Dà Nang, le village de l'espoir. |
Photo : Hồ Ngọc Vĩnh Nguyên |
Au milieu de la ville de Dà Nang, au 209 Dũng Sĩ Thanh Khê, dans une rue comparable aux autres, se trouve une maison modeste où il fait bon vivre. Il s'agit de la maison Làng Hy Vọng, baptisée “le village de l'espoir” qui accueille depuis plus de 20 ans des enfants défavorisés ou en situation de handicap.
La vie au village de l'espoir
Mai est une jeune fille de 17 ans, elle vit une vie normale comme toutes les adolescentes de son âge. Mais, Mai est sourde, alors depuis son enfance elle étudie au village de l'espoir parmi 100 étudiants qui ont le même handicap. Elle est épanouie, assidue et réalise de brillantes études.
Ici, les enfants défavorisés suivent un programme adapté et efficace. Tout est structuré et organisé en fonction des difficultés de l'enfant. En effet, le village accueille des enfants sourds, muets, hyperactifs et autistes, ainsi qu’une structure pour les orphelins. Créé en 1999, cet établissement est référencé, il intègre les programmes scolaires officiels et est chargé de la formation professionnelle. Depuis sa création, près de 600 enfants ont pu bénéficier de la qualité de son enseignement et de son encadrement. Une période significative qui lui permet de connaître une forte croissance ces dernières années.
Mme Lê Phương Thảo, sous directrice depuis 15 ans, raconte : “Beaucoup de personnes m'ont demandé: Quelle est la plus triste histoire ici? Je leur ai toujours répondu: Il n'y a aucune histoire triste. Les enfants sont heureux. Ils sont comme des frères et sœurs. Il n'est pas nécessaire d'exploiter les épreuves qu'ils ont endurées”.
Pour certains, le village de l'espoir paraît spécial, voir insolite. Mais pour ses professeurs, il n'y a pas de différence.
Les héros méconnus
Mme Thảo avec ses étudiants au cours de peinture. |
Photo : Hồ Ngọc Vĩnh Nguyên |
L'épanouissement des enfants est le résultat d'une grande motivation des professeurs. “Après avoir travaillé ici pendant 3 ans, je me suis marié et j'ai eu mon premier enfant. À l'époque, je voulais tout abandonner et trouver un autre travail plus valorisant où je pouvais gagner plus d'argent pour ma famille”, se confie Mme Thao. “Heureusement, il y a un événement qui m'a fait changer d'avis et que je n'oublierai jamais. C'était une journée normale. Nous recevions des visiteurs qui offraient des cadeaux aux enfants. Mais un garçon refusait systématiquement. Intriguée par sa réaction, je l'ai interrogé et il m'a répondu qu'il voulait que le cadeau puisse être donné à son ami. Ses paroles étaient d'autant plus émouvantes pour moi, car ce garçon avait enduré beaucoup de pertes dans sa vie. Mais il pensait davantage aux autres. Sa réaction m'a bouleversé et m'a convaincu de consacrer ma vie à ces enfants”.
Pour Mme Lê Thị Thuý Hằng, jeune professeur du langage des signes, sa motivation est un peu différente. “Il y a beaucoup de bruits magnifiques que l’on ne sait apprécier. Mais pour les enfants ici, c'est leur rêve. Je voudrais aider les enfants sourds et muets à sentir la beauté de ces bruits. Je crois que ces enfants ne sont pas différents. Il n'y a aucune discrimination entre les uns et les autres. Ils peuvent aussi obtenir de grandes choses”, insiste Mme Hằng.
Les réussites
Mme Hằng, professeure de la langue des signes. |
Photo : Hồ Ngọc Vĩnh Nguyên |
Grâce à leur dévouement, les étudiants obtiennent de bons résultats scolaires et une insertion professionnelle réussie. Certains reçoivent une bourse d'étude pour étudier en France ou aux États-Unis. D'anciens élèves créent de petites entreprises, par exemple, un ancien étudiant a fondé une société pour les personnes sourdes et muettes dans la ville de Quang Ngai. D'autres après avoir fini leurs études reviennent au village pour enseigner à la nouvelle génération, avec autant de motivation que leurs anciens professeurs, cultivant ainsi l'espoir de la réussite pour chaque enfant.
Les jeunes enfants ont aussi d'autres manières d'exprimer leur gratitude. Pour le 20/11 (La fête des enseignants vietnamiens), ils confectionnent des fleurs en tissus et papiers réalisées pendant les cours de couture.
Chaque année, à l'occasion de l'anniversaire de sa création, personne ne manque à l'appel, maris, femmes et enfants, se retrouvent ici, comme une “vraie famille” - Voilà le secret de la réussite de la maison Làng Hy Vọng, le village de l'espoir.
Afin de finir cet article, je voudrais utiliser une phrase du poème “Le Cimetière marin” de Paul Valéry : “ Le vent se lève, il faut tenter de vivre”. Quand la vie se corse, comme pour les enfants au village de l'espoir, nous devons surmonter les défis, allumer notre espoir afin d’amener le bonheur en nous.
Hồ Ngọc Vĩnh Nguyên/CVN