>>Les découvertes du prix Nobel de médecine 2018 appliquées au Vietnam
>>Le Nobel de médecine à un duo nippo-américain pour ses recherches sur le cancer
Le Professeur Ta Thành Van (gauche) et le Professeur japonais Tasuku Honjo. |
Récemment, le Prix Nobel de médecine a été attribué à un duo d’immunologistes, formé par l’Américain Jame P. Allison et le Japonais Tasuku Honjo, pour leurs travaux sur la capacité du corps à se défendre contre les cancers virulents comme le cancer du poumon et le mélanome. À partir de ces résultats d’études, le secteur mondial de la pharmacie produit des médicaments au service du traitement de ces cancers.
Le Professeur-Docteur Ta Thành Van, directeur du Centre d’études de gène-protéine, recteur adjoint de l’Université de médecine de Hanoï, applique donc, grâce à sa familiarité avec les travaux de son mentor japonais, de nouvelles méthodes curatives utilisant les réactions immunitaires du corps humain.
Grandes pressions au laboratoire
"J’ai eu l’occasion de travailler dans le laboratoire du Professeur Tasuku Honjo pendant près de trois ans, c’est à dire d’avril 2001 à octobre 2003. À ce moment, il y avait environ 30 doctorants et post-doctorants qui travaillaient ensemble dans un environnement sous pression", partage-t-il.
En fait, chaque semaine, tous les membres du laboratoire devaient produire un rapport d’expérience et, en cas de recherches infructueuses, la tâche pouvait s’avérer compliquée.
C’est au cours de cette période que Ta Thành Van a étudié l’activité des gènes répondant au nom de AID (Activation-Induced Cytidine Deaminase en anglais ou la cytidine désaminase induite par activation, DIA en français). Ces travaux revêtent une signification particulière car permettant de traiter les cancers et les maladies auto-immunes et immunodéficitaires.
"Mes recherches ont été publiées en 2003 dans la revue internationale Nature Imunology et reconnues par mes pairs", a fait savoir M. Van. Malgré les années, le Docteur Van est resté en contact avec son tuteur. "Chaque fois que je suis au Japon, je rends visite à M. Honjo. Nous échangeons au moins une fois par an à propos de nos résultats scientifiques".
Le Professeur-Docteur Ta Thành Van. |
Le fait que son Professeur soit titulaire du prix Nobel ne surprend ni le scientifique vietnamien, ni l’ensemble de ses anciens élèves. "Chaque année, nous attendons que le nom de notre professeur soit mis à l’honneur. Mais nous avons dû attendre jusqu’à cette année", a affirmé M. Van.
Nouvel espoir pour les patients cancéreux
En 2013, le groupe de chercheurs conduit par M. Van a commencé à étudier la méthode d’extraction des cellules immunitaires des malades cancéreux pour les multiplier puis les réintroduire dans leur corps afin de neutraliser les cellules cancéreuses. Il aura fallu attendre 2017 pour que ce protocole obtienne le feu vert des autorités pour les essais sur cobaye humain, en l’occurrence 20 patients vietnamiens à l’hôpital universitaire de médecine et à l’hôpital national K de Hanoï.
Cette thérapie peut être appliquée au cancer du sein, au cancer du col de l’utérus ou colorectal. Selon le Docteur Van, des études et tests sont prévus sur trois ans. Leurs résultats seront soumis au ministère de la Santé pour vérifier si cette méthode peut être largement appliquée dans les hôpitaux du pays.
L’utilisation de l’immunothérapie, qui va de pair avec les traitements traditionnels comme l’opération, la radiothérapie ou la chimiothérapie, produirait un résultat efficace dans la destruction des cellules malades. "Il ne faut jamais oublier que notre but est d’améliorer l’état de santé général des patients et de prolonger la durée de leur vie", a souligné le Docteur Thành Van.
Texte et photos: Hà Ngô - Thanh Hang/CVN