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Dans la rue des arts communautaires de Phuc Tân, arrondissement |
Les arts communautaires se caractérisent par des interactions et un dialogue permanent avec la communauté concernée. Souvent, des professionnels du monde de l’art collaborent avec des personnes qui ne sont habituellement pas engagées dans une démarche artistique. Mais aujourd’hui, certains projets en la matière vont plus loin et exigent même un enracinement réel de l’artiste au sein de la communauté. Son engagement peut ainsi se dérouler sur plusieurs mois
et le processus de création fera participer la communauté elle-même.
Ces derniers temps, dans la capitale Hanoï, une série de projets d’arts communautaires a vu le jour. On peut citer la rue des arts de Phuc Tân, les fresques sur la rue Phùng Hung ou l’aire de jeux gratuit pour les enfants à Dông Anh.
Un art participatif
Parmi ceux-ci, la rue des arts de Phuc Tân est sans doute le projet le plus réussi, contribuant à changer la physionomie d’une petite rue bordant le fleuve Rouge. Autrefois encombrée de déchets, elle est aujourd’hui parée des œuvres d’une vingtaine d’artistes peintres vietnamiens et étrangers, devenant un vrai musée en plein air. Leurs créations valorisent la participation des locaux ainsi que les éléments culturels et historiques du lieu.
Avant la mise en œuvre du projet, deux séances de travail ont été organisées à la Maison de la culture du quartier de Phuc Tân où les artistes peuvent présenter aux habitants le projet intégral, l’idée derrière chaque œuvre ainsi que le profil des artistes-peintres. Ceux-ci "respectent" et "écoutent" toujours les habitants, selon Nguyên Thê Son, curateur de ce projet, et c’est bien cela l’une des facettes innovantes du projet.
"Les habitants de toutes les tranches d’âges interagissent avec les projets parce que ces derniers colorent leur vie. Depuis l’inauguration des œuvres, les personnes font attention à protéger leur cadre de vie. Ils s’intéressent aussi à décorer leur habitation avec des fleurs. Bref, l’environnement et la qualité de vie des habitants se sont nettement améliorés", souligne Nguyên Thê Son. Et d’ajouter qu’un système d’éclairage a également été installé pour que dans la soirée, les enfants puissent jouer, les personnes âgées se promener et les jeunes faire du sport à côté des œuvres. "Voir les habitants respecter ces œuvres et se mouvoir autour d’elles nous touche beaucoup", confie l’artiste.
Un art populaire
L’artiste Nguyên Thê Son, enseignant de l’École des beaux-arts du Vietnam, assure la responsabilité de curateur sur plusieurs projets d’arts communautaires dans le pays. Selon lui, ce genre artistique est né du besoin de s’exprimer des classes inférieures. Le graffiti est ainsi la première manifestation de ces arts communautaires. De cette manière, l’art est sorti des musées et des collections pour être investi par le peuple lui-même directement en bas de chez lui. "Les arts communautaires reflètent l’âme des citadins et attirent aussi les forces économiques, touristiques et contribuent largement à créer les industries créatives d’une ville".
Les arts communautaires sont un genre artistique tout nouveau au Vietnam. |
Photo : Thê Son/CVN |
Dans la ville de Tam Ky, province de Quang Nam (Centre), sous la main de jeunes artistes du Vietnam et de République de Corée, plus de 100 maisons du village de pêcheurs de Tam Thanh, ont revêtu un nouveau visage grâce à des fresques murales très colorées. Celles-ci, qui représentent des images familières du village vietnamien, ont contribué à attirer de nombreux visiteurs.
À Hô Chi Minh-Ville, ces derniers temps, le graffiti connaît un développement rapide avec le support des jeunes Viêt kiêu. Les œuvres réussissent à créer une interaction avec les spectateurs. Elles jouent le rôle de pont entre les habitants et les arts ainsi que contribuent à améliorer la vie spirituelle des habitants.
Un cadre juridique
Selon les spécialistes, nous entrerions ainsi dans "l’ère des arts communautaires". Pour favoriser le développement de ces activités, il faudra une liaison entre les autorités, les artistes et les habitants. Les autorités élaborent les mécanismes et décident des espaces où peuvent se monter les projets. Les artistes sont chargés de sélectionner les œuvres appropriées à chaque espace. Les habitants, en participant au processus de création des œuvres, se trouvent responsabilisés dans la protection et la préservation des œuvres.
L’élément le plus important, selon l’artiste Nguyên Thê Son, c’est la politique des autorités déterminant les arts communautaires comme un objectif de développement, c’est-à-dire tous les textes encadrant la pratique (censure, budgets, exemptions de taxes…).
Les spécialistes sont d’accord sur le fait qu’un espace dédié aux arts communautaires doit être multi-fonctionnel, c’est-à-dire être le lieu de rencontre de plusieurs activités et arts : expositions de peinture, spectacles artistiques, graffitis, etc.
Vân Anh/CVN