Les anciens villages de Hanoi encore dans la force de l'âge ?

Les anciens villages de Hanoi révèlent un riche patrimoine culturel, technique et architectural. Leur valorisation et leur sauvegarde dans le contexte d'urbanisation et de modernisation donnent matière à réflexion à la capitale bientôt millénaire.

Hanoi compte une centaine d'anciens villages qui portent à la fois les caractères communs des sociétés villageoises vietnamiennes et les traits propres des "villages citadins".

En raison des terres agricoles limitées, la plupart des villages de Hanoi possèdent des métiers traditionnels même si ces derniers se perdent peu à peu : la confection du côm (riz gluant jeune en granules aplaties) du village Vong, la confection du fromage de soja du village Ke Mo...

Les anciens villages de Hanoi comprennent tout d'abord des éléments dits "matériels" en tant qu'unité de base de la structure sociale traditionnelle des Vietnamiens (famille-village-nation). Ce sont la porte du village, le temple, la pagode, le puit et surtout la maison communale ou le dình, l'emblème du village vietnamien où se déroulent les rituels séculaires et spirituels. La maison communale sert à la fois de lieu de culte et de salle de réunion. Le dình est le centre de la vie politique, sociale et religieuse. Chaque village a son génie tutélaire et sa fête traditionnelle.

L'architecture de certains villages de Hanoi exprime le rapprochement culturel entre l'Orient et l'Occident, datant de la fin du 19e siècle et du début du 20e. Comme le village de Cu Dà où restent environ 30 anciennes maisons de Viêt côtoyant des villas au style architectural français.

Selon les experts, les anciens villages de Hanoi sont divisés en 2 types : les communautés rurales traditionnelles des Vietnamiens et les anciens villages présentant des traces d'acculturation avec la Chine (exprimée à travers l'architecture d'ouvrages publics comme pagode, temple...) et avec l'Occident comme Cu Da cité précédemment.

Des anciens villages en danger

Pour leurs valeurs matérielles et immatérielles, les anciens villages de Hanoi doivent être conservés. Mais en réalité, ceux qui sont restés intacts ne sont pas légion. Même Duong Lâm et Cu Dà, qui retiennent l'attention des autorités et de l'opinion publique, connaissent un développement "hybride", faute d'aménagement adéquat. Certains villages comme Hoà Muc sont menacés de disparition prochaine. Ces terres sont destinées à la construction de grands ensembles. Des arbres séculaires sont coupés, des portes de village, des maisons communales disparaissent. Face au boom démographique et à l'urbanisation galopante, la sauvegarde des valeurs précieuses des anciens villages est considérée comme urgente.

L'espace d'un village est altéré lorsqu'on en rétrécit la superficie et que dans le même temps, le besoin des habitants d'élargir leur résidence devient pressant. D'anciennes maisons aux toits moussus, qui devraient être classées comme patrimoines culturels, ont été transformées en bâtiments modernes.

Il suffit de se rendre au village de Duong Lâm pour avoir une idée générale des autres villages de la capitale. À 45 km du centre de Hanoi, Duong Lâm comptait 350 anciennes maisons en pierres de latérite qui étaient extraites du sous-sol de la région. Aujourd'hui, il n'existe que 50 résidences de ce type figurant dans la liste des patrimoines à être conservés. Les autres maisons ont cédé la place à des habitations modernes. Dans ce village reconnu héritage national, les anciennes maisons cohabitent avec de nouvelles constructions, créant un patchwork ressemblant à un habit rapiécé avec des pièces de couleurs différentes.

La transformation de l'architecture se fait conjointement au changement de mode de vie de la population. Les grands bâtiments aux portes souvent fermées, témoignent de la nouvelle manière de vivre des citadins au sein de villages où régnait autrefois une vie communautaire.

Patrimoine et tourisme pour le meilleur

Pour protéger les valeurs des anciens villages de Hanoi, les autorités, chercheurs doivent en faire l'état des lieux, inventorier les éléments tels que métiers traditionnels, mœurs et coutumes... Il est nécessaire de dresser des plans de conservation des villages représentatifs et ne pas en faire des musées "rigides". Les autorités devraient assister les habitants dans la restauration de leurs anciennes maisons pour qu'ils puissent à la fois conserver efficacement les héritages culturels et stabiliser leur vie. Le modèle "conservation du patrimoine-développement du tourisme solidaire" peut y être appliqué.

Par ailleurs, la politique de relogement en faveur des villages surpeuplés est nécessaire pour limiter la "transformation" des anciennes maisons en nouveaux bâtiments modernes. La sensibilisation des habitants afin de sauvegarder leur patrimoine est également importante. Sur le plan immatériel, il faut garder et valoriser les fêtes, métiers villageois, encourager les habitants à sauvegarder les moeurs et coutumes traditionnels. Tant de choses à faire pour protéger les valeurs matérielles et immatérielles des anciens villages de la capitale millénaire.

Thuân Thiên/CVN

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