Le Têt Ât Mùi loin de chez soi...

Loin de chez soi… Cela dépend du lieu où l’on se trouve et vers quelle ville du Vietnam le cœur battant nous nous penchons vers des souvenirs d’antan.

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Évidemment, c’est un événement traditionnel à ne pas manquer si l’on veut conserver encore des liens si lointains mais si proches avec la famille, les amis, les voisins et même les pêcheurs que nous croisions sur la plage de Nha Trang (Centre). Je me souviens qu’il faut traverser la grande rue Pasteur (actuellement rue Trân Phu), parallèle à la plage, pour aller à l’école française. Même la veille du Têt, nous allions encore à l’école car l’école de la République nous a permis d’être intégrés mais pas assimilés ! Et nous allons à l’école en pensant que la journée doit se terminer tôt pour rentrer vite aider notre mère faire les préparatifs de la fête et ranger la maison.

À l’âge de l’enfance, ce qui nous a ému risque aujourd’hui de nous conduire vers un domaine imaginaire. Imaginer ce que le Têt signifie dans la mémoire des enfants de la guerre ! La guerre a été omniprésente et nous essayons de ne plus faire attention aux bruits des armes. C’était, à mon époque, l’occupation japonaise jusqu’en 1946 avec la défaite du plan japonais «l’Asie pour les Asiatiques». Les différents mouvements de libération vietnamiens gagnent alors du terrain en profondeur et en puissance .

Et puis, pour certains d’entre nous, le Têt Ât Mùi de 1955 est le dernier Têt vécu dans l’angoisse à Saigon, car un certain nombre de nos camarades vont quitter le lycée Marie Curie pour être rapatriés en France. La France doit évacuer et quitter le pays après la victoire vietnamienne à Diên Biên Phu en mai 1954. Et pourtant, à Saigon, je me souviens que nous sommes allées avec ma cousine Liên acheter des fleurs au marché Bên Thành puis nous promener dans l’avenue Nguyên Huê.

Les fleurs étaient très belles cette année-là, et nous avons même eu l’embarras du choix car les roses, les orchidées, les lys blancs posés à même le sol jonchaient pèle mêle avec les iris mauves et les renoncules (des Alpes, cultivés à Dà Lat). Des fruits, aussi, en provenance de Bên Tre, surtout les noix de coco dont le jus sucré nous a permis d’étancher notre soif lorsque nous arpentions les rues à la recherche d’un peu d’ombre. Je me souviens encore de nos rires, car Liên essayait souvent de faire croire aux marchandes que leurs fruits nous apporteraient beaucoup de chance pour trouver un mari. Alors ces bonnes vendeuses généreuses ajoutaient quelques prunes juteuses à nos achats.

Fleurs, gâteaux et surtout, les vêtements neufs offerts par nos grands parents à cette occasion, ont été les derniers souffles d’une adolescence perturbée par la guerre mais heureuse. Il faut dire que la population était dans une sorte d’euphorie des lendemains de libération nationale. Enfin, nous sommes libérés des bruits de la guerre. Hélas ! Cela n’a pas duré longtemps, car une autre guerre va nous lancer à nouveau sur les routes de l’exode... La guerre avec les États-Unis d’Amérique. C’est la puissante armada de l’Oncle Sam avec ses destructions infinies. Et l’impact de l’agent orange/dioxine des décennies après, sur la santé humaine comme l’environnement au Centre et au Sud du pays, un produit chimique toxique épandu par l’aviation américaine de 1961 à 1971.

Le Têt à Saigon autrefois

Nouvel An lunaire des Viêt kiêu

Le Têt Ât Mùi de 2015 loin de chez soi, en France, 60 ans après, a un certain goût des lendemains qui déchantent ! En effet, nous venons de vivre à Paris les heures douloureuses des événements de janvier 2015 avec la tuerie de Charlie Hebdo . Un mois après, les cœurs sont encore meurtris !

Cependant, nous allons de l’avant pour souligner diverses manifestations de la communauté des Viêt kiêu, en particulier à Paris, Lyon, Montpellier et Grenoble, ainsi que des associations d’amitié avec le Vietnam.

En effet, les Vietnamiens célèbrent le Têt entre le 1er et le 7e jour de l’année lunaire, soit entre la dernière semaine de janvier et la troisième de février. Le Têt marque l’arrivée du printemps, son nom vietnamien signifiant «fête de la première aurore». Les Vietnamiens prennent leurs vacances à ce moment-là. Ils ont trois jours fériés. Au Vietnam, les bureaux ferment leurs portes, les hôtels affichent complet, les avions sont pleins à craquer, les transports publics fonctionnent au ralenti.

Pourquoi le Têt est-il si important ? Parce que c’est le seul jour de l’année, selon la tradition, où les âmes des morts reviennent sur terre. Il ne faut donc pas rater le rendez-vous avec elles. Les vivants doivent impérativement être présents pour les recevoir devant l’autel des ancêtres. Pendant les journées qui précèdent, les marchés débordent de fleurs, les branches de pruniers aux fleurs jaunes étant les plus recherchées pour décorer les maisons. Les familles se réunissent. Dans les pagodes, du santal est brûlé dans des encensoirs.

La tradition veut que les familles présentent au génie gardien du foyer des plateaux de friandises et des objets en papier. Cette cérémonie est censée marquer le voyage vers le Ciel de l’esprit de la terre qui s’en va faire un rapport annuel sur les vivants auprès du Tout-Puissant Empereur de Jade. Avant le jour même du Têt, nous confectionnons le bánh chung, un gâteau de riz gluant cuit avec de la viande de porc et des germes de soja. Le 1er jour de la nouvelle année est essentiel pour les Vietnamiens. Tout ce qui se dit et se fait ce jour-là a une emprise sur le reste de l’année. La première personne à franchir le seuil de la maison doit être une personne vertueuse et fortunée pour apporter prospérité et le bonheur à la famille pendant les 364 jours qui suivent. Il est recommandé de ne pas se quereller ce jour-là, ni de jurer ou de casser de la vaisselle.

Fabrication du banh chung, gâteau traditionnel du Vietnam.

À Paris, l’ambassade du Vietnam et la Mairie de Paris ont convié la communauté des Viêt kiêu de Paris le 19 février dans les salons de la mairie, tandis que l’UGVF a lancé ses invitations à participer au «Têt au village», le 28 février, avec un programme exceptionnel .

En province, à Montpellier le 21 février, avec l’AEVM (Association des étudiants vietnamiens de Montpellier), l’association Les Amis sur les traces de Yersin va recevoir François Fiat qui présentera le bateau Yersin et offrira pour premier prix de la tombola une invitation pour deux personnes à participer à l’inauguration du navire en mai à Concarneau, en Bretagne, où ce magnifique navire est construit par les chantiers Piriou.

La soirée artistique du 13 février, organisée par l’Association des étudiants vietnamiens de Grenoble (AEVG), célèbrera le Têt à Grenoble de l’UGVI en Isère. Rappelons que les Vietnamiens de l’Isère ont proposé une installation sonore et photographique autour des parcours (20 janvier au 6 février) et une table ronde sur "L’immigration vietnamienne en Isère du début de l’entre-deux guerres à nos jours» (27 janvier). Ces manifestations ont eu beaucoup de succès.

À Lyon, en particulier le 8 mars 2015, l’UGVR va accueillir dans son spectacle des artistes du Vietnam . Le comité Choisy 94 de l’AAFV, dans sa lettre n°25 consacrée à la fête du Têt et au concours "Visions du Vietnam", va organiser le 7 mars au Royal de Choisy-le-Roi des festivités pour célébrer cette année de la chèvre.

Dans presque toutes les grandes villes de France, la communauté vietnamienne organise des rencontres artistiques et culturelles afin de ne pas oublier les us et coutumes du têt traditionnel. Et pour les natifs de la chèvre, il a été écrit que ce sont de grands rêveurs. Tous artistes au plus profond de leur être, ils ont envie de refaire le monde. Ce côté rêveur peut gêner l’entourage, pourtant la chèvre ne fait jamais de mal à personne, ce sont souvent des personnes tendres et sincères. Son signe est pur Yin. La chèvre a besoin de vivre avec des amis et la famille. C’est un signe qui ne supporte pas la solitude et dépend des autres. Sans les contacts humains, la chèvre peut facilement se laisser aller et a besoin de se sentir aimée. À l’abri dans son cocon familial, le natif de la chèvre sera très heureux.

Nous formulons des vœux de bonheur, de prospérité et de longévité à toutes et tous ici et là-bas.

Nhu Mai/CVN

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