Le président pakistanais en France et Grande-Bretagne

Le président du Pakistan, Asif Ali Zardari, a entamé le 2 août à Paris une tournée délicate en France et en Grande-Bretagne, 2 pays engagés militairement en Afghanistan, sur fond d'accusations britanniques de soutien des services secrets pakistanais au terrorisme.

"La France considère le Pakistan comme un partenaire responsable", a assuré M. Zardari, s'exprimant brièvement devant des journalistes au palais de l'Elysée, à l'issue d'un entretien de trois quarts d'heure avec son homologue français Nicolas Sarkozy.

Selon un responsable à l'Élysée, M. Sarkozy a exprimé le désir de la France de développer un partenariat efficace avec le Pakistan dans la lutte contre le terrorisme, et l'a encouragé à poursuivre les efforts déjà déployés.

Ce responsable a salué la prise de conscience du problème des talibans, notamment pakistanais, pour la sécurité du Pakistan, survenue selon lui au cours des 2 dernières années, alors qu'une vague d'attentats meurtriers ensanglante le pays.

Le sort des 2 journalistes français enlevés dans l'Afghanistan voisin n'a pas été évoqué. La crise humanitaire à la suite des inondations dans le Nord-Ouest du Pakistan et l'aide européenne ont été en revanche discutées.

Les investigations autour de l'attentat de Karachi, qui a tué 11 Français en 2002, sur fond de soupçons de malversations financières en marge de la vente au Pakistan de 3 sous-marins Agosta de la Direction des constructions navales (DCN) française en 1994, n'ont pas été abordées, selon cette source à l'Élysée.

Les 2 présidents ont par ailleurs abordé la coopération en matière énergétique au sens large et surtout la question de la sûreté nucléaire, soulignant l'importance qu'il n'y ait pas d'accident. Il n'a pas été question de contrats, a-t-on ajouté.

Le président pakistanais a précisé que Nicolas Sarkozy se rendrait en visite officielle au Pakistan plus tard dans l'année. Mais la date n'a pas encore été arrêtée.

L'étape de M. Zardari à Londres à partir d'aujourd'hui devrait être bien plus délicate, depuis que le Premier ministre David Cameron a accusé, pendant une visite en Inde, le Pakistan de double jeu et d'avoir promu "l'exportation de la terreur" en Afghanistan mais aussi en Inde. Des propos que M. Cameron a maintenus le 2 août.

Ce différend pakistano-britannique d'ordre bilatéral n'a pas fait l'objet d'un échange entre MM. Zardari et Sarkozy, a-t-on précisé à l'Élysée.

Le porte-parole de M. Zardari a annoncé en soirée que le président pakistanais aborderait cette semaine avec le Premier ministre britannique les propos "déplacés" tenus par ce dernier.

La visite à Paris et à Londres intervient alors que des documents confidentiels de l'armée américaine, diffusés par le site internet d'information Wikileaks, font état de liens entre le Pakistan et les insurgés talibans que combattent les 150.000 hommes des forces internationales.

Après son entretien avec Nicolas Sarkozy, le chef de l'État pakistanais a visité, le 2 août au musée des arts asiatiques Guimet, une exposition sur l'art préislamique du royaume de Gandhara, situé dans ce qui est aujourd'hui le Nord du Pakistan.

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, lui a remis une traduction française d'un livre de son épouse, l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée dans un attentat en décembre 2007, intitulé La fille de l'Orient.

AFP/VNA/CVN

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