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Féru des Villon, Hugo, Balzac, Baudelaire…, Vu Đình Liên a ressenti intensément la vie du peuple vietnamien qu’il a couché sur papier avec Ông đồ (Le vieux lettré), un chef-d’œuvre littéraire assurément immortel.
Ayant été le premier doyen de la Faculté de français, fondée en 1962 (aujourd’hui l’Université de langues et d’études internationales, relevant de l’Université nationale de Hanoï), Vu Đình Liên a beaucoup contribué au maintien et au développement de cette faculté qui, dès le début, a dû faire face à beaucoup de difficultés et de défis incroyables.
* Nguyên Van Quang, élève de Vu Đình Liên, est enseignant, traducteur et journaliste. Il écrit beaucoup sur la France, sa culture, ses grands hommes. Il a traduit en vietnamien des œuvres françaises (poèmes de Hugo, Baudelaire, Apollinaire, nouvelles de Balzac, Maupassant, Le grand Meaulnes d’Alain Fournier, etc.). Il compose aussi des poèmes en français.
Mỗi năm hoa đào nở
Lại thấy ông đồ già
Bày mực tàu giấy đỏ
Bên phố đông người qua.
Bao nhiêu người thuê viết
Tấm tắc ngợi khen tài :
"Hoa tay thảo những nét
Như phượng múa rồng bay !"
Nhưng mỗi năm mỗi vắng
Người thuê viết nay đâu ?
Giấy đỏ buồn không thắm
Mực đọng trong nghiên sầu…
Ông đồ vẫn ngồi đấy
Qua đường không ai hay
Lá vàng rơi trên giấy
Ngoài giời mưa bụi bay.
Năm nay đào lại nở
Không thấy ông đồ xưa
Những người muôn năm cũ
Hồn ở đâu bây giờ ?
Vu Dinh Liên/CVN
(Báo Tinh hoa, 1936)
Le Vieux lettré
On retrouve toujours le vieux lettré
Encre de Chine, papier pourpre étalés
Sur un trottoir aux côtés de tant de passants.
Nombreux ils demandent une calligraphie
Puis prodigues de louanges s’extasient :
"Quel tour de mains pour ainsi tracer des traits si bons
Comme la danse du phénix, le vol du dragon !"
Mais année après année, plus nombreux sont les absents
Les demandeurs des calligraphies, où sont-ils ?
Le papier devient triste de perte des éclats brillants
Dans l’écritoire nostalgique sèche l’encre de Chine vil...
Le vieux lettré est toujours assis là
Ils passent leur chemin, nul ne le voit
Les feuilles jaunes tombent sur le papier
Près de lui le crachin vacille toute la sombre journée.
Cette année s’ouvre de nouveau la fleur de pêcher
On ne voit plus le vieux lettré
Les esprits d’hommes des temps passés
Où errent-ils, de ne jamais vouloir vivre vil ?
(Journal L’ÉLITE, 1936)