>>Trump minimise l'impact de la guerre commerciale sur les États-Unis
>>Les négociations États-Unis - Chine se compliquent encore
Des conteneurs en provenance de Chine, le 6 novembre au port de Los Angeles, en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Certes Washington et Pékin y ont inclus de grandes thématiques chères à l'administration Trump, en particulier la protection de la propriété intellectuelle, les transferts forcés de technologies ou encore le renforcement des échanges commerciaux entre les deux premières puissances économiques du monde.
Toutefois, les responsables se sont bien gardés de rendre publics les détails du traité, livrant une poignée de données chiffrées et ne révélant pas comment la Chine allait concrètement procéder pour mettre en œuvre les changements structurels exigés par le président Donald Trump.
L'hôte de la Maison Blanche avait engagé en mars 2018 une guerre commerciale pour mettre fin aux pratiques commerciales chinoises jugées "déloyales", incriminant le vol de la propriété intellectuelle ou encore l'obligation pour les entreprises américaines de partager leur savoir-faire industriel en échange de l'accès au marché chinois.
L'administration américaine y a vu une menace pour la domination économique des États-Unis.
Dans l'accord, qui doit encore être officiellement signé, potentiellement début janvier, les Américains ont mis en exergue l'engagement de la Chine d'importer, au cours des deux prochaines années, 200 milliards d'USD de produits américains supplémentaires du secteur de l'énergie, manufacturier, du secteur agricole (quelque 50 milliards d'USD), et des services.
En échange, Donald Trump a annoncé qu'il renonçait à imposer, dimanche 15 décembre comme initialement prévu, une nouvelle salve de tarifs douaniers sur quelque 160 milliards d'USD de biens chinois.
De plus, les droits de douane de 15% sur 120 autres milliards de biens chinois, en vigueur depuis le 1er septembre, seront réduits de moitié (7,5%).
En revanche, les droits de douane additionnels de 25% portant sur l'équivalent de 250 milliards d'USD de marchandises chinoises vont rester en place, a assuré l'administration Trump.
"Au-delà du fait que l'accord manque de substance et ne comporte qu'une diminution des tarifs douaniers mineure (puisque les droits de douane demeurent sur les deux tiers des importations en provenance de Chine), l'impact macroéconomique de l'accord est négligeable", ont résumé Lydia Boussour et Gregory Daco, économistes d'Oxford Economics dans une note.
Le résultat paraît d'autant plus modeste qu'il intervient "après d'importants dommages économiques", renchérit Edward Alden, expert en politique commerciale au Council on Foreign Relations.
Gage de confiance
La croissance du géant asiatique pourrait ainsi tomber en-dessous de 6% lors du dernier trimestre alors que l'économie du pays fait face aux "plus grandes difficultés et défis de son histoire", avait prévenu récemment un haut responsable chinois.
En outre, l'accord "ne résout pas vraiment les problèmes structurels très profonds de l'économie chinoise", a expliqué M. Alden, soulignant que la résolution des points les plus contentieux, à l'instar des subventions chinoises, a été remise à plus tard.
Pour autant, les économistes soulignent que cette trêve a le mérite de calmer le jeu après près de deux ans de bras de fer inédit menaçant la croissance mondiale.
"Nous étions en quelque sorte au bord du gouffre", note Mary Lovely, économiste au Peterson Institute for International Economics.
Conclure un accord est en soi "important", reconnaît-elle car cela va réduire l'incertitude.
Et le fait que les Chinois aient pu nouer un accord avec les États-Unis augure des progrès potentiels dans leurs pratiques commerciales, dit-elle.
Reste qu'"il est très difficile d'appeler cela une grande victoire dans la guerre commerciale", souligne Edward Alden.
Pour l'expert, le grand bénéficiaire pourrait finalement être le président américain, en course pour sa réélection. "C'est bon pour Trump parce que cela va calmer les marchés d'ici 2020", année de l'élection.
Les économistes s'accordent aussi à dire que cela va renforcer la confiance des consommateurs américains notamment, déjà à un niveau élevé.
Vendredi 13 décembre, le vice-ministre chinois du Commerce, Wang Shouwen, notait que le traité allait être bénéfique aux économies des deux pays et créer un environnement propice aux investissements.
Et alors que Donald Trump fait l'objet d'une procédure de destitution, l'économie reste son principal atout.