Mirabaud Securities.

Les valeurs bancaires sont particulièrement malmenées depuis le début de la semaine. À Tokyo, la mégabanque Mitsubishi UFJ a ainsi décroché le 10 février de 7,08% à 456,4 yens. Le secteur "fait face à de nombreux problèmes" dont une baisse des profits, une économie mondiale qui ralentit et des taux négatifs à travers la planète, réduisant de ce fait leur capacité à améliorer leur rentabilité au moment où la réglementation leur demande de renforcer leurs fonds propres, détaille M. Hewson.

"Il est assez simple de comprendre qu'elles ne peuvent pas faire tout en même temps", selon l'analyste. Les investisseurs s'interrogent sur la capacité des banques centrales à agir dans cet environnement économique mondial dégradé. Condamnées à en faire toujours plus depuis la crise financière de 2008, elles semblent aujourd'hui impuissantes à sauver le monde.

La BCE devrait probablement agir en mars mais c'est la Réserve fédérale américaine (Fed) qui concentre pour l'heure l'attention, alors que sa présidente Janet Yellen doit s'exprimer devant le Congrès américain les 10 et 11 février.

Le marché était jusqu'à présent convaincu que la Fed allait être très patiente avant de remonter à nouveau ses taux mais le dernier rapport sur l'emploi américain a comporté quelques bonnes nouvelles qui entretiennent la confusion sur l'avenir de la politique monétaire.


AFP/VNA/CVN

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