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Le Têt est la fête la plus importante de l’année pour les Vietnamiens. |
Photo : CTV/CVN |
Depuis des temps immémoriaux, au Vietnam, le Têt (Nouvel An lunaire) est vu comme la fête traditionnelle la plus importante de l’année. "Dans la conception de la communauté vietnamienne, le mot de +Têt+ renferme en lui une valeur culturelle et humaine sacrée et incomparable", explique le chercheur en culture folklorique, Nguyên Hùng Vi.
Le Têt, c’est l’arrivée du printemps, la saison au doux climat tendre où les plantes se mettent à bourgeonner. C’est aussi la période où les travaux champêtres arrivent à leur fin. C’est donc l’occasion pour toutes les familles de se réunir au grand complet et de témoigner leur reconnaissance envers leurs ancêtres et, pour la communauté villageoise, d’entreprendre ensemble des réjouissances printanières. Enfin, c’est l’opportunité pour tout le monde de se faire beau et de se montrer vertueux, tant en apparence que moralement. En résumé, c’est l’occasion pour les beautés de la vie de l’emporter sur tout le reste lors d’une parenthèse de l’année.
Une fête commune aux 54 ethnies
La vie se modernise du fait du développement socio-économique et de l’intégration internationale du pays. Ainsi, on observe déjà cette tendance à voir se transformer ou tout simplement disparaître certaines caractéristiques traditionnelles des ethnies vietnamiennes. Pourtant, s’il y a bien une tradition qui perdure en cette époque de changement effréné, c’est bel et bien la fête du Têt qui se déroule dans tout le pays, sans exception.
Des questions sur son adaptation à l’époque moderne se posent toutefois dans les familles. Avec les deux calendriers, les travailleurs vietnamiens ont droit non seulement à des congés payés à l’occasion du Têt, mais aussi d’un autre jour pour le 1er janvier du calendrier solaire, qui survient un mois environ avant le Nouvel An lunaire.
À l'arrivée du Têt, on se met à espérer une nouvelle année plus heureuse et plus prospère pour sa famille et sa communauté. |
Photo : CTV/CVN |
Ainsi, un certain nombre de personnes, surtout les adolescents dits "progressistes", se demandent s’il ne serait pas plutôt préférable de réunir les deux événements festifs en un seul. Le Têt et son lot de règles représentent en effet pour quelques-uns d’entre eux un inconvénient hérité d’une autre époque et inadapté aux changements actuels de la vie moderne tournée vers une autre manière de conduire des festivités. Par exemple, nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas rentrer dans leur village natal pour participer à une longue réunion de famille accompagnée de pratiques rituelles plutôt obscures. Par ailleurs, nombre de jeunes citadins choisissent plutôt ce moment de l’année pour voyager.
"Cet avis n’est celui que d’une petite minorité. Comme toujours, du Nord au Sud, des plaines aux régions littorales ou montagneuses, le Têt traditionnel est accueilli à bras ouverts chez les familles vietnamiennes", réplique Nguyên Hùng Vi.
Selon lui, le Têt traditionnel revêt de hautes valeurs dans la vie culturelle et spirituelle des Vietnamiens. Il a notamment beaucoup contribué à la formation et à l’existence durable d’une nation comprenant 54 ethnies. "C’est le signe symbolique de la réunification, du consentement et de l’identité de la nation vietnamienne", affirme le folkloriste.
Des principes du bien
Débutant une nouvelle année, "le Têt porte en lui les principes du bien", estime le chercheur Nguyên Hùng Vi, pour quatre raisons et aspects majeurs de cette tradition. Tout d’abord, le Têt permet d’entretenir une union cohérente entre les membres de la famille (considérée comme centrale dans la société), du village puis de la communauté.
Ensuite, tous les citoyens sont unis derrière la même volonté de réussir le Têt. Qu’ils soient riches ou pauvres, tous les Vietnamiens font de leur mieux pour passer un bon Têt en famille.
Troisièmement, le Têt offre l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur ses actions et ses comportements de l’année écoulée afin d’en tirer des leçons pour l’année suivante et d’exprimer sa reconnaissance aux ancêtres. La piété filiale est en effet une des vertus cardinales des Vietnamiens.
Enfin, à l’arrivée du Têt, on se met à espérer une nouvelle année plus heureuse et plus prospère pour sa famille et sa communauté. La tradition veut par exemple que, pendant les vacances du Têt, on n’emploie pas de vulgarités ou qu’on ne se dispute pas. Au contraire, c’est l’occasion de former des vœux pour autrui, d’offrir des cadeaux aux personnes âgées et des étrennes aux enfants.
Le Têt apporte également son lot de beautés, de couleurs et de sons joyeux. Tout le monde s’applique à décorer sa maison avec des fleurs et de nouveaux objets, à se rendre élégants, à participer activement aux moments de convivialité… Pour les Vietnamiens, le Têt est quelque chose de bon et de sacré, empreint de beauté, de joie, de réconciliation et de bonheur.
"Tout cela suffit pour affirmer que le Têt est un patrimoine culturel immatériel de haute valeur. D’une importance incomparable, cette fête annuelle existe et existera à jamais dans la vie des Vietnamiens", affirme le chercheur Nguyên Hùng Vi.
Le folkloriste répond aussi à l’évolution de cette tradition et ne la rejette pas. "Loin d’être une loi, le Têt est une pratique coutumière que les Vietnamiens observent à volonté et avec respect. Chaque personne ou chaque famille a sa manière de fêter le Têt dans des conditions convenables", éclaire Nguyên Hùng Vi, à une époque où de plus en plus de personnes choisissent de voyager pendant la période du Têt. Une nouvelle tendance chez les jeunes, dans laquelle des "conservateurs" voient "un renoncement à la tradition du Têt".
En désaccord avec le jugement susmentionné, le chercheur affirme que le Têt vietnamien reflète aussi la liberté des citoyens. "L’important, ce n’est pas la manière de fêter le Têt, mais la manière de se comporter avec la tradition ancestrale parce que le Têt traditionnel renferme en lui le concept de vrai, de bien et de beau, ce qui fait la fierté des Vietnamiens", conclut Nguyên Hùng Vi.