Un dessin de Speedy Graphito dans la plus grande fresque murale d'Europe à Evry près de Paris, le 26 septembre. |
Quelque 200 litres de peintures, 250 bombes aérosols, 40 rouleaux et 17 jours de travail acharné : c'est, en chiffres, le résumé de la prouesse du street artiste français Speedy Graphito pour venir à bout de son œuvre format XXL.
"Quand j'ai vu le bâtiment, c'était tellement énorme, que je n'ai pas pu refuser. C'était une vraie difficulté, je me suis vraiment demandé comment j'allais faire", s'amuse l'artiste, la mèche dressée sur son crâne largement dégarni et des traces de peinture sèche sur les mains.
Perché dans une nacelle suspendue à une grue à 30 mètres de hauteur, ce pionnier du mouvement en France avoue avoir dû "vaincre (son) vertige" et travailler du lever au coucher du soleil : "j'aime quand la peinture devient une sorte d'exercice physique".
Amener le musée dans la rue
Sur la fresque, baptisée "Heroic Parade", se côtoient notamment Popeye, Mickey et Astro le petit robot, sur un fond saturé de couleurs vives, obtenu grâce à des vaporisateurs de jardinage. "J'ai choisi des personnages de la culture populaire, pour que les gens puissent facilement s'approprier l’œuvre et s'y reconnaître", explique-t-il.
Des travaux de rénovation de la salle prévus en 2017 signeront la mort de l'ouvrage. "Ce n'est pas grave, le côté éphémère me plaît. Les habitants vont s'habituer à vivre avec de l'art dans la rue. Quand on leur enlève, ça crée un manque, et ils s'aperçoivent à quel point c'est important", analyse Speedy Graphito.
La performance est l'un des points d'orgue du festival street art initié en janvier par la communauté d'agglomération d'Evry Centre Essonne et qui doit s'achever fin 2016.
Au total, une cinquantaine d'artistes locaux, nationaux et étrangers investiront les bâtiments des villes du territoire pour "amener le musée dans la rue", explique Nicolas Laugero Lasserre, le directeur artistique.
"Le street art, c'est un art visible, gratuit, accessible et immédiat, qui parle au plus grand nombre, assume-t-il. On appporte un supplément d'âme à l'architecture assez grise d'une ville nouvelle".