Née en 1973, Pham Thi Huê est enseignante de luth à quatre cordes de l'Académie nationale de musique du Vietnam. Elle est à ce jour la seule artiste contemporaine de ca trù pouvant jouer de ce luth tout en chantant.
En juin dernier, son club a été invité à participer au Festival des patrimoines immatériels d'Asie organisé en République de Corée, où elle a été très appréciée du comité d'organisation qui lui a proposé de poser sa candidature au WMOC. Avec près de dix années de contact avec le ca trù lui ayant permis de devenir la première chanteuse et instrumentiste du Vietnam, Pham Thi Huê figure dans la liste de plus de 85 artistes mondiaux reconnus par cette organisation.
"Rencontrer et échanger des expériences avec d'autres artistes du monde, c'est l'occasion pour moi de promouvoir le ca trù ainsi que de diffuser les valeurs culturelles immatérielles de mon peuple", a confié Huê.
Actuellement, le club Thang Long comprend 20 chanteuses et instrumentistes. Fondé en août 2006, il compte parmi ses membres fondateurs quelques-uns des meil-leurs artistes du pays dont Nguyên Thi Chuc et Nguyên Phu De. Parmi les dizaines clubs similaires, il est considéré comme l'un de ceux réunissant le plus de jeunes chanteuses et d'instrumentistes de talent. Il organise plusieurs activités significatives dans la préservation de trésor culturel du pays, à commencer par des spectacles de ca trù dans l'espace de la maison communale, dont une soirée en mémoire de l'Artiste du peuple Quach Thi Hô, une "légende" du ca trù. Sans oublier d'enseigner cet art aux jeunes passionnés.
Suite à divers événements historiques, le hát cua dình (chant à l'entrée de la maison communale) - une autre appellation du ca trù - a disparu.
Le ca trù est inscrit depuis 2009 par l'UNESCO sur la Liste du patrimoine immatériel nécessite une sauvegarde urgente. Le ca trù, une forme complexe de poésie chantée que l'on ne trouve que dans le Nord du Vietnam et utilisant des paroles écrites selon les métriques traditionnelles, existe depuis environ le 15e siècle. Actuellement, il possède 56 formes musicales ou mélodies différentes.
Le ca trù est né du hat cua dinh (chant à l'entrée de la maison communale), un chant religieux dédié au génie tutélaire du village. C'est une forme de chant rituel, accompagné de danses, qui était représenté à l'entrée de la maison communale. Jusqu'à présent, Thang Long est le seul club à avoir joué du ca trù dans l'espace d'une maison communale.
Chaque soir, le chant des courtisanes résonne en certains lieux de l'ancien quartier de Hanoi, destinations originales pour les touristes du monde entier amoureux de folklore. "L'ancien quartier est en harmonie avec le ca trù, au sein d'un espace architectural de Hanoi d'autrefois. C'est une destination de tous les touristes étrangers venant à Hanoi. Et ce que les amoureux du ca trù souhaitent, c'est qu'il tienne compte de ses auditeurs d'où qu'ils soient", a indiqué la chanteuse Bach Vân, présidente du club du ca trù de Hanoi.
Outre les chanteurs et instrumentistes, chaque représentation destinée aux étrangers voit la présence d'un speaker interprète pour présenter le contenu des chants ca trù vietnamiens. Plusieurs touristes étrangers aiment découvrir des chants folkloriques vietnamiens. "Les représentations doivent maintenir les anciens caractères. On n'y interprète que des oeuvres consacrées par le temps. En plus, notre but est de préserver et valoriser le trésor du +ca trù+ auprès du peuple", a confié Pham Thi Huê.
< Le club de ca trù Thang Long a deux lieux de représentation : le temple Quan Dê au 28, rue Hàng Buôm, et l'antique maison au 87, rue Ma Mây. Chaque samedi soir, il y a deux séances : 19h00-20h00 dans la rue Ma Mây et 20h00-21h00 dans la rue Hàng Buôm. L'entrée est de dix dollars par personnes. Il s'agit désormais de rendez-vous habituels pour les amoureux de ca trù de Hanoi.
Thuy Hà/CVN