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Les deux géants de l'automobile ont annulé lundi soir 14 janvier à la surprise générale une conférence de presse commune prévue dans la capitale automobile américaine, au cours de laquelle ils devaient sceller en fanfare leur partenariat, sur fond de transformation du secteur. "Nous n'avons pas encore suffisamment de détails pour aller devant la presse et avons en conséquence décidé d'annuler la conférence", a déclaré Mark Truby, un porte-parole de Ford.
Les deux constructeurs automobiles vont en lieu et place tenir une conférence téléphonique au cours de laquelle ils devraient annoncer une alliance dans les véhicules commerciaux (utilitaires, fourgons et fourgonnettes...), a dit une source proche du dossier sous couvert d'anonymat. M. Truby n'a pas souhaité donner davantage de détails sur les points auxquels achoppent les discussions officialisées en juin dernier par les deux groupes automobiles.
Utilitaire commun?
Mais d'après la source, Volkswagen et Ford ne sont pas encore parvenus à finaliser leur volonté d'unir leurs forces dans la recherche et le développement des technologies autonomes et électriques, au coût faramineux. Sur ce créneau, ils font tous deux face à la concurrence des géants de la Silicon Valley (Uber, Tesla, Waymo...) aux poches pleines. "Les discussions se déroulent très bien", a tenté de rassurer lundi Bill Ford, le président de la marque à l'ovale bleu, en marge de la présentation d'une voiture sportive à Detroit. "Nous en dirons davantage en fin de semaine", a-t-il ajouté.
Pour le dirigeant, une alliance est plus que nécessaire: "Si vous regardez l'ensemble de l'industrie, nous faisons deux choses en même temps. Nous investissons dans un cycle automobile très classique. Nous investissons aussi dans un cycle non traditionnel et franchement l'avenir de cette activité est plein d'inconnues". "Et ça va être très coûteux, pas seulement en termes d'argent mais aussi de talent et de temps. Donc, oui, ça fait sens pour nous de chercher des partenaires pour faire les deux", a développé M. Ford. Cette analyse est partagée par un grand nombre d'experts et d'observateurs.
"L'avenir est très coûteux et il est difficile de dire aujourd'hui s'il sera rentable. Les constructeurs s'allient pour faire des économies, partager les coûts de ces technologies futures, dont nous ne savons pas encore si elles vont rapporter de l'argent", confie Michelle Krebs, experte chez AutoTrader. "En s'alliant, les groupes automobiles renforcent également leur présence géographique dans des marchés où ils sont à la traîne", ajoute-t-elle.
Utiliser VW
Le constructeur japonais Honda a investi 2,5 milliards de dollars en octobre dans Cruise, la filiale de technologies autonomes de General Motors (GM), en échange d'une participation de 5,7% du capital, tandis que Toyota et Mazda ont annoncé il y a un an ouvrir en 2021 une usine commune à Huntsville (Alabama, sud des États-Unis). Dans un communiqué de presse, Ford indique que son PDG, Jim Hackett, son responsable des marchés mondiaux, Jim Farley, prendront part à une conférence téléphonique vers 13h30 GMT au côté de Herbert Diess, le patron de Volkswagen, et de Thomas Sedran, le responsable des véhicules commerciaux du géant allemand.
Les deux groupes automobiles pourraient annoncer la production commune d'un véhicule commercial et il n'est pas exclu qu'ils déclarent que Volkswagen produira des véhicules aux États-Unis dans des usines Ford, a dit la même source proche du dossier. Lors des discussions, ils ont évoqué la possibilité que des voitures Audi, marque premium de VW, soient produites dans des usines Ford aux États-Unis. Le géant allemand pourrait de son côté aider Ford en Europe, marché où le groupe américain perd de l'argent depuis près d'une décennie et où il vient d'annoncer des suppressions d'emplois non encore chiffrées et une revue de son portefeuille de marques.
Si Ford "pouvait utiliser Volkswagen, enlever le logo Volkswagen et accoler le sien à un moindre coût pour maintenir sa présence en Europe, ça lui permettrait de ne pas complètement disparaître de ce marché", avance Karl Brauer, expert chez Kelley Blue Book. Malgré le désamour pour le diesel à la suite de politiques environnementales strictes dans de nombreuses villes européennes et à Pekin, Volkswagen est en solide position en Europe et en Chine, tandis que Ford est le deuxième constructeur sur le marché américain en termes de ventes.
D'après une source proche de l'entreprise américaine, un échange de participations est une des options exclues actuellement des discussions, en raison de son côté politiquement sensible. L'automobile et les constructeurs allemands en particulier sont des cibles récurrentes du président américain Donald Trump.
AFP/VNA/CVN