En pleine forme, les prestigieuses Rolls-Royce s'inquiètent du Brexit

La prestigieuse marque britannique de voitures de luxe Rolls-Royce a réalisé des ventes record en 2018 mais se prépare à des perturbations liées au Brexit.

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L'emblème et le logo Rolls-Royce sur le capot d'une Wraith Black Badge dans le showroom du centre de Londres, le 9 janvier.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le constructeur est contraint, comme les autres acteurs du secteur, d'être prêt à toute éventualité sur la sortie de l'UE prévue fin mars, y compris une absence d'accord qui perturberait grandement les échanges avec le continent.

Dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche publié jeudi 10 janvier, le directeur général de Rolls-Royce, Torsten Müller-Ötvös, annonce que son usine de Goodwood dans le Sud de l'Angleterre va fermer deux semaines début avril pour éviter tout problème dans la chaîne d'approvisionnement.

"Nous avons décidé d'avancer notre pause annuelle dans la production et fermer l'usine pour deux semaines à partir du 30 mars", déclare le dirigeant allemand, concédant un impact inévitable sur l'activité. C'est ce qu'avait déjà décidé une autre enseigne britannique, Mini, qui appartient, comme Rolls-Royce, au géant allemand BMW.

De son côté, le constructeur japonais Honda a annoncé jeudi 10 janvier une pause de six jours dans sa production en avril dans l'usine de Swindon (Sud-Ouest de l'Angleterre) "pour limiter le risque de perturbation de nos opérations" en cas d'absence d'accord, selon un porte-parole du géant nippon.

Le patron de Rolls-Royce rappelle quant à lui avoir "plus de 600 fournisseurs à travers le monde". "Si seulement il nous manquait une fraction des quelque 32.000 pièces qui arrivent chaque jour, la production s'arrêterait dans notre usine de Goodwood" employant désormais plus de 2.000 personnes, explique-t-il.

Approvisionnement par les airs ?

Le dirigeant reconnaît travailler sur des solutions alternatives qui pourraient réduire sa dépendance au transport routier, prévoyant par exemple de faire venir des pièces détachées par les airs. Cette solution a d'ailleurs déjà été évoquée par le constructeur britannique de voitures de sport Aston Martin.

Rolls-Royce a par ailleurs constitué davantage de stocks de pièces détachées, agrandit ses espaces de stockage et investit dans les services informatiques.

Le patron a toutefois exclu auprès de la presse britannique tout départ du Royaume-Uni de la marque, véritable institution dans le pays.

Le directeur général de Rolls-Royce, Torsten Müller-Ötvös pose entre un modèle de Rolls-Royce Dawn (gauche) un modèle Wraith Black Badge dans le showroom du centre de Londres le 9 janvier.

"Nous sommes ancrés au Royaume-Uni. Rolls-Royce fait partie de ce que j'appellerais les joyaux de la couronne industrielle britannique", selon M. Müller-Ötvös.

Il n'a pas exclu néanmoins des conséquences sur ses ventes au Royaume-Uni, qui représentent 10% du total, en cas de Brexit "dur" en raison de l'impact sur le comportement des potentiels acheteurs.

Mais pour l'heure, la marque, à l'image du secteur du luxe, défie un marché automobile sous pression, en particulier en Europe avec la désaffection dont souffre le diesel ainsi que les incertitudes du Brexit.

115 ans d'existence

Rolls-Royce a annoncé dans un communiqué jeudi 10 janvier un bond de 22% de ses ventes lors de l'année écoulée, les plus élevées de ses 115 années d'existence.

La marque a vendu exactement 4.107 voitures dans plus de 50 pays lors de l'année écoulée, avec une activité en hausse dans toutes les régions du monde, le continent américain restant son principal marché avec 30% des ventes. En 2017, la société en avait seulement écoulé 3.362 unités.

Le constructeur prisé de la haute société britannique souligne que sa croissance est due en grande partie au succès, en particulier au Royaume-Uni, du Phantom, dont le nouveau modèle a commencé à être livré début 2018. Le modèle Ghost reste de son côté le plus vendu de la marque.

Ses modèles sont parmi les plus chers du monde puisqu'il faut compter 250.000 euros pour un Ghost et autour de 450.000 euros pour un Phantom. Il propose également des voitures sur mesure et un SUV, le Cullinan.

Fondé au début du XXe siècle, Rolls-Royce a été racheté en 1998 par l'allemand BMW. Le constructeur britannique faisait autrefois partie du même groupe que le conglomérat industriel du même nom, spécialiste des moteurs d'avions, mais les deux entités ont été séparées au début des années 1970 et constituent désormais des entreprises complètement indépendantes.


AFP/VNA/CVN

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