Brésil
Le carnaval de Rio, c'est parti !

Le coup d'envoi du carnaval de Rio a été donné vendredi 9 février sous le signe de la contestation, le maire évangélique Marcelo Crivella ayant dû se défendre de critiques selon lesquelles ses convictions religieuses pourraient gâcher la plus grande fête du monde.

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Le roi Momo Milton Junior King Momo tient la clé de Rio lors de la cérémonie d'ouverture du carnaval de Rio, le 9 février.

"Je déclare officiellement le carnaval ouvert", s'est écrié le Roi Momo, figure symbolique appelée à régner sur la "Ville Merveilleuse" jusqu'au mercredi 14 février des cendres, après avoir reçu les clés de la ville à la résidence officielle du maire.

"Ce n'est pas vrai ce que les gens disent, que (j'ai) une sorte de préjugé contre le carnaval", a affirmé M. Crivella, lors d'un discours peu avant la remise des clés à ce monarque jovial qui incarne l'exubérance charnelle du carnaval.

"Je ne veux pas gâcher la fête", a-t-il insisté, soulignant même que les festivités pouvaient "redonner de l'optimisme" à une ville secouée par la violence et une grave crise financière.

Même s'il était bien présent lors de la cérémonie, le maire s'est toutefois gardé de remettre les clés personnellement au Roi Momo, flanqué de ses "princesses", deux sublimes danseuses vêtues de longues robes recouvertes de paillettes.

Légèrement en retrait sur le perron, l'ancien pasteur de l'Église universelle du règne de Dieu a gardé les mains derrière le dos et n'a pas touché les clés, laissant le président de l'office de tourisme de Rio s'acquitter de la tâche.

L'an dernier, l'édile avait commis une sorte de crime de lèse-majesté en boudant cette cérémonie, quelques semaines à peine après sa prise de fonctions. Cette fois, le lieu de la cérémonie a été maintenu secret jusqu'au dernier moment pour tenter d'éviter la présence de journalistes. Elle aurait même dû se dérouler à huis clos, mais a fini par être ouverte à la presse.

"La fête du diable"

Même si le maire tente de donner des signe d'ouverture, les critiques ne cessent de fuser, aussi bien à travers les déguisements des fêtards du carnaval de rue que sur les chars monumentaux des écoles de samba, qui ont dû préparer leurs défilés avec moitié moins de subventions municipales cette année.

Une marionnette du maire évangélique de Rio de Janeiro, Marcelo Crivella, le 8 février à Rio, cible des critiques lors de l'ouverture vendredi 9 février du Carnaval

Des coupes budgétaires justifiées par l'état désastreux des comptes publics de Rio. Mais pour de nombreux cariocas, nom donné à ses habitants, la crise a bon dos alors que l'afflux massif de touristes devrait injecter environ près d'un milliard d'euros dans l'économie.

Jeudi soir 8 février, un géant en polystyrène représentant Crivella avec des cornes de diable défilait lors d'un cortège animé par les patients d'un hôpital psychiatrique qui a attiré plus de 1.500 personnes dans un quartier populaire du nord de la ville.

La colère de la rue trouvera un écho au sambodrome, notamment auprès de Mangueira, une des écoles de samba les plus traditionnelles, qui défilera sur le thème : "Avec ou sans argent, je profite du carnaval".

"Pour la doctrine évangélique, le carnaval, c'est la fête du diable. Un croyant peut penser ça, mais pas le maire de Rio", a affirmé Leandro Vieira, directeur artistique de Mangueira.

Un rat et un vampire

Hormis la frilosité du maire envers les festivités, les Brésiliens ne manquent pas de sujets de moquerie pour ce carnaval au ton revendicatif.

Présentation du carnaval de Rio de Janeiro

L'école de samba "Beija Flor" a par exemple choisi le thème de Frankenstein pour faire passer l'idée que le Brésil est victime des attaques "monstre" de la corruption et de l'intolérance. Un énorme char à l'effigie d'un rat doit représenter les hommes politiques véreux.

Un autre char effrayant, à l'effigie d'un vampire, doit clore le défilé de Paraiso do Tuiti, une allusion au président conservateur Michel Temer, lui aussi accusé de corruption et dont la cote de popularité est au ras des pâquerettes.

La sécurité du carnaval doit être assurée par plus de 17.000 policiers et les organisateurs ont relevé les normes de sécurité pour éviter que la fête ne soit gâchée comme l'an dernier par des accidents.

Un conducteur avait perdu le contrôle de son char, qui avait percuté une tribune, tuant une journaliste. Le toit d'un autre char avait cédé sous le poids des danseurs, faisant de nombreux blessés.

Le maire Crivella s'est rendu vendredi matin au Sambodrome pour vérifier la solidité des infrastructures. La municipalité a également annoncé que les conducteurs devraient subir pour la première fois des éthylotests avant les défilés.

AFP/VNA/CVN

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