En 2008, dans le cadre du programme "Greater Mékong" du WWF, une étude a été réalisée à Cà Mau (Vietnam) ainsi qu'à Krabi (Thaïlande) pour déterminer les répercussions des changements climatiques sur le développement économique, la vie et les programmes du WWF.
Grâce à une coopération avec l'Institut du planning hydraulique du Sud, cette étude a relevé que les typhons et l'élévation du niveau des océans auront des conséquences négatives sur les secteurs économiques de Cà Mau, tandis que le plan de gestion existant en la matière, que ce soit à court ou long termes, est insuffisant pour pallier à celles-ci.
Cà Mau est ainsi avertie de la nécessité d'élaborer une stratégie de gestion globale de ses ressources aquatiques, d'étudier le problème des changements climatiques pour planifier son développement agricole comme aquicole.
Cette étude recommande également aux responsables des politiques de Cà Mau de privilégier la protection de l'écosystème, le maintien ou la restauration des zones naturelles telles que dunes de sable, zones humides, forêts littorales afin de limiter les ravages des typhons, d'améliorer les ressources en eau et de réguler les cours d'eau. Il est nécessaire en outre de réhabiliter le système d'alerte précoce ainsi que les secours face aux calamités naturelles liées aux changements climatiques.
Efforts pour protéger le delta du Mékong
Le bassin du Mékong abrite au moins 1.300 espèces de poissons, et ce grand fleuve du monde demeure un des lieux les plus riches de biodiversité en termes de densité d'espèces endémiques.
Selon les études du WWF, les changements en amont du Mékong, comme l'entrave du cours de l'eau, participent de la montée du niveau des océans, car les écosystèmes et agrosystèmes du delta du Mékong dépendent des cours d'eau et des alluvions fluviaux. C'est dans cette raison que le WWF appelle à des efforts nationaux dans la protection du Mékong et de son réseau de cours d'eau.
Le WWF envisage la protection de 600.000 km2 de forêts et rivières du bassin du Mékong où demeure une des plus importantes biodiversités du monde, laquelle doit faire face aux dangers du changement du climat. Ce même bassin est aussi le lieu d'existence de 300 millions de personnes du Cambodge, de Chine, du Laos, du Myanmar, de Thaïlande et du Vietnam.
Selon la Météorologie du delta du Mékong, le taux de salinité dans les estuaires a augmenté de 3 à 6 fois par rapport à celui du début du mois. L'eau salée poursuit sa remontée jusqu'à 20 km dans les terres. Certains sites du littoral à Tiên Giang connaissent un taux minimum de 18%, qui va même jusqu'à 26,6% dans le fleuve Hàm Luông au niveau de An Thuân.
Selon le Centre d'éducation et de communication environnementale, dans quelques dizaines d'années, les changements climatiques perturberaient l'environnement naturel et socioéco- nomique du delta du Mékong. Le niveau de l'océan monterait de plus d'un mètre et de fait, inonderait la plupart du delta du Mékong. Déjà, la région connaît chaque année de fortes crues qui diminuent les superficies agricoles. Environ 15.000-20.000 km2 dans la basse région du littoral seraient ainsi submergés. Le niveau du Mékong diminuerait de 2% à 24% en saison sèche et augmenterait de 7% à 15% lors de la saison des crues. La sécheresse serait également un fléau. Les crues seraient plus fortes que jamais dans les provinces d’An Giang, Dông Thap, Long An, Tiên Giang, Kiên Giang, Vinh Long, Cân Tho, Hâu Giang. De plus, cette récession des ressources en eau menacerait gravement la production agricole et la pêche, tandis que la superficie des mangroves et des zones humides serait réduite. La montée du niveau de l'océan détruira les infrastructures et changera l'environnement de l'écosystème maritime, dont les crevet- tes et poissons. L'élevage des produits aquatiques pourrait faire faillite alors que l'érosion sévirait sur les côtes et les rives de rivière. La vie des habitants serait bien entendue fortement perturbée.
Giang Ngân/CVN