Le sambodrome de Rio vibre au rythme d'un carnaval somptueux et engagé

Le défilé des écoles de samba du carnaval de Rio de Janeiro a débuté dimanche soir 11 février avec un déluge de plumes et de paillettes, mais aussi des messages politiques pour dénoncer la corruption, la violence et la pauvreté qui touchent le Brésil.

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La Brésilienne Sabrina Sato (droite) se produit avec l'École de samba Vila Isabel lors du carnaval de Rio, le 11 février.

"Le plus grand spectacle de la terre", comme le présentent avec fierté les organisateurs, a lieu au Sambodrome, enceinte monumentale en forme d'avenue entourée de gradins, où plus de 72.000 spectateurs en prennent plein les yeux avec des chars immenses et richement décorés et vibrent jusqu'à l'aube au son des percussions assourdissantes.

Ce défilé est non seulement un grand show haut en couleurs, mais aussi une âpre compétition: chacune des 13 formations -sept sont en lice dimanche 11 février et six lundi 12 février- est notée sur des critères très précis, comme la qualité de la musique, des chars ou la pertinence du thème choisi.

Le travail d'une année entière est jugé en un peu plus d'une heure de défilé.

"C'est comme si on entrait dans le Maracana (mythique stade de football de Rio) pour jouer une finale, tout le monde nous applaudit, c'est magique", s'émeut Jorge Alves, 55 ans, qui a défilé pour Imperio Serrano en tenue de guerrier mongol avec un trident et un casque pointu à poils roux.

Après ce premier défilé sur le thème de la Chine, la France a été mise à l'honneur par l'école Sao Clemente, qui a évoqué une mission artistique arrivée à Rio en 1816, avec des peintres comme Jean-Baptiste Debret, auteur d'oeuvres emblématiques qui décrivent la nature et la vie quotidienne du Brésil de l'époque.

Certains chars reproduisaient des toiles célèbres, qui semblaient prendre vie avec les danseurs se trémoussant en premier plan.

Dans un tout autre registre, l'école Vila Isabel a misé sur des décors futuristes, avec des chars truffés d'ampoules led et des effets visuels époustouflants qui sont la marque de son directeur artistique, Paulo Barros.

Le vampire Temer

Des danseurs de samba au carnaval de Sao Paulo, au Brésil, le 11 février.
Des danseurs de samba au carnaval de Sao Paulo, au Brésil, le 11 février.

Même si le carnaval est vu comme une parenthèse pour oublier les problèmes du quotidien, les écoles de samba profitent aussi pour livrer des messages politiques.

Une des principales cibles: le maire Marcelo Crivella, qui a suscité de vivres critiques en divisant par deux les subvention octroyées aux écoles.

Le maire de Rio, Marcelo Crivella, lors de la cérémonie d'ouverture du carnaval, le 9 février.

Ancien pasteur évangélique, l'édile est accusé de vouloir gâcher la fête de tous les excès à cause de ses convictions religieuses.

Mangueira, l'avant-dernière école à défiler dans la nuit de dimanche à lundi, lui a tout de même réservé des piques bien ajustées, avec une chanson qui comprend des vers comme "le péché, c'est de ne pas s'amuser au carnaval".

Le maire de Rio n'est pas le seul à en prendre pour son grade. L'école Paraiso do Tuiti, s'attaque directement au sommet de l'État.

"Je suis un vampire censé représenter le président de la République", explique Léo Morais, professeur d'histoire de 39 ans, le visage grimé en blanc, qui portera de grandes ailes noires sur le dos pour incarner la version d'outre-tombe de Michel Temer, qui fait face à de graves accusations de corruption.

"Les écoles de samba ont un rôle social. Elles expriment ce que les gens normaux ressentent", conclut-il.

Sécurité renforcée

Des fêtards de l'école de samba Gavioes da Fiel au carnaval de Sao Paulo, le 11 février.

L'an dernier, le carnaval de Rio a sacré deux écoles, qui ont terminé championnes ex-aequo et tenteront de défendre leur titre. Mocidade va défiler en dernier dimanche et Portela sera la deuxième à se présenter lundi 12 février.

Exceptionnellement, le "groupe spécial" compte 13 écoles cette année, contre 12 habituellement, aucune d'entre elle n'ayant été reléguée à la division inférieure en raison de deux graves accidents avec les chars qui ont gâché l'édition 2017, causant la mort d'une journaliste et faisant de nombreux blessés.

Les normes de sécurité ont été renforcée pour cette édition et les conducteurs de chars ont subi pour la première fois des éthylotests avant les défilés.

"Cette année, les contrôles sont plus rigoureux, tout est passé au crible pour être sûr qu'il n'y aura pas de problème. Les éthylotests, c'est une bonne idée, comme ça, on est sûr que le conducteur ne va pas boire", a expliqué Felipe Gomes, responsable d'un char de l'école Vila Isabel qui représente une sorte de grand manège futuriste.


AFP/VNA/CVN

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