Le prix du lait, nouveau casse-tête des gestionnaires

Au Vietnam, le prix du lait, l'un des plus élevés au monde, est devenu une question d'actualité brûlante. Selon des études menées sur une centaine de produits laitiers de 10 fabricants étrangers implantés dans le pays, la différence de prix comparé à d'autres pays de la région va de 20% à 60%, et atteint même les 150% pour quelques cas.

Et aucun signe de retour à la normale n'est observé. Au contraire, au dire d'économistes, les prix des laits en poudre importés continueraient de grimper jusqu'à la fin de l'année alors que le coût des matières premières, lui, chute. "Ces dernières années, les prix des laits étrangers ont sans cesse augmenté", fait savoir un vendeur d'un magasin dans la rue Nguyên Thông (Hô Chi Minh-Ville). "Depuis 2005, le prix du lait est monté en flèche, une hausse que j'évalue à 20-25% par an", remarque un consommateur.

Un représentant du Département de gestion des prix (ministère des Finances) a informé, lors d'un récent colloque intitulé "Prix du lait et études" à Hanoi, que les fabricants et distributeurs ont augmenté à de nombreuses reprises leurs prix de janvier à juillet 2008. La Société des produits pharmaceutiques 3A, distributeur du lait américain Abbott, par exemple, les a ajusté 3 fois (hausse de 4% à 7% chacune). La Compagnie des produits nutritifs du Vietnam, distributeur des produits Dumex, a procédé à une augmentation de 3% à 21% sur sa gamme de 31 produits laitiers.

Des pratiques déloyales

Le marché domestique repose essentiellement sur des éléments exogènes en termes de quantité, de catégories, de prix et de modèles de commerce. Actuellement, le pays importe 50% des matières premières des produits laitiers et 22% des produits finis. Cela explique le prix anormal du lait. "Les entreprises ont le droit d'annoncer au public la qualité des marchandises fabriquées ou distribuées. Mais, le plus important, c'est d'être sincère", souligne Vuong Tri Dung, chef adjoint du Service de gestion du marché de Hanoi. Les distributeurs et fabricants avouent des frais de publicité exorbitants. "Ils les répercutent ensuite dans le prix de vente. C'est le consommateur qui paye l'addition. C'est une forme de concurrence malsaine", remarque M. Dung.

Pour la compagnie Mead Johnson Vietnam, publicité et promotion représentaient au 4e trimestre 2008 plus de 56% des dépenses, au premier trimestre 2009 près de 33%.

Le ministère de l'Industrie et du Commerce vient de soumettre au gouvernement un rapport sur la gestion des tarifs des laits importés. Une mission interministérielle sera établie pour certifier la qualité du lait, faire revenir à la normale son prix, stabiliser ce marché. Le ministère est aussi en train d'étudier la possibilité de sanctions en cas de pratiques déloyales et portant atteint aux intérêts des consommateurs, ainsi que de prendre de mesures de suppression du monopole dans l'importation et la distribution.

Quê Anh/CVN

(20/08/2009)

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