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La Ford Mustang Shelby GT500, modèle 2020, présentée le 14 janvier à Detroit (Michigan). |
Dans un show à l'américaine et à l'aide de casques de réalité virtuelle distribués aux journalistes, Ford a révélé la Shelby GT 500, la Mustang la plus puissante jamais produite avec plus de 700 chevaux. C'est un Akio Toyoda, le PDG de Toyota, survolté et dans un numéro de standup rarement vu à Detroit, qui a quelques minutes plus tard redonné vie à la Supra, la sportive légendaire du constructeur japonais dont l'assemblage du dernier modèle remonte à 2002.
Pour cette renaissance, le groupe nippon a fait appel à Fernando Alonso pour attester des performances de ce coupé sport. "C'est comme une voiture de course que vous pouvez conduire chaque jour", a assuré l'ancien pilote de Formule 1. "Ford veut célébrer son héritage et jouer sur son histoire", analyse Karl Brauer, expert chez Kelley Blue Book. "Toyota réveille la nostalgie", renchérit pour sa part Brian Moody, expert chez AutoTrader.
"Tarifs dévastateurs"
Ces deux voitures aux fortes performances représentent à la fois le passé et l'avenir des voitures compactes, dont le "Big Three" de Detroit (GM, Ford et Fiat Chrysler) a décidé d'abandonner progressivement la production aux Etats-Unis en raison d'un effondrement de la demande.
Akio Toyoda, patron de Toyota, dévoile la sportive légendaire Supra le 14 janvier à Detroit). |
La Mustang Shelby GT 500 a été créée par Caroll Shelby, un des pilotes de course les plus en vue de l'après Seconde guerre mondiale. Décédé en 2012, il avait fait de ce coupé sport l'une des voitures sportives les plus connues des années 1960. Lancée en 1978, la Supra, avec son moteur monté à l'avant et sa propulsion arrière, doit sa popularité à ses exploits en sport automobile, ses apparitions dans les jeux vidéo "Gran Turismo" ainsi que son rôle principal dans le premier volet de la saga "Fast and Furious".
Hormis ces voitures surpuissantes, le salon de Detroit, qui se tiendra en juin à partir de 2020, est dominé une fois encore par les SUV (4X4 de ville), les pickups et les crossovers, prisés par les consommateurs américains sur fond de prix bas de l'essence à la pompe et d'une croissance solide. Fiat Chrysler a dévoilé un nouveau pickup RAM et Kia a montré un concept de SUV tandis que Volkswagen a été un des rares à avoir mis en avant une berline, la Passat. En 2018, la part de marchés des compactes a diminué à 31,2% aux États-Unis contre 35,5% un an plus tôt, selon Kelley Blue Book.
Ce désamour a conduit à des milliers de suppressions d'emplois par GM et Ford et à des fermetures d'usines, des cures d'austérité qui pourraient être durcies si la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine perdurait. Washington et Pékin, les deux premiers marchés automobiles au monde, se sont imposés réciproquement de nouvelles taxes douanières. Les États-Unis pourraient décider mi-février d'infliger d'ici la fin de l'année des taxes supplémentaires de 25% sur les importations automobiles japonaises, chinoises et européennes.
"De tels tarifs douaniers seraient dévastateurs pour l'ensemble de l'industrie", a jugé lundi 14 janvier Robert Carter, responsable des ventes de Toyota en Amérique du Nord, prévenant que le prix des voitures, déjà en hausse en 2018, allait encore augmenter, pénalisant les ventes. "Non seulement ça affecterait la marque Toyota mais chaque voiture, chaque modèle en subira l'impact", a-t-il ajouté. GAC Motor, seul groupe chinois présent, a indiqué que le bras de fer entre Pékin et Washington contrariait son ambition affichée d'entrer sur le marché américain.
"Nous avions en projet de lancer notre premier véhicule aux États-Unis fin 2019 mais avons du retarder nos plans, en raison des récents développements sur le libre-échange", a déclaré Yu Jun, numéro 2 du groupe lors d'une conférence de presse suivant la présentation d'un concept de voiture électrique. GAC prévoit désormais de commercialiser son premier véhicule sur le marché américain "au premier semestre 2020", a précisé M. Yu, ajoutant que le groupe, fondé en 2008, disposait déjà de trois centres de recherche et développement (R&D) aux États-Unis, à Los Angeles et à Detroit notamment.
AFP/VNA/CVN