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L'Insee voit l'économie française en "clair-obscur" d'ici la mi-2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les performances de la France envisagées par l'Institut national des statistiques (Insee) pour les six prochains mois sont conformes avec une situation mondiale elle aussi en demi-teinte.
"La crainte d'un retournement conjoncturel global semble s'atténuer, mais on peine à discerner le mouvement d'ensemble qui serait susceptible de redonner du souffle à l'économie mondiale", a déclaré lors d'une présentation à la presse Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'Insee.
La hausse du produit intérieur brut (PIB) devrait dans ces circonstances se maintenir autour de 0,3% par trimestre, comme depuis début 2018.
Tout en confirmant sa prévision d'une croissance à 0,3% pour le dernier trimestre de 2019, l'institut table plus précisément sur 0,2% de hausse du PIB au premier trimestre 2020, puis 0,3% au deuxième.
Le fléchissement anticipé en début d'année prochaine est notamment lié aux élections municipales, avec un cycle de fortes dépenses des municipalités qui touche à sa fin.
Selon l'Insee, il est trop tôt pour avoir une estimation macroéconomique de l'impact de la grève des transports en cours. "Mais si la grève durait pendant toutes les vacances de Noël et restait aussi intense, notre prévision serait peut-être susceptible d'être revue en légère baisse", a expliqué M. Pouget.
Il rappelle que le mouvement social de la fin 1995 avait amené l'institut à revoir en baisse de 0,2 point de pourcentage la croissance du quatrième trimestre cette année-là. Mais aujourd'hui "la production industrielle ne paraît pas touchée, alors qu'en 1995 elle avait été affectée par des blocages divers".
Les autres grèves depuis ont eu un impact qui n'a pas dépassé 0,1 point de croissance.
Érosion industrielle
L'Insee, qui a prévu 1,3% de croissance pour 2019, ne donne pas à ce stade de prévision pour l'ensemble de 2020. M. Pouget s'est contenté d'indiquer que si la croissance se maintenait à 0,3% aux troisième et quatrième trimestres, la hausse du PIB atteindrait 1,1% sur l'ensemble de 2020, ce qui correspond à la prévision annoncée lundi par la Banque de France.
Dans le détail, la consommation devrait rester au cours des six prochains mois le principal soutien de l'activité en France, avec la poursuite de la transmission progressive des gains de pouvoir d'achat aux dépenses des particuliers.
"Du côté des ménages, la confiance s'est redressée assez nettement depuis un an avec l'accélération du pouvoir d'achat, après le creux lié à la crise des gilets jaunes en fin d'année 2018", constate M. Pouget.
Le chômage devrait baisser à 8,2% de la population active à la mi-2020, contre 8,4% fin 2019, malgré un fort coup de frein des créations nettes d'emplois qui tomberaient à 88.000 sur les six premiers mois de l'an prochain, contre 263.000 en 2019.
Côté entreprises, l'investissement continuerait à contribuer positivement à la croissance mais en se tassant. L'Insee relève aussi une divergence accrue entre un climat des affaires en hausse dans le bâtiment et les services d'une part, et en baisse dans l'industrie de l'autre.
"La croissance française pâtirait de l'érosion de la production industrielle", met en garde la note de conjoncture.
Enfin "le commerce extérieur continuerait de peser sur l'activité, à l'exception d'un soutien ponctuel en fin d'année (2019), un paquebot et de nombreux avions étant livrés" par la France, a expliqué Frédéric Tallet, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'institut.
Au plan international, les incertitudes semblent s'éloigner avec l'accord sur le Brexit et le résultat des élections au Royaume-Uni qui ouvrent la voie à une sortie ordonnée du pays de l'UE au 31 janvier, même si un accord commercial avec les 27 reste à négocier pour la fin de l'année prochaine.
Et si les États-Unis "souffrent le chaud et le froid" dans les négociations commerciales avec la Chine, ils "semblent peut-être désireux de faire aboutir un accord avec les élections présidentielles" prévues en novembre 2020, veut croire M. Pouget alors qu'un accord commercial préliminaire a été conclu vendredi 13 décembre entre Washington et Pékin.
AFP/VNA/CVN