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Le tribunal de Schiphol, dans la banlieue d'Amsterdam, le 12 février aux Pays-Bas |
Le Boeing 777 de la compagnie Malaysian Airlines, parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur le 17 juillet 2014, avait été touché en plein vol par un missile BUK de conception soviétique au-dessus de la zone de conflit armé avec les séparatistes dans l'Est de l'Ukraine. Les 298 personnes à bord, parmi lesquelles 196 Néerlandais, avaient été tuées.
Les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko, quatre hauts gradés des séparatistes de l'Est de l'Ukraine, sont poursuivis pour meurtre et pour avoir délibérément causé le crash de l'avion.
Premiers suspects à être inculpés dans cette affaire, ils sont accusés par le parquet néerlandais d'avoir convoyé le système de missiles anti-aériens BUK, avant que celui-ci ne soit tiré par d'autres personnes encore non identifiées.
La Russie et l'Ukraine n'extradant pas leurs ressortissants poursuivis à l'étranger, les quatre hommes ne sont pas attendus aux audiences qui débuteront lundi 9 mars à 10h00 (09h00 GMT) au tribunal de Schiphol, dans la banlieue d'Amsterdam, à quelques encablures de l'aéroport d'où le Boeing avait décollé. Ils sont donc jugés par contumace.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré vendredi 6 mars que le travail du tribunal s'effectue "en toute indépendance". Ce procès, qui devrait durer plus d'un an, "est une étape très importante pour parvenir à la vérité mais aussi à la justice pour les victimes et leurs proches", a affirmé M. Rutte.
"Parti pris"
L'équipe internationale d'enquêteurs, dirigée par les Pays-Bas, a établi en mai 2018 que l'avion avait été abattu par un missile provenant de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk (Sud-Ouest).
Une conférence de presse de l'équipe internationale d'enquêteurs sur les causes du crash du vol MH17, le 19 juin 2019 à Nieuwegein, aux Pays-Bas. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À la suite de ces révélations, les Pays-Bas et l'Australie, dont 38 ressortissants ont péri dans le drame, ont ouvertement imputé à la Russie la mort de leurs ressortissants. Moscou a toujours nié avec véhémence toute implication dans le crash, et rejeté la faute sur Kiev.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a accusé vendredi 6 mars les Pays-Bas de tenter "de faire pression sur le tribunal" néerlandais, évoquant une "campagne médiatique caractérisée par un parti pris accusateur envers la Russie". "Dans les derniers jours avant les audiences, tout a été fait pour combler les lacunes dans les preuves présentées et camoufler la falsification des faits dans cette version décidée à l'avance", a-t-elle fustigé. Les quatre accusés encourent la perpétuité.
Le plus connu d'entre eux, Igor Guirkine, surnommé "Strelkov" ("Tireur"), était l'un des principaux commandants des séparatistes du début du conflit contre l'armée ukrainienne il y a cinq ans, et probablement leur représentant le plus médiatique à l'époque. Il dément toute implication des séparatistes ukrainiens dans la tragédie.
Un symbole "important"
Selon les experts, la première semaine d'audiences devrait principalement se concentrer sur des questions administratives plutôt que sur la présentation de témoignages et de preuves.
Des soldats portent le cercueil d'une victime du crash du vol MH17 en Ukraine, en 2014 à Kuala Lumpur. |
Malgré un banc des accusés vides, ce procès représente un symbole fort pour les proches des victimes. "Il est très important que les quatre premiers suspects soient jugés", estime Piet Ploeg, le président d'une association de victimes néerlandaise, qui a perdu son frère, sa belle-sœur et son neveu dans la catastrophe.
"Nous attendons (le début du procès) avec impatience, mais nous sommes également conscients que cela va être très dur à affronter", a-t-il expliqué. Les enquêteurs chargés de faire la lumière sur l'explosion de l'avion du vol MH17 tentent toujours d'identifier les personnes ayant déclenché le lancement du missile, n'excluant pas de nouvelles inculpations dans le futur.
Ils ont notamment dévoilé à la mi-novembre le contenu de conversations téléphoniques révélant des "liens étroits" entre les suspects et de hauts responsables russes, parmi lesquels Vladislav Sourkov, un influent conseiller du président russe Vladimir Poutine, et le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. "Ce procès ne sera pas, je le crains, la fin de tout le processus. L'enquête sur l'implication d'autres personnes se poursuit", a assuré Mark Rutte.
AFP/VNA/CVN