>>La paix dans l'Est, principale priorité pour Kiev en 2016
Image du Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk capturée sur une un écran de télé lorsqu'il a annoncé sa démission, le 10 avril. |
Arseni Iatseniouk a fait cette annonce à l'occasion d'une émission de télévision hebdomadaire, assurant avoir fait tout son possible pour "assurer la stabilité du pays et construire une transition aussi calme que possible".
"J'ai décidé de quitter mes fonctions de Premier ministre de l'Ukraine", a-t-il poursuivi, alors qu'il avait échappé il y a moins de deux mois à une motion de censure du parlement malgré l'appel du chef de l’État, Petro Porochenko, à sa démission.
"La crise politique en Ukraine est alimentée artificiellement. La volonté de remplacer un homme (Iatseniouk, ndlr) a aveuglé les hommes politiques du pays et paralysé leur volonté de changements réels dans le pays", a-t-il dit à l'adresse des politiciens ukrainiens.
Selon lui, sa démission doit être entérinée le 12 avril par le parlement et le président Petro Porochenko a déjà désigné le président du parlement ukrainien, Volodymyr Groïssman, pour lui succéder.
"À partir d'aujourd'hui, je vois ma mission comme étant plus large que mes pouvoirs en tant que chef du gouvernement", a poursuivi Arseni Iatseniouk, 41 ans.
Tout en se prononçant pour "une nouvelle législation électorale, des réformes constitutionnelles, une réforme de la justice, une coalition contrôlant le nouveau gouvernement, le soutien international à l'Ukraine et son intégration dans l'Union européenne et dans l'OTAN", il n'a rien dit du rôle qu'il entendait désormais jouer dans la politique ukrainienne.
Ascension et chute éclair
Il a été nommé chef du gouvernement en février 2014.
Alors que l'Ukraine est confrontée à une crise économique gravissime, sa politique de rigueur budgétaire drastique lui permet d'obtenir une perfusion indispensable du Fonds monétaire international (FMI).
Ses prises de position antirusses et son plaidoyer en faveur de l'adhésion à l'OTAN, idée dont la popularité a bondi depuis 2014 en Ukraine, touchent la fibre patriotique d'une bonne partie de la population, ce qui permet à son parti Front national d'arriver en tête du scrutin proportionnel lors des législatives de fin 2014.
Mais son étoile a pâli et Arseni Iatseniouk essuie depuis de nombreux mois un feu nourri de critiques, en raison de l'insuffisance des réformes promises et de scandales de corruption touchant son entourage.
Crédité de seulement 8% de taux d'approbation dans les sondages, la coalition qu'il forme avec le président Petro Porochenko est fragilisée et il semble même lâché en février 2016 par le chef de l’État, qui appelle à sa démission.
Après l'échec de la motion de censure, la coalition est même sur le point d'éclater après la sortie de deux partis la constituant, représentant à eux deux 45 députés au parlement sur un total de 450.
Les deux partis restants, celui du président et celui de M. Iatseniouk, perdent dès lors la majorité, ne disposant que de 217 voix alors qu'un minimum de 226 est requis au parlement.
Arseni Iatseniouk semble aussi lâché par les Occidentaux et le FMI menace même en février de couper l'aide financière cruciale qu'elle a promise à Kiev face aux "lenteurs" de la lutte anti-corruption dans le pays.