>>Le buffle dans la vie culturelle et spirituelle des Vietnamiens
>>Une exposition sur le buffle à Dà Nang
"Chan trâu thôi sáo", une estampe connue de la peinture folklorique de Dông Hô. |
Photo : ST/CVN |
Environ 70% des Vietnamiens vivent en milieu rural et tirent leur subsistance de l’agriculture. Le buffle est donc considéré toujours comme un animal familier pour les Vietnamiens, un compagnon inséparable des paysans.
Symbole du travail acharné, avec toute sa sueur et son labeur, cette bête est étroitement liée aux agriculteurs. Pour eux, elle fait partie de leur patrimoine et l’acheter est aussi important que la construction d’une maison ou un mariage. Cela est illustré par un proverbe : "Acheter un buffle, se marier, construire une maison. Ces trois tâches sont toutes difficiles".
Autrefois, les familles riches accumulaient de nombreux buffles forts pour le labourage et le commerce. Le proverbe "Con trâu là đâu co nghiêp" (Le buffle est l’essentiel de la fortune) découle de cette pratique, suggérant que cet animal était la pierre angulaire d’une société prospère.
Aujourd’hui, les familles aisées aiment accrocher des têtes et des cornes de buffle sur les murs de leur maison comme souvenirs des jours passés où leurs ancêtres dépendaient tellement de ces nobles animaux pour survivre.
L’art vietnamien est également imprégné de l’image de cette bête. On la retrouve dans différentes œuvres littéraires et picturales. Les statues d’argile de buffles furent parmi les premières œuvres d’art découvertes au Vietnam.
L’image d’un jeune garçon assis sur le dos d’un buffle et jouant de la flûte est emblématique d’une campagne vietnamienne idyllique. Chan trâu thôi sáo (Garder le buffle en jouant de la flûte) est ainsi une des plus célèbres estampes de Ðông Hô, du village éponyme dans la province de Bac Ninh (Nord).
Elle reflète la vie simple et les traditions culturelles des zones rurales vietnamiennes. Ces images populaires fortement ancrées dans la culture du delta du fleuve Rouge servaient jadis à décorer l’intérieur des maisons lors du Têt (Nouvel An lunaire).
Le buffle étant profondément ancré dans le folklore, des fêtes qui lui sont associées se déroulent un peu partout dans l’ensemble du pays, attirant chacune des milliers de touristes chaque année.
Bien des légendes associées au buffle
On ne sait toutefois pas avec certitude quand ce bovidé a été domestiqué pour la première fois, mais des fossiles de buffles datant de dizaines de milliers d’années ont été trouvés dans des grottes des provinces de Lang Son, Hoà Binh (Nord) et Hà Tinh (Centre). Des ossements ont également été découverts à Hai Phong, Hanoï et Phú Tho (Nord). Selon des archéologues, le Vietnam aurait commencé à domestiquer les buffles il y a environ 5.000 ans.
Le lac de l’Ouest est appelé autrefois "Lac du Buffle d’Or" (Hô Kim Nguu). |
Photo : Thúy Hà/CVN |
Outre le fameux lac de l’Épée restituée (Hô Hoàn Kiêm ou Hô Guom) - un des symboles de Hanoï, le lac de l’Ouest (Hô Tây) - le plus étendu de la ville - est aussi connu par de nombreux visiteurs. Mais peu de personnes savent que son ancien nom est Hô Trâu Vàng ("Hô Kim Nguu" en sino-vietnamien) ou lac du Buffle doré.
Selon la légende, le lac se serait formé à partir de la lutte d’un buffle d’or après la disparition de son bufflon. Il aurait frappé le sol de ses sabots et créé un grand orifice dans la terre. Rempli d’eau, le lac aurait ainsi été appelé Trâu Vàng.
Le buffle est également présent dans d’autres légendes. En voici une d’entre elles. Avant de devenir roi, lorsque Ðinh Bô Linh (futur Đinh Tiên Hoàng - premier empereur du Ðai Cô Viêt, ancêtre du Vietnam, de 968 à 979 après J.-C et fondateur de la dynastie des Ðinh) était encore un petit garçon, il devait s’occuper des buffles dans les champs.
À cette époque-là, le gamin aimait jouer au général avec ses amis en simulant des batailles sur le dos des buffles. C’est probablement lors de ces joutes que le futur leader se familiarisa avec la stratégie militaire, ne sachant peut-être pas encore que bien plus tard, il allait vaincre 12 seigneurs féodaux pour unifier le pays.