Les banques se mettent au vert

Les établissements de crédit favorisent de plus en plus les investissements en faveur de l’environnement. Les crédits "verts" se font une place de choix dans les outils de financement proposés par les banques.

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Selon la Banque d’État du Vietnam (BEV), les banques se ruent de plus en plus vers la fourniture des crédits aux projets verts. Ces prêts sont majoritairement accordés au secteur de l’agriculture verte (55%), à la gestion durable des eaux dans les zones urbaine et rurale (13%), au développement durable de la sylviculture (5,7%), ainsi qu’aux énergies renouvelables (3,5%).

Ces dernières années, le crédit fourni aux projets verts est devenu une véritable tendance.
Photo : VNA/CVN

Les statistiques de la BEV montrent qu’à l’heure actuelle, les banques nationales ont procédé à l’évaluation de crédit sur environ 24% des projets verts. En outre, 26% des banques, dont celles à capital entièrement étranger telles que HSBC et Standard Chartered, ont élaboré et mis en œuvre des procédures de gestion des risques environnementaux et sociaux pour leurs crédits.

La course aux crédits verts

Ces dernières années, les banques vietnamiennes ont opté pour des réajustements afin de rendre leurs crédits plus conformes à l’objectif de croissance verte. Alors que les fonds octroyés aux secteurs à risque tels que l’immobilier et la bourse se rétrécissent, nombre de banques commerciales ont intensifié le financement dans l’agriculture de haute technologie, l’énergie solaire et des projets respectueux de l’environnement.

Jusqu’à présent, c’est HDBank qui a débourse le plus grand montant de crédits verts. La banque a lancé une ligne de crédit de 10.000 milliards de dôngs pour les entreprises opérant dans l’agriculture de haute technologie et l’agriculture biologique à travers le pays, de 7.000 milliards pour financer le raccordement de l’énergie solaire au réseau électrique national, de 3.000 milliards pour le développement des énergies renouvelables dans les provinces d’An Giang (Sud), Binh Dinh et Ninh Thuân (Centre)… Le taux d’intérêt de ces prêts préférentiels est de 1 point de moins par rapport au taux actuel. Le montant de l’emprunt peut s’élever jusqu’à 80% de la valeur des biens hypothéqués, avec une échéance de dix ans maximum.

Étant également l’une des banques pionnières à déployer le programme de crédit vert pour contribuer à la protection de l’environnement, Nam Á Bank a signé un accord avec le Fonds de partenariat mondial pour le climat (GCPF). Ainsi, elle accordera des crédits verts à moyen et long termes à des projets promouvant la réduction des émissions de CO2 et à ceux permettant de diminuer de 20% la demande en énergie.

Pour la clientèle entreprise, Nam Á Bank propose des crédits verts pour l’achat de machines et de matériels, le complément de fonds de roulement pour la production et la commercialisation des produits et d’équipements respectueux de l’environnement, ou pour le financement de projets d’énergie solaire. Pour les particuliers, Nam Á Bank octroie des crédits pour l’achat de voitures, la consommation, l’investissement, la construction ou la réparation de logements... tant que ces besoins ne nuisent pas à l’environnement. Par exemple, pour le crédit auto, le véhicule doit respecter la norme européenne d’émission Euro 4 minimum.

En ce qui concerne les prêts pour le développement agricole et rural, la banque propose des crédits pour l’achat d’équipements de production agricole afin d’économiser l’énergie, de protéger la santé des consommateurs et l’environnement. D’après Trân Ngoc Tam, directeur général de Nam Á Bank, celle-ci souhaite œuvrer pour un environnement vert et une société durable par le biais du projet “Je choisis de vivre vert”. Une initiative qui contribue à la sensibilisation de la population aux énergies propres et renouvelables, technologies et équipements respectueux de la planète. À ce titre, le taux d’intérêt proposé est de l’ordre de 5-6% par an.

De nombreux challenges à relever

De nombreuses banques ont massivement décaissé en faveur de projets d'énergies renouvelables.
Photo : Trân Viêt/VNA/CVN

Par ailleurs, plusieurs autres banques ont massivement décaissé pour des projets de centrales solaires. Vietcombank a donc financé à hauteur de 785 milliards de dôngs BP Solar 1 à Ninh Thuân. Agribank a octroyé 950 milliards à Long Thanh dans la province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre). VietinBank a accordé un crédit de 1.000 milliards de dôngs à TTC N°1 dans la province de Tây Ninh (Sud). Plus récemment, TPBank a réussi à emprunter, sur un délai de trois ans, 20 millions d’USD pour alimenter les projets verts du GCPF au Vietnam.

Cependant, l’efficacité des crédits verts n’a pas été à la hauteur des attentes. Ceux-ci se sont heurtés à de nombreuses complications, selon les experts, tels que le long délai de récupération, le coût d’investissement et les risques élevés... De ce fait, la complexité dans l’évaluation constitue par conséquent un obstacle majeur. Afin d’encourager le dévelop-pement des crédits verts, il faut que la BEV ne les inclut pas dans le ratio de capitaux à court terme utilisés pour les prêts à moyen et long termes. En outre, elle devrait étudier la réduction du ratio de réserve obligatoire pour les dépôts.

Selon un responsable de la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV), activement impliquée dans le financement des projets verts, son établissement concentre les crédits sur les projets d’électricité, de traitement de déchets et de protection de l’environnement... Toutefois, le financement de ces projets se heurte une fois de plus à des mécanismes de priorité peu clairs, à des coûts d’investissement énormes et à un long délai. Comme les autres banques commerciales, les dépôts de BIDV sont essentiellement à court et moyen termes, alors que les crédits verts exigent de longues échéances.

Pour désamorcer ces difficultés, la BEV a créé un cadre juridique spécifique. Elle étudie et rédige un manuel sur l’évaluation des risques environnementaux et sociaux dans 11 secteurs économiques. L’objectif de croissance du Vietnam pour ces deux prochaines décennies mise sur une croissance durable ainsi que sur le développement d’une économie verte.

Le secteur bancaire, qui repré-sente environ 30% du produit intérieur brut national, joue un rôle très important dans le développement écologique au Vietnam. La BEV a une position politique très claire à ce sujet. Elle a publié des directives et mis en œuvre des programmes d’action afin d’orienter les activités bancaires en ce sens. Dans le cadre de la Stratégie nationale sur la croissance verte, la BEV a promulgué en 2015 une directive sur le renforcement des crédits verts. Il s’agit de promouvoir l’économie verte et d’encourager tous les établissements de crédit à évaluer les risques environnementaux et sociaux dans leurs transactions. En 2018, la BEV a adopté le plan de développement des banques vertes, avec l’objectif de généraliser les crédits verts dans 60% des banques en 2025.

Thúy Hà - Thê Linh/CVN

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