>>Tintin, le "ket" de Bruxelles devenu héros universel
Album intimiste d’Hergé, à part même, paru en 1963, Les Bijoux de la Castafiore est rythmé tout au long du suspense par les envolées lyriques de l’excentrique diva, qui s’est invitée au château de Moulinsart au grand dam du capitaine Haddock. Après la disparition des bijoux de la cantatrice, dont une précieuse émeraude, Tintin et le duo comique des détectives Dupond et Dupont vont se lancer sur les traces du voleur, empruntant de fausses pistes avant de dénicher le coupable.
Le comédien belge Amani Picci avec le chien qui joue Milou, lors de la première du spectacle Les Bijoux de la Castafiore à La Hulpe (Belgique). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
«J’ai toujours trouvé que c’était l’album le plus musical d’Hergé», confie le metteur en scène François de Carpentries, qui explique avoir réalisé «un rêve d’enfance». L’opéra, dont la première a eu lieu le 17 septembre, est donné jusqu’au 26 septembre en plein air au Château de La Hulpe, au Sud de Bruxelles. Cette bâtisse du XIXe siècle, entourée de quatre tours aux élégants toits pointus, rappelle immanquablement Moulinsart.
D’autres dates, notamment en France, devraient suivre. «Hergé est un génie, il est très visionnaire», enthousiasme M. de Carpentries, en rappelant que certains thèmes abordés dans la BD restent «brûlants». Comme les difficultés de communication entre les personnages, pourtant entourés de téléphones et autres médias «modernes» tels que la télévision, ou l’accueil des tziganes, les «Romanichels», forcés de vivre dans un dépotoir.
Tintin est interprété par Amani Picci, 13 ans. Question de génération, ce jeune fan de Céline Dion n’avait jamais lu de bande dessinée d’Hergé avant d’être choisi pour le rôle, mais il connaissait le jeune reporter intrépide par un dessin animé. Il confesse avoir reçu, lors des répétitions cet été, «beaucoup de conseils pour apprendre à gérer le stress» devant un parterre de 1.800 spectateurs. L’adolescent se dit en effet impressionné d’incarner «un emblème», une «légende».
«Perles de l’opéra»
Ce n’est toutefois pas Tintin qui tient le haut du pavé, mais la «très envahissante, très exubérante» Castafiore, souligne la soprano Hélène Bernardy. Dans l’histoire, la diva de la Scala de Milan est venue fuir la presse à sensation à Moulinsart, ce qui met d’exécrable humeur son irascible hôte, le capitaine Haddock, dont les bordées de jurons ponctuent la représentation. Jouer la Castafiore «est une vraie thérapie. Il faut jeter tous ses complexes au panier», observe Hélène Bernardy. Car son personnage est «extrême dans ses réactions et dans ses gestes», avec «une façon de ne jamais passer inaperçue».
Le risque, c’est de plonger «dans la caricature», souligne la soprano belge. La Castafiore «chante de très grands rôles, au Metropolitan à New York, à la Scala... Donc il faut rester chanteuse professionnelle et y ajouter tout le fun, le côté BD, rester fidèle à l’album». Associé pour toujours à la Castafiore, le fameux Air des Bijoux, extrait du Faust de Gounod, figure bien sûr en bonne place dans le spectacle, ainsi que d’autres «perles de l’opéra», selon M. De Carpentries, des morceaux de bravoure dignes d’une cantatrice à l’apogée de son art.
«Nous avons réfléchi à quel était le répertoire d’une diva de grand format. Car la Castafiore est non seulement un grand format physique mais aussi une grande chanteuse, qui maîtrise un répertoire très large, comme pouvait le faire la Callas», explique François de Carpentries.
Pour le récit, adapté des réparties très vives de l’album, les dialogues ont été réécrits sur des airs variés, tirés des grands classiques de l’art lyrique. Cet opéra est produit par l’association belge Opéra pour Tous, qui depuis vingt ans veulent attirer un large public vers des grands classiques de l’art lyrique.