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Au moins 129 morts et 352 blessés : les attaques perpétrées vendredi soir 13 novembre à Paris, revendiquées par l'organisation jihadiste État islamique (EI), sont sans précédent.
Au surlendemain de ces attentats coordonnés, menés par au moins sept kamikazes, munis de kalachnikov, tous morts après l'explosion de leurs ceintures d'explosifs, les enquêteurs des services antiterroristes ont déjà identifié deux des assaillants.
La police patrouille le 14 novembre 2015 près du Bataclan à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'un, qui a participé à la prise d'otages sanglante dans la salle de spectacle du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefaï, est un Français de 29 ans. Né à Courcouronnes (Essonne), en banlieue parisienne, il était fiché pour sa radicalisation islamiste depuis 2010, mais n'avait "jamais été impliqué dans un dossier de filière ou d'association de malfaiteurs terroriste", selon le procureur de Paris, François Molins.
Il fréquentait assidûment la mosquée de Lucé, près de Chartres (Eure-et-Loir). Les enquêteurs tentent de confirmer que le kamikaze a bien séjourné en Syrie en 2014, selon des sources policières.
Condamné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun, il n'avait jamais fait de séjour en prison. Il a été identifié par ses empreintes, grâce à un doigt sectionné retrouvé dans la salle de spectacle parisienne où se tenait un concert rock lors de l'irruption des jihadistes.
Son père et son frère ont été placés en garde à vue. Leurs domiciles, situés respectivement à Romilly-sur-Seine (Aube) et Bondoufle (Essonne), ont été perquisitionnés samedi soir 14 novembre.
Pistes syrienne et belge
Les enquêteurs ont par ailleurs mis la main, près du corps d'un kamikaze du Stade de France, sur un passeport syrien appartenant à un migrant enregistré en Grèce, selon Athènes, mais inconnu des services français.
Outre cette piste syrienne, l'enquête a mis au jour une piste belge. Trois personnes ont été arrêtées par les autorités belges. Parmi elles, l'homme qui avait loué la Polo noire des kamikazes retrouvée garée devant le Bataclan, théâtre de la plus meurtrière des attaques qui ont touché Paris vendredi 13 novembre, avec au moins 89 morts. Les terroristes y ont "évoqué la Syrie et l'Irak", selon le procureur. Ces trois suspects "ne sont pas connus des services de renseignements français", a précisé le magistrat.
Selon François Molins, trois assaillants sont morts au Bataclan, trois autres se sont fait sauter près du Stade de France, où 80.000 personnes, dont le président Hollande, assistaient au match amical de football France-Allemagne, et un dernier boulevard Voltaire.
Les trois autres attaques ont visé des bars et des restaurants notamment rue de Charonne (19 morts) et rue Alibert (15 morts). Les assaillants ont ouvert le feu à des centaines de reprises. Dix mois après les attaques contre le journal satirique Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, qui avaient fait 17 morts, ces attentats ont réveillé de douloureux souvenirs.
La journée du 15 novembre s'annonce sous le signe du recueillement, avec le début d'un deuil national de trois jours décrété par François Hollande. Les cathédrales, comme Notre-Dame, sonneront le glas. Musées, salles de spectacle et établissements culturels publics resteront fermés en Île-de-France. Les écoles rouvriront lundi 16 novembre, quand une minute de silence sera observée à midi partout en France.
Après son prédécesseur Nicolas Sarkozy dans la matinée, le chef de l'État reçoit à l'Elysée les responsables parlementaires des deux chambres et les chefs de partis pour tenter d'établir l'unité nationale. Avant de s'exprimer devant le Congrès à Versailles lundi, une première pour lui.
Acte de guerre
Le président, qui a qualifié les attentats d'"acte de guerre", a décidé de porter à 3.000 le nombre de renforts militaires déployés en France. Sur le front extérieur, la France, engagée militairement en Syrie et en Irak, "frappera" Daech pour le "détruire", a renchéri le Premier ministre Manuel Valls.
En dépit de l'interdiction des manifestations à Paris jusqu'à jeudi 19 novembre, des centaines de personnes se sont rassemblées le soir du 14 novembre place de la République, haut lieu de la mobilisation post-Charlie, où la devise de la capitale "Fluctuat nec mergitur" ("Il est battu par les flots mais ne sombre pas") a été peinte en grand. Des Parisiens se sont retrouvés près des sites visés par les attentats, comme devant le Bataclan. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de province.
À travers le monde, se sont déroulées de nombreuses manifestations de solidarité avec la France, notamment de l'autre côté de l'Atlantique, à New York, Washington ou au Canada. Après l'antenne de la tour du World Trade Center à New York, érigée sur le site du 11-Septembre, et l'immense tour CN à Toronto, l'emblématique Opéra de Sydney s'est paré des couleurs bleu, blanc, rouge du drapeau français, tout comme la Porte de Brandebourg à Berlin, Trafalgar Square à Londres, ou encore le Christ rédempteur surplombant Rio de Janeiro.