Le «retour aux sources» de Viêt kiêu patriotes

«Je veux faire quelque chose de bien pour le Vietnam». Une déclaration simple et habituelle chez nombre de Viêt kiêu désireux d’apporter une part à l’édification de leur pays d’origine. Quelques exemples.

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Via son émission radio «La voix du pays natal», Phùng Tuê Châu souhaite éveiller les Viêt kiêu au patriotisme authentique et les rapprocher de leur terre ancestrale.
Photo : CTV/CVN

La guerre anti-américaine au Vietnam a pris fin le 30 avril 1975. Dans la joie débordante d’un pays qui recouvre sa liberté, un certain nombre de personnes ont décidé de le quitter, pour des raisons qui sont les leurs. Après de longues années à l’étranger, nombreux sont les Viêt kiêu (Vietnamiens de la diaspora) qui sont retournés dans leur pays d’origine, avec souvent le souhait d’y faire quelque chose de concret pour contribuer à son édification.

«La voix du pays natal» aux États-Unis

L’avocate Phùng Tuê Châu, 72 ans, est une figure bien connue de la communauté vietnamienne des États-Unis. Elle est directrice de l’émission radio en vietnamien baptisée «La voix du pays natal», accessible sur Internet.

Avant 1975, Phùng Tuê Châu vivait à Saigon (Hô Chi Minh-Ville actuellement), où elle exerçait la profession d’avocate. «La libération du Sud le 30 avril 1975 a bouleversé ma vie», confie-t-elle. Comme bien d’autres employés vietnamiens qui avaient collaboré avec l’ancien régime saïgonnais, Tuê Châu a connu une vie d’après-guerre difficile. Elle a dû oublier sa profession première et tenter de gagner sa vie en vendant des vêtements au marché. En 1989, à l’âge de 46 ans, elle est partie s’installer en Californie, aux États-Unis.

L’avocate Phùng Tuê Châu.

Sur le sol américain, l’avocate Tuê Châu est devenue présidente du Comité des élections de la Communauté vietnamienne de Californie du Sud. «Une organisation connue pour ses prises de position hostiles au régime communiste vietnamien», avoue-t-elle. Toutefois, son point de vue politique a commencé à changer en 1995, année où le président Bill Clinton a décidé de rétablir les relations diplomatiques américano-vietnamiennes. En désaccord total avec les actions des groupes anti-communistes qui faisaient pression sur le Congrès US afin que cette décision de Bill Clinton soit rejetée, Tuê Châu a décidé de s’éloigner de ces extrémistes.

Elle a rejoint une association Viêt Kiêu de soutien au Vietnam et participé activement aux activités humanitaires, par exemple l’organisation de collectes de fonds pour l’achat de fauteuils roulants en faveur des blessés de guerre vietnamiens. Elle s’est mise à lire des journaux officiels comme Nhân Dân (Peuple), Quân dôi nhân dân (Armées du peuple), Tuôi tre (Jeunesse), Saigon Giai phong (Saigon libéré)... «J’ai enfin reconnu l’engagement et les bienfaits de l’État vietnamien envers les habitants. Je me suis rendue compte que si nous aimions la Patrie, si nous voulions contribuer à son édification, nous devions être positifs, faire des actions concrètes», confie-t-elle.

C’est avec cette idée qu’en 2005, avec des amis, elle a créé «La voix du pays natal» afin d’informer ses compatriotes de la situation réelle du pays dans la période de Renouveau et de mondialisation.

«La sympathie et la générosité des Vietnamiens ont justifié la valeur de ces mots sacrés que je vénère : pays natal et compatriotes. En particulier, ma visite dans l’archipel de Truong Sa (Spratly) en avril 2014 m’a mieux fait comprendre le patriotisme et la volonté de tout Vietnamien de défendre son pays», confie-t-elle. Et d’insister : «Via +La voix du pays natal+, je souhaite éveiller les +Viêt kiêu+ au patriotisme authentique et les rapprocher de la terre de leurs ancêtres».

Des légumes pour les soldats de Truong Sa

Nguyên Quôc Binh, Viêt kiêu du Canada, est en train de mettre au point un projet baptisé «La boîte de phong ba». «+Phong ba+ en vietnamien veut dire la tempête. Mais là, il indique des plantes résistantes à la tempête, un nom donné par les soldats en garnison à Truong Sa», explique ce directeur adjoint du Centre de biotechnologies des Viêt kiêu du Canada installé à Hô Chi Minh-Ville (CTB–HCMV).

Après de longues années à l’étranger, nombreux sont les +Viêt kiêu+ qui sont retournés dans leur pays d’origine, avec souvent le souhait d’y faire quelque chose de concret pour contribuer à son édification.

En avril 2014, avec un groupe de Viêt kiêu, Quôc Binh s’est rendu à Truong Sa. Un périple en Mer Orientale mémorable, de presque deux semaines. Ils ont débarqué sur plusieurs îles et plates-formes, vu de leurs propres yeux la vie difficile des jeunes défenseurs de cet avant-poste du pays. «Je me suis rendu compte de leur sacrifice, de leurs conditions de vie très difficiles, notamment les repas sans légumes», confie Quôc Binh.

C’est alors que le biologiste a eu l’idée d’un «jardin de légumes en boîte», ou «boîte de phong ba». «L’idée est simple : faire pousser des légumes malgré le vent, la tempête et les embruns», explique-t-il. Son idée a été soutenue par le groupe de Viêt kiêu, qui ont promis de sensibiliser la communauté vietnamienne à l’étranger pour qu’elle apporte sa contribution. Le projet est en cours d’élaboration. «Je l’achèverai prochainement, et le soumettrai à un conseil d’examinateurs», assure l’auteur, ajoutant que cet ouvrage sera un don du CTB–HCMV à Truong Sa.

Parti pour la France en 1986, Quôc Binh est allé ensuite s’installer au Canada. En 2004, il était parmi les intellectuels Viêt Kiêu de retour au Vietnam à l’appel du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville. Dans la mégapole du Sud, il a contribué à la création d’un Centre de biotechnologies d’envergure régionale. Parti de zéro, cet établissement dispose aujourd’hui d’un contingent de professionnels de haut niveau et a réalisé nombre de travaux scientifiques importants, dont la création d’un vaccin de nouvelle génération pour les poissons tra et basa, la mise au point de bio pesticides, la multiplication d’orchidées, etc.

Union et concorde nationales font la force

Nguyên Van Dông, Viêt kiêu des États-Unis, est rentré une trentaine de fois au Vietnam. Pas pour faire du tourisme ou du business mais pour mener des activités philanthropiques, notamment des cours d’acupuncture gratuits en faveur de jeunes médecins, et la construction dans le delta du Mékong des ponts en ciment en remplacement des fameux «ponts de singe» en bambou. Grâce à lui, 12 ponts en dur ont fait leur apparition dans les provinces de Bên Tre et Cà Mau.

Né dans le Sud, Dông a fait ses études universitaires en Allemagne, puis est rentré au pays en 1974, un an avant la fin de la guerre, pour exercer sa profession de médecin traditionnel à Saigon. En 1989, il est parti s’établir avec sa famille aux États-Unis. Dông faisait lui aussi partie du groupe de Viêt Kiêu en visite à Truong Sa en avril 2014. «J’ai voulu savoir si la rumeur selon laquelle le Vietnam avait abandonné l’archipel de Truong Sa à la Chine était vraie ou fausse. Et j’ai été très satisfait de voir de mes propres yeux la volonté des soldats vietnamiens de défendre fermement la souveraineté nationale», raconte-t-il. Et d’avouer qu’après cette tournée en Mer Orientale, il a vu naître dans son cœur un «amour sans borne pour la Patrie».

«La longue guerre a lésé notre nation, et les habitants ont souffert terriblement. Maintenant que la guerre est finie depuis longtemps, pourquoi devrait-on garder rancune ? L’indépendance nationale est l’aspiration légitime du peuple. Seules l’union et la concorde nationales pourront faire progresser le pays», estime Dông.

Nghia Dàn/CVN

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